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[Feuilleton] Dans les coulisses de la création de l'opéra Solaris

C'est une création mondiale que présentent le chorégraphe Saburo Teshigawara et le compositeur Dai Fujikura à Paris. Sous la direction des deux japonais, "Solaris" le roman culte de Stanislas Lem devient un opéra en quatre actes et illumine le théâtre des Champs Elysées les 5 et 7 mars.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Nicolas Le Riche pendant les essayages avec le chorégraphe Saburo Teshigawara
 (France 3 / Culturebox)

Deux Japonais, le chorégraphe mondialement connu Saburo Teshigawara et le compositeur Dai Fujikura ont entrepris de créer en opéra le climat étrange du roman culte de Stanislas Lem : "Solaris". 
Sur scène, cinq chanteurs rompus au répertoire contemporain et cinq danseurs de haut vol : Rihoko Sato, interprète fétiche de Saburo, le chorégraphe et danseur tchèque Vaclav Kunes, assistant de Jiri Kylian, Saburo Teshigawara lui-même et Nicolas Le Riche.

La rédaction de France 3 Paris Ile de France a suivi la naissance de l'opéra présenté au Théâtre des Champs-Elysées les 5 et 7 mars 2015. 

Une série réalisée par Maud de Bohan, Yohan Dorion, Yves Zysman, Eric Riou 

Épisode 1 : Les chanteurs incarnent des zombies 

Dirigés par le compositeur Dai Fujikura, les chanteurs sont très impliqués dès le début du projet. Sarah Tyan (soprano) et Leigh Melrose (baryton) sont mari et femme dans la vie. Dans cet opéra, ils incarnent Hari et Chris. Un couple pour le moins étrange, elle est morte mais revient hanter son amant lors d'un voyage dans l'espace. "Cela fait deux ans qu'on travaille nos rôles". Avec le directeur musical, la complicité est visible. Zombies, drame surnaturel, "Solaris" revu et corrigé par Dai Fujikura devient un opéra tout en nuances. 

"Je suis attiré par cette histoire depuis des années", a confié à l'AFP le compositeur Dai Fujikura, 37 ans. "Je ne l'ai jamais considérée comme une oeuvre de science-fiction, mais plutôt comme une plongée dans l'étrangeté qui est à l'intérieur de chacun de nous".

Épisode 2 : L'extrême précision du maître Saburo Teshigawara 

Dans cet opéra hors-norme, chaque chanteur a son double sur scène. Il s'agit des danseurs, qui seront l'echo des voix, ils répètent ensemble dans le studio juste en-dessous guidés pas à pas par Saburo. Le chorégraphe japonais mondialement connu a conçu "Solaris" de A à Z.

"J'ai beaucoup de monde dans ma tête, c'est très bruyant vous savez et ce n'est pas toujours facile" explique-t-il lors de l'essayage des costumes. Parmi les cinq danseurs, Nicolas Le Riche, l'ancien danseur étoile évoque la précision du chorégraphe : "ll sait absolument ce qu'il cherche, du coup c'est plus simple dans le processus de création car il n'y a qu'un seul interlocteur". Les costumes aussi sortent du cerveau de Saburo, Nathalie Chevalier qui est chef costumière savoure cette collaboration : "c'est toujours un bonheur de rentrer dans un univers et d'essayer de leur faire plaisir". 
Épisode 3 : La recontre des voix et des corps

Chanteurs et danseurs répétent pour la première fois ensemble, toujours sous le regard attentif et passionné d'un homme : le metteur en scène et chorégraphe japonaiSaburo Teshigawara. "Les couleurs, les textures, les mots, ça me rappelle un peu la cuisine tout ça" raconte Nicolas Le Riche à propos de Saburo.

Solaris, cet opéra Onvi portera la signature de Saburo . "J'aime le mystère de Solaris. Il n'y a pas de réponse dans cette histoire, juste des questions. Celle de l'imagination des êtres humains. Et ce paradoxe ironique... Est-on dans le début ou la fin de l'univers, peut-on s'échapper de l'éternité?" s'interroge encore le chorégraphe. Sa danse est libre, instinctive, affranchie de bien des contraintes. Pour les interprètes travailler avec cet homme est passionnant parce qu'il se renouvelle sans cesse. Rihoko Sato est danseuse dans sa compagnie depuis des années. "Saburo est illimité, il ne se contient pas, il ne s'enferme pas dans une catégorie ou une couleur spécifique. Il a toujours un oeil vers l'inconnu. Pour moi, qui travaille depuis longtemps avec lui, c'est tout le temps nouveau... Même après toutes ces années", dit-elle. 
Episode 4 : le grand gala

C'est le grand soir. L'opéra Solaris n'est donné que deux soirs au théâtre des Champs Elysées.
Chanteurs et danseurs espérent que la magie va opérer. 
Nous voici au coeur de pré-générale, la dernière répétition avant la venue du public. C'est le moment voir évoluer les interprètes sur scène dans un décor minimaliste et surtout d'admirer la finesse d'expression de la danse de Saburo Teshigawara.  
"Je ressens le vide comme des espaces de silence qui relient les sons, donc ces espaces il faut les relier entre eux. Ils vont cadencer le mouvement et nous emporter comme dans un courant"  déclare-t-il. 
"Solaris" est le roman le plus célèbre du maître polonais de la littérature de science-fiction. Il a été porté à l'écran dans un film culte par le Russe Andreï Tarkovski, et plus récemment par l'Américain Steven Soderbergh. Le roman imagine l'existence de Solaris, une planète dont la surface est entièrement recouverte par un océan. Cette immensité possède une forme avancée d'intelligence extra-terrestre.

--> A lire également sur Culturebox la critique de Solaris par Lorenzo Ciavarini Azzi

"Solaris", création mondiale le 5 mars et 7 mars 2015 au Théâtre des Champs-Elysées
Livret de Saburo Teshigawara, d’après le roman éponyme de Stanislas Lem
Avec les danseurs : Saburo Teshigawara, Rihoko Sato, Václav Kuneš, Nicolas Le Riche

19h30, durée 1h30
15 avenue Montaigne, Paris VIIIe
Réservation : 01 49 52 50 50


Puis en tournée :
Opéra de Lille les 24, 26 et 28 mars 2015
Opéra de Lausanne les 24 et 26 avril 2015

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