Exubérante et pleine de sens, "Cendrillon" de Jules Massenet à l'Opéra de Limoges
Co-produite par Angers Nantes Opéra et Limoges, cette Cendrillon de Jules Massenet se sera faite désirée puisqu’elle devait être jouée début 2020. La pandémie a bouleversé le planning et éloigné le public des lieux culturels. Pourtant, il serait dommage de se priver de cette version, saluée par la critique pour sa féérie et sa justesse. La dernière représentation a eu lieu ce mardi 16 mai.
Cendrillon alias Lucette
Créée en 1899 à l’Opéra Comique à Paris, Cendrillon n’est pas l’œuvre la plus représentée de Jules Massenet. C’est le dramaturge et librettiste Henri Cain (1857-1937) qui proposa au compositeur d’adapter le célèbre récit de Charles Perrault. Si Cain lui est resté globalement fidèle, il offre aussi sa propre réécriture. Par exemple, il choisit de donner des prénoms aux personnages. Cendrillon s’appelle ainsi Lucette, son père Panolfe, et la célèbre marâtre Mme de la Haltière. Un procédé qui contribue à donner davantage de profondeur psychologique aux personnages.
Les femmes à l'honneur
Debussy considérait Massenet comme "un historien musical de l’âme féminine". Dans cet opéra, les voix féminines sont largement à l’honneur avec des compositions qui font appel à tous les registres des voix féminines : du contralto au soprano colorature. A noter que le seul homme de la distribution, c'est Pandolfe, incarné par le baryton Matthieu Lécroart. Ici, Cendrillon est portée par la soprano Hélène Carpentier et le rôle du Prince charmant, c’est aussi une femme qui le tient, la mezzo-soprano Héloise Mas.
De quoi surprendre mais "c’est aussi une façon de le mettre sur un pied d’égalité avec Cendrillon. Tous deux sont des adolescents, des êtres sans expérience qui tâtonnent, explique le metteur en scène Ezio Toffolutti. J’aime cette idée que Cendrillon et le Prince Charmant jouent à la découverte d’eux-mêmes. Il est d’ailleurs intéressant de constater que Massenet a composé cet ouvrage à une époque où Freud faisait connaître ses théories sur la psychanalyse", précise celui qui ne connaissait ni Cendrillon, ni aucun autre ouvrage de Massenet avant de travailler sur cet opéra.
Une mise en scène inspirée
Saluée par les critiques, sa mise en scène s’appuie aussi sur un vrai travail au niveau des décors et des costumes, une autre corde à l’arc d’Ezio Toffolutti. Dans ce spectacle, les deux font sens. Ainsi dans cette scène où l’on voit la marâtre (Julie Pasturaud) et ses deux filles (Noémie et Dorothée jouées respectivement par Caroline Jestaedt et Ambroisine Bré) aller au bal, il a voulu que l’on puisse voir les dessous des femmes qui vont au bal, avec une structure apparente. Il ne faut pas oublier que Cendrillon met en scène une société patriarcale où les jeunes femmes sont pratiquement prêtes à se vendre pour le Prince. De leur côté, Cendrillon et le Prince portent des costumes de style Empire car à cette époque, le corps de la femme est davantage mis en évidence".
Côté musique, c'est le chef irlando-américain Robert Tuohy qui assure la direction de l'Orchestre et du Choeur de l'Opéra de Limoges. Les chorégrapies signées Ambra Senatore sont portées par les danseurs et danseuses du CCN de Nantes.
"Cendrillon" de Jules Massenet à l'Opéra de Limoges
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