Chorégies d'Orange : des valeurs sûres pour garantir l'avenir
Les Chorégies sont autofinancées à 80%, un taux absolument exceptionnel dans le spectacle vivant et pour un grand festival. Le Théâtre antique, mis à disposition par la ville, est à la fois un atout avec ses quelque 8.300 places et un talon d'Achille : il suffit d'une soirée annulée pour mettre en péril le festival.
Lors de la précédente crise des intermittents, en 2003, cette fragilité avait été comprise par ceux qui travaillaient pour Les Chorégies, qui avaient renoncé à se mettre en grève. Les Chorégies avaient été l'un des rares grands festivals à se poursuivre tant bien que mal.
Les intermittents votent contre la grève
Les équipes étaient sous la pression constante des coordinations d'intermittents, en grève ailleurs. Les spectacles avaient parfois été perturbés (une sirène sonnait de manière intempestive pendant "La Traviata") mais ils avaient eu lieu.
Alors que le conflit des intermittents, mobilisés pour défendre leur régime spécifique d'indemnisation chômage, perturbe à nouveau la saison des festivals, un vote s'est tenu samedi soir sur l'opportunité d'une grève pour la pré-générale de Nabucco dimanche. Sur les 142 salariés (intermittents, permanents et saisonniers), 80 ont voté contre la grève, 27 pour et 2 bulletins étaient nuls.
Les Chorégies comptent sur Verdi, avec deux opéras, "Nabucco" et "Otello", et sur la spectaculaire cantate de Carl Orff, "Carmina Burana", pour remplir du 9 juillet au 5 août le Théâtre antique, après une année 2013 qui a vidé les caisses.
Un déficit de 600.000 euros
La dernière saison a creusé un déficit de 600.000 euros (pour 5 millions d'euros de budget). En programmant l'été dernier un Wagner ("Le Vaisseau fantôme") éloigné des goûts de son public, et un opéra relativement peu connu de Verdi, "Un bal masqué", pour fêter le bicentenaire des deux grands compositeurs, le festival avait pris un risque.
Devant la faible demande, "Le Vaisseau fantôme" n'a été donné qu'une seule fois au lieu de deux. Comble de malchance, le ténor franco-italien Roberto Alagna, un fidèle du festival, a annulé le concert qu'il devait donner avec Anna Caterina Antonacci, pour raisons de santé, alors que près de 6.000 places avaient été vendues. Le festival est en litige devant la justice avec les assurances, qui contestent le certificat de santé produit par le chanteur.
Une réunion d'urgence s'est tenue au printemps sous l'égide du préfet avec les partenaires publics du festival (ville, Etat, Région, département) pour débloquer 100.000 euros à titre exceptionnel.
Des valeurs sûres pour renflouer les caisses
"On savait qu'un jour, on serait au pied du mur", confie le directeur du festival, Raymond Duffaut, soulignant que le montant des subventions "n'a pas bougé depuis vingt ans".
Chaque représentation à Orange dégage 800.000 à 1 million d'euros de recettes, soit plus que le montant annuel des subventions touchées par le festival (830.000 euros). Dans ces conditions, le succès est obligatoire. Aussi la programmation 2014 table-t-elle sur des valeurs sûres, avec les deux opéras de Verdi et "Carmina Burana".
Le chef Michel Plasson dirigera la célèbre cantate de Carl Orff avec l'Orchestre Bordeaux-Aquitaine la soprano Julia Bauer, le contre-ténor Max-Emanuel Cencic et le baryton Alexandre Duhamel.
"Otello" et "Carmina Burana" sur Culturebox
Les Chorégies s'ouvrent sur "Nabucco" le 9 juillet, dans une mise en scène de Jean-Paul Scarpitta, qui a déjà monté l'oeuvre à Rome, en 2011.
"Otello" prend le relais en août, avec la prise de rôle de Roberto Alagna, sous la direction de Myung Whun Chung, dont c'est l'une des dernières prestations à la tête de l'orchestre philharmonique de Radio France.
"Carmina Burana" sera retransmis en direct le 17 juillet sur Culturebox.
"Otello", coproduit avec le festival finlandais de Savonlinna et l'Opéra de Marseille, sera en direct le 5 août sur Culturebox et sur France 2.
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