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"Lohengrin" à Opéra-Bastille : un blockbuster wagnérien antimilitariste signé Kirill Serebrennikov

C’est l’évènement de cette rentrée : "Lohengrin", l’opéra de Richard Wagner vu par le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov. Résultat : une œuvre grandiose, impressionnante.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Scène de "Lohengrin" de Richard Wagner à l'Opéra-Basille. (Charles Duprat-OnP)

Où donner de la tête ? Le spectacle évolue sur trois niveaux. Kirill Serebrennikov a vu grand et large pour l’adaptation de Lohengrin à l’Opéra Bastille. Plusieurs scènes se déroulent simultanément. Des installations vidéos surmontent la scène centrale, devant les chœurs et sur le plateau se déroule l’histoire portée par Piotr Beczala, dans le rôle-titre, au sommet de son art. Et pour les non-germanophones, il faut ajouter le surtitrage en français et en anglais à ce millefeuille artistique. Cette profusion donne une dimension grandiose (et aussi macabre à certains moments, entre 1984 et Brazilia) à l’œuvre wagnérienne. Un blockbuster, selon l’expression du metteur en scène et cinéaste russe.

Kirill Serebrennikov, aidé aux décors par Olga Pavluk, propulse Lohengrin dans un univers de guerre sans fin. En écho avec l’actualité ukrainienne. Pour ses débuts à l’Opéra national de Paris, il marque les esprits par sa vision apocalyptique, avec cette machine à fabriquer les cadavres. Lors de la première, samedi 23 septembre, à l’applaudimètre, le public était conquis par cette création. Pourtant, le spectacle a commencé par un imprévu : malade, le baryton sud-coréen Kwangchul Youn, qui interprète le roi Henri, est remplacé au pied levé par Tareq Nazmi. Un changement de dernière minute qui n’a pas affecté le spectacle.

L’amour, la mort et la guerre

Quel est donc le sujet de Lohengrin ? C’est l’histoire d’Elsa, jeune fille accusée d’avoir tué son frère, héritier du duché de Brabant, et qui demande à être défendue par celui qu’elle a vu en rêve : Lohengrin. Ce dernier accepte à l’unique condition qu’elle ne lui demande jamais de révéler son nom, et donc ses origines. Un tel amour est-il possible ? Va-t-elle résister ou rompre sa promesse ? Ortrud et Telramund, à l’origine des accusations, désirent le royaume pour eux-mêmes et continuent de comploter. Elsa, incarnée par la soprano sud-africaine Johanni van Oostrum, a-t-elle réellement tué son frère ou n’est-ce qu’une hallucination ? Le deuxième acte prend place dans une clinique psychiatrique. Lohengrin est un opéra romantique en trois actes écrit et composé par Richard Wagner entre 1845 et 1848. Le compositeur allemand avait alors trente-sept ans.

Piotr Beczala dans le rôle titre de Lohengrin à l'Opéra-Bastille. (Charles Duprat-OnP)

Ses personnages ne sont pas manichéens, même les héros ont leur côté sombre. "L’idée de départ de cette production a été celle d’un univers pollué par une guerre interminable. Malheureusement, ce point de vue s’est révélé prophétique, dans un sens, avec le début de la guerre en Ukraine", confie Kirill Serebrennikov. Porté par une distribution inspirée et une musique dense, sous la direction d’Alexandre Soddy, Lohengrin version Kirill Serebrennikov est grandiose, impressionnant.

Fiche

Titre : Lohengrin

Livret et musique : Richard Wagner

Metteur en scène, décors, costumes et lumières : Kirill Serebrennikov

Direction musicale : Alexander Soddy

Cheffe des Chœurs :  Ching-Lien Wu

Décors : Olga Pavluk

Distribution : Kwangchul Youn, Piotr Beczala, Johanni van Oostrum, Sinead Campbell Wallace, Wolfgang Koch, Nina Stemme, Ekaterina Gubanova.

Durée : 4h20 avec 2 entractes

Lieu : Opéra Bastille
Dates : Jusqu’au 27 octobre 2023

 

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