"Ciboulette", une opérette aux petits oignons
Pour mémoire, "Ciboulette", spéctacle lyrique créé en 1923 au Théâtre des Variétés, relate l'histoire d'une jolie maraîchère des Halles -dont le prénom donne son titre à l'opérette- blasée par des soupirants dont elle ne sait pas rejeter les propositions de fiançailles... L'héroïne est interprétée par la soprano Julie Fuchs (révélation lyrique l'an dernier aux Victoires classiques), pétillante, percutante et charmeuse. Bientôt, Madame Pingret, vénale poissonnière et diseuse de bonne aventure (la comédienne Bernadette Lafont, impeccable), prédit à la jeune femme qu'elle rencontrera l'amour sous trois conditions rocambolesques.
Ciboulette croise la route d'un jeune homme riche, inconsistant et pleurnichard, Antonin (le séduisant ténor Julien Behr, nommé aux prochaines Victoires classiques), tout fraîchement cocufié par sa maîtresse Zénobie (la soprano Eva Ganizate). Entre-temps, les inconséquences de la jeune maraîchère à l'égard de ses prétendants scandalisent son oncle Grenu... Autant d'événements qui n'échappent pas à l'oeil rusé de Duparquet (le baryton québécois Jean-François Lapointe, tout simplement somptueux), qui cache un douloureux secret et qui finira par se mêler de plus près de toutes ces intrigues.
Un casting royal, des costumes chatoyants, des décors malicieux, une mise en scène pleine de fantaisie et de séquences hilarantes signée Michel Fau (qui donne de sa personne dans le désopilant air de la comtesse, dans le dernier acte), à laquelle s'ajoute la direction énergique de Laurence Equilbey à la tête de l'ensemble Accentus et de l'Orchestre de l'Opéra de Toulon Provence Méditerranée, font déjà de cette production une pure réussite.
Or, une cerise interactive s'est glissée sur ce gâteau lyrique et hilarant : l'appel à la participation du public pour deux refrains de l'oeuvre, ceux de "La Valse de Ciboulette" et de l'air du Muguet. Un petit événement en soi, une telle habitude ayant disparu des moeurs et scènes lyriques françaises depuis le XVIIIe siècle. Les spectateurs désireux de participer à ces airs sont invités à venir les répéter une heure avant le début du spectacle (moyennant une inscription téléphonique au préalable).
Mercredi soir, si l'on était assis au coeur de la fosse d'orchestre (c'est le cas de l'auteure de ces lignes), durant ces fameux refrains en choeur "élargi", alors que Jean-François Lapointe battait avec bienveillance la mesure à destination du public, on entendait des voix émaner de part et d'autre de la salle, mais pas tant que ça. Or, avec un peu d'oreille, même sans avoir répété, avec l'aide des sur-titres au-dessus de la scène, pousser la chansonnette s'avérait franchement réalisable. Mais bon, on se sentait un peu seule tout de même... On sera curieux de connaître les statistiques en termes de participants aux différentes répétitons de 19H... Quoi qu'il en soit, appeler le public à chanter est une merveilleuse initiative, à renouveler d'urgence. Il va bien falloir réhabituer la France à chanter. Quant au spectacle en lui-même, pour ceux ne l'auraient pas encore compris, il est absolument réjouissant. "Ciboulette"
Opérette de Reynaldo Hahn sur un livret de Robert de Flers et Francis de Croisset
Opéra-Comique, Salle Favart
Place Boieldieu, Paris 2e
Du 16 au 26 février 2012
Réservation close pour ce vendredi sur le site internet de l'Opéra-Comique (vérifier par tél au 0825 01 01 23) ; il reste des places pour dimanche 24 février 15H et mardi 26 février 20H
Pour répéter les airs !
Pour les représentations de 20H : répétition de 19H à 19H30
Pour la représentation de dimanche 15H : répétition de 14H à 14H30
Appeler impérativement au 01 42 44 45 78
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