Aidez l'opéra de Dijon à habiller les chanteurs de La Flûte enchantée par le crowdfunding
Pour réaliser les costumes de l’un des plus célèbres opéras du monde, "La Flûte enchantée" de Mozart, les équipes de l’Opéra de Dijon ont besoin d’aide. Afin de pallier la baisse de 800 000 euros de leurs subventions en deux ans, une campagne de financement participatif ou crowdfunding, a été lancée à la mi-novembre, sous un hashtag : #Habilleznoschanteurs.
Rhabiller la Flûte enchantée
La version contemporaine de l’opéra, proposée par David Lescot, met en scène sept chanteurs mi-animaux mi-humains dans un monde "post-apocalyptique". Leurs costumes vont être créés à partir de matériaux de récupération, et même si ces derniers ne coûtent presque rien, la confection, elle, demande temps et savoir-faire.Ainsi, sur les 55 000 euros prévus, les organisateurs de la campagne espèrent en récolter 10 000. Le crowdfunding, plus que le mécénat classique, leur permet en effet d'élargir leur public, comme en témoigne Sophie Pouchet, responsable du mécénat de l'Opéra : "C'est un spectacle-phare de la saison, un opéra qui parle à énormément de monde [...] Cela nous permet de toucher un public plus jeune. On est vraiment dans le participatif et c’est leur génération."
Reportage : M. Picoche / T. Pfeiffer / C. Gavignet
Un système de contreparties s'ajoute aux déductions fiscales, en fonction du montant du don. Au premier pallier, le nom du donateur est mentionné dans le programme et sur le site de l'Opéra de Dijon; au dernier, il gagne une visite du plateau en compagnie de l'équipe pour découvrir l'envers du décor (et tous les avantages des palliers précédents).
Un mode de financement culturel de plus en plus prisé
Cette forme de mécénat n’est pas nouvelle mais séduit toujours un peu plus, en particulier dans le secteur culturel. Les plateformes de financement se sont multipliées, d’Ulule à My Major Company en passant par Commeon, et le patrimoine français a aussi son site dédié. En 2013 déjà, l’Opéra de Paris finançait par ce moyen la restauration de ses candélabres, tandis qu’en novembre 2015, c’était l’Opéra Comique qui lançait sa campagne de crowdfunding pour une œuvre entière, "Kein Licht" (écriture, maquette, décors et costumes). Une opération qui lui avait rapporté quelque 52 900 euros, grâce à 105 mécènes. En mai dernier, l’Opéra de Florence, et le théâtre de l’Odéon il y a quelques semaines, ont également sauté le pas.Compenser la baisse des subventions
Toutefois, selon Mathilde Pulh, spécialiste du management culturel et chercheuse à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, ce phénomène de plus en plus répandu a aussi bon nombre de détracteurs. "Il y a ceux qui vont dire : 'Ce n'est pas notre rôle. C'est le rôle de l'Etat, des collectivités, on paye déjà des impôts pour cela'. Donc cette question de la légitimité du don est très compliquée." D'autant plus que le recours au crowdfunding s'explique souvent, c'est le cas de l'Opéra de Dijon, par une baisse des dotations publiques ou des collectivités territoriales. Il permet donc aux institutions culturelles de diversifier leurs sources de revenus.Reste à savoir si l'Opéra de Dijon va réussir à habiller ses chanteurs pour la première représentation de La Flûte enchantée, qui aura lieu le vendredi 17 mars 2017.
Créer des #costumes nécessite de la créativité, de la technique... & du #temps! Aidez-nous à habiller nos chanteurs https://t.co/88iB1P3qwJ pic.twitter.com/6SpOTftGA6
— Opéra de Dijon (@OperaDijon) 19 décembre 2016
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