Nuits sonores de Lyon : avec sa musique contrôlée par la pensée, l'artiste Molécule veut relier "recherche et techno"
Après des mois de travail, le musicien présente devant le public du festival lyonnais, ce dimanche, "Brain Performance Mix", de la musique électronique produite à partir de signaux émis par le cerveau. Nous avons assisté à une répétition à Paris.
"Cerveau connecté", dit une voix robotique féminine. Un grand bloc rectangulaire tout en miroirs se dresse sur la scène du 104 à Paris. "Cerveau connecté", répond le producteur de musique électronique Molécule qui se tient en face, debout, immobile pour cette répétition, mercredi 18 mai. Tout passe par des capteurs, sous sa casquette. "Il n'y a aucun bouton. Il n'y a aucune manière d'interagir avec cet instrument si ce n'est de rentrer en résonance par la pensée, le regard et essayer de le dompter", explique le musicien. Un casque, avec un capteur à l'arrière du crâne, perçoit les signaux émis par le cortex visuel et les transforme en commandes numériques.
Un son modulé selon l'humeur et l'état physique
Après des mois de travail, Romain Delahaye-Sérafini – son vrai nom – présente pour la première fois devant un vrai public, dimanche 29 mai au festival Nuits sonores à Lyon, Brain Performance Mix, de la musique électronique produite à partir d'un casque connecté. Un accessoire conçu à l'origine pour contrôler une télévision ou les volets d'une maison. L'artiste concentre son regard sur des formes, des cibles blanches, sur l'écran : "Il y a d'une part des paramètres de contrôle, de jouabilité où je déclenche des notes, des harmonies. Je joue vraiment sur les paramètres du son. Et il y a un autre aspect de contrôle qui est lié aux huit capteurs qui sont derrière mon cortex visuel, qui envoient constamment des datas à l'instrument, qui module le son en permanence selon mon état d'humeur, selon mon état physique. Et ça crée un son qui est à chaque fois un peu unique".
Cela donne par exemple une sorte de boucle qui s'étire, ou plus tard, une cassure dans le rythme. "J'aime bien les projets où je me mets un peu en danger. Il y a des bugs importants à chaque répétition et pour moi, c'est important d'accepter ce risque, ces bugs et le fait que le concert puisse s'interrompre de manière brutale, insiste Molécule.
"C'est ce qui m'a plu aussi, c'est de relier la recherche et l'ADN de la techno, de la musique électronique qui est le club, et faire danser les gens."
Moléculeà franceinfo
Un son surprenant, selon Marianne, musicienne électro, invitée à l'avant-première : "C'est difficile à capter en tant que public parce que si on ne le sait pas, on se dit : qu'est-ce qu'il vient foutre à se mettre debout en face d'un truc, à rien faire pendant quelques minutes ? Un artiste électro, en général, on attend qu'il soit toujours en train d'interagir avec ses machines. Et là, c'est cool, il vient se poser pour ne rien faire d'autre qu'interagir avec son esprit, c'est assez chouette. J'avoue, j'étais un peu en mode : c'est bon signe ! Moi aussi, j'en ai marre d'utiliser mes mains !"
Cet "instrument du futur" ouvre en effet un monde de possibilités, notamment pour des musiciens atteints de handicap. Après les Nuits sonores, la Brain Performance Mix de Molécule, sera sur une scène toulousaine jeudi 2 juin dans le cadre du week-end des Curiosités et vendredi 3 juin au Festival Le Bon Air à Marseille.
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