"Armide", ultime chef-d’œuvre de Jean-Baptiste Lully, sur la scène de l’Opéra de Dijon et bientôt à l’Opéra Royal de Versailles

C’est un opéra très peu monté en France. Armide est la dernière œuvre du compositeur Jean-Baptiste Lully (1632-1687) créée en 1686 au Théâtre du Palais-Royal à Paris. Cette tragédie lyrique sur un livret du poète, auteur et librettiste Philippe Quinault (1635-1688), est aussi l’ultime collaboration entre les deux hommes. Lully mourra quelques mois plus tard de la gangrène, et Quinault, qui renonça au théatre après Armide, disparu l’année suivante. Armide est considérée par beaucoup comme le chef-d’œuvre respectif des deux artistes.

"Une partition extraordinaire"

C’est Louis XIV lui-même qui avait choisi le sujet de la pièce. L’intrigue est tirée de La Jérusalem délivrée du poète italien Le Tasse (1544-1595). L’histoire des amours fatales d’Armide la magicienne musulmane qui protège Jérusalem (interprétée ici par Stéphanie d'Oustrac) et du chevalier croisé Renaud (Cyril Auvity). "J’ai une empathie pour cette femme qui a été élevée pour protéger son peuple en étant une meurtrière froide et qui découvre le sentiment avec l’ennemi. Un ennemi qui, lui, est victime d’un narcotique, et ce narcotique le rend humain. Ce sont deux humanités sensuelles qui se rencontrent et seront séparées par le pragmatisme froid de l’Histoire", explique Dominique Pitoiset, qui signe la mise en scène.

Durant les quinze années qui ont précédé la création d’Armide, Lully et Quinault ont inventé le genre de la tragédie lyrique, ou tragédie en musique, pendant spécifiquement français de l’opéra baroque en cours dans le reste de l’Europe. "Musicalement, c’est une partition extraordinaire parce que l’on voit en fait l’aboutissement du travail de Lully (…) Est-ce qu’il y a eu d’autres révolutions dans l’histoire culturelle aussi rapides que l’invention d’un nouveau genre absolu, l’opéra français, qui a été fait en une dizaine d’années ?", interroge le directeur musical Vincent Dumestre.

Armide de Lully (durée 3h15 avec entracte) - Opéra de Dijon, les 27 et 29 avril 2023 (Tarifs de 5 à 65 euros), puis à l’Opéra Royal du Château de Versailles, les 11, 13 et 14 mai 2023 (Tarifs de 41 à 130 euros).