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Nudité, politique, religion... Lady Gaga ou l’art de la provocation

Entre une ode à la burqa et une critique de la Russie, la chanteuse américaine multiplie les sorties. Convictions personnelles, démarche artistique ou marketing bien rôdé ?

Article rédigé par franceinfo
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Lady Gaga lors d'un concert à Chiba, au Japon, le 25 juin 2011. (ISSEI KATO / REUTERS)

Opération nudité, promotion de la burqa, critiques de la Russie de Vladimir Poutine... Lady Gaga occupe l’espace médiatique en ce début de mois d’août avec des provocations à répétition. Coups marketing pour préparer la sortie de son album annoncé en novembre ? Démarche artistique ? Convictions personnelles ? Les commentateurs se divisent sur le phénomène Gaga. Pendant qu'ils tentent de trancher la question, la star américaine continue de faire parler d'elle.

La nudité comme déguisement

Depuis le début de sa carrière, en 2008, la chanteuse américaine change de visage, de couleur de cheveux, à chaque apparition. Jouant du maquillage, elle empile les masques. Un jeu de travestissement devenu une marque pour son public, qui guette chaque apparition pour découvrir la nouvelle excentricité de leur idole. Comme en 2010, raconte Le Parisien, lorsqu’elle pose en homme pour un magazine japonais.

Mais le déguisement préféré de Lady Gaga reste la tenue d’Eve. Elle peut se jeter nue dans la foule de ses fans lors d’un concert à Chicago, ou se déshabiller pour des photos d’art dans V Magazine (photo ci-dessus). Lady Gaga vient également de réaliser une performance dans le plus simple appareil pour soutenir le projet de l’artiste serbe Marina Abramović, qui souhaite rassembler de l’argent pour fonder un institut à New York.

Si, comme le relève L’Express, l’atmosphère de la vidéo peut paraître dérangeante, la chanteuse peut se prévaloir d’agir pour l’art. D’ailleurs, c’est l’analyse que produisait Raphaël Enthoven en avril 2012 sur France Culture. Associant Lady Gaga à Andy Warhol, le philosophe estimait que, pour elle, 'la célébrité est en elle-même un art". Il évoquait aussi, à propos de la star, "une image qui ne ment pas", et qui ne nécessite pas de décryptage, dans la droite ligne de notre société moderne. 

Des apparitions sur le terrain politique

"Le gouvernement russe est criminel. L'oppression rencontrera la révolution. LGBT russes, vous n'êtes pas seuls. Nous nous battrons pour votre liberté." Lady Gaga a saisi son clavier pour défendre les lesbiennes, gays, bi et trans sur Twitter après la promulgation de nouvelles lois "anti-propagande homosexuelle" aux JO de 2014 par le gouvernement russe. 

Dans une série de messages sur le réseau, elle demande également des comptes aux autorités russes, comme le raconte Le Figaro. Mais ce n’est pas la première fois que Lady Gaga s’engage sur le terrain politique. Elle avait déjà défendu la cause LGBT auparavant, et s'est impliquée dans la lutte contre le sida.

En 2010, rappelle Paris Match, la chanteuse était montée sur une tribune à Portland, dans le Maine (voir la vidéo en anglais), pour prononcer un discours en faveur de l’abrogation de la loi "Don’t Ask Don’ Tell", qui exigeait la discrétion des militaires gays américains concernant leur orientation sexuelle. 

Un rapport ambigu à la religion

Depuis la fuite, mardi 6 août, d’une version démo de son titre Burqa, de nombreux observateurs reprochent à la chanteuse son soutien supposé au voile intégral. Sur Le Plus du Nouvel Obs, une chroniqueuse people fustige "un éloge absurde et déconnecté de la réalité", et lui reproche de défendre le voile intégral sans réel argumentaire. Pour mémoire, Lady Gaga avait déjà créé la polémique en portant une burqa rose lors de la fashion week londonienne.

Agrégé d'histoire et spécialiste de la chanteuse, Warren Pezé estime, dans La Croix, que son message est plus complexe qu’il n’y paraît. Pour lui, son recours à la symbolique religieuse "ne vise qu’à décrire une situation personnelle affective (...)".

Il rappelle que la chanteuse a déjà fait appel, à de nombreuses reprises, à des références religieuses, comme dans le clip de la chanson Judas, où elle apparaît en Marie-Madeleine. Pour Warren Pezé, le message de Lady Gaga sur la différence apparaît beaucoup plus construit que les provocations d’une Madonna.

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