La grève se prolonge à l'Opéra de Paris provoquant l'annulation de "Play" après celle de "Paquita"

La semaine dernière, les deux premières représentations du ballet "Paquita" à l'Opéra Bastille n'ont pu avoir lieu. Le conflit se durcit avec l'annulation de deux nouveaux spectacles.
France Télévisions - Rédaction Culture
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Vue aérienne du Palais Garnier, à Paris, en 2023. (FATIH GONUL / ANADOLU / AFP)

Le mouvement de grève des danseurs de l'Opéra de Paris entamé la semaine dernière a touché lundi 9 décembre les danseurs du ballet Play, dont la représentation prévue au Palais Garnier lundi soir à 20 heures est annulée. La direction l'indique dans un message aux spectateurs publié sur le site internet de l'institution. La représentation du ballet classique Paquita à l'Opéra Bastille est également annulée. Les spectateurs verront leurs places remboursées.

La grève des danseurs du ballet de l'Opéra de Paris avait conduit jeudi à l'annulation de la première du ballet Paquita de Pierre Lacotte. Dans un communiqué, la direction avait alors indiqué que "malgré les efforts déployés pour maintenir cette représentation", ses propositions n'avaient pas été acceptées. Elle soulignait qu'"il ne lui était pas possible de répondre à l’ensemble des revendications exprimées, dans le cadre de ses contraintes économiques, pour des raisons d’équité avec l'ensemble des salariés de l'établissement". L'annulation tardive du spectacle avait provoqué la colère de certains spectateurs, présents dans la salle depuis 45 minutes.

Le temps de préparation des danseurs en question

Le lendemain, vendredi 6 décembre, les artistes du ballet ont à nouveau voté en majorité pour faire grève en raison, selon le syndicat CGT et la direction, de négociations "dans l'impasse" portant notamment sur la rémunération du temps de préparation des danseurs avant les spectacles. "95 danseurs de la compagnie dansent Paquita. Une grosse majorité s'est prononcée pour la grève", lors d'un vote vendredi, avait alors déclaré à l'AFP Matthieu Botto, délégué central de ce syndicat et danseur dans la compagnie.

Selon le représentant de la CGT, des discussions entamées depuis février 2023 avec la direction achoppent sur le sujet de la "réévaluation du temps de préparation spécifique à l'ensemble des activités artistiques" des danseurs. Il s'agit du temps nécessaire "à la coiffure, au maquillage, à l'échauffement, d'environ 1H30 à 2H par spectacle". D'après ce délégué : "Actuellement, 6 heures sont prises en compte dans la rémunération des artistes chaque mois. Or, on en effectue en moyenne 30".

Une période délicate

Interrogée par l'AFP vendredi, la direction de l'établissement public a indiqué avoir, "depuis deux ans, accordé des mesures substantielles pour améliorer l'organisation du temps de travail et les salaires des danseurs. On a fait des propositions complémentaires ces dernières semaines. Nous avons fait des avancées". Le site spécialisé Danse avec la plume explique que ces représentations représentent "un grand enjeu financier" et qu'elles sont "propices aussi aux rapports de force internes". Selon ce site, les revendications viendraient des artistes du Ballet, mais aussi des techniciens.

"Dans le contexte où on n'a pas de gouvernement, on ne peut s'engager plus, compte tenu des contraintes de l'Opéra et de ce que nous devons aussi pouvoir prévoir pour les autres catégories de salariés", a déclaré la direction. Elle se disait ouverte à négocier à tout moment "pour que cette situation dure le moins longtemps". Cela n'a manifestement pas suffi puisqu'elle annonce lundi que la représentation du ballet Play d'Alexander Ekman, programmé avec le reste de la compagnie au Palais Garnier, l'autre salle de l'Opéra de Paris, est également annulée. La première, le 7 décembre, avait pourtant été maintenue. Il s'agissait d'une soirée privée réservée par le groupe Paprec, qui, sur son site internet se dit "mécène principal du ballet depuis 2010".

Colère sur les réseaux

Les fêtes de fin d'année constituent une période délicate pour l'Opéra de Paris qui programme toujours un grand ballet classique et une pièce plus contemporaine. Ces spectacles font souvent le plein et de nombreux spectateurs réservent leurs places longtemps à l'avance. Sur les réseaux sociaux, on peut voir depuis jeudi s'exprimer la colère de ceux qui n'ont pu assister aux spectacles tant attendus et se plaignent d'avoir été prévenus beaucoup trop tardivement.

"Nous avons mis sur la table ce à quoi nous pouvons nous engager cette année et nous ne pouvons aller plus loin", a indiqué la direction à l'AFP lundi, tout en expliquant que "la porte reste ouverte pour discuter de la façon de sortir de cette crise et de continuer à améliorer la situation des danseurs dès les prochaines années, comme nous le faisons depuis deux ans". En résumé, le bras de fer continue.

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