Le Festival d'Aix-en-Provence 2013 va célébrer la Méditerranée
"Pour moi, il y a un paradoxe à se situer aux portes de la Méditerranée, à côté de Marseille, et à voir que le festival dans toute son histoire s'est plutôt développé vers le nord, et jamais vers le sud", a souligné, cité par l'AFP, son directeur général, Bernard Foccroulle, lors de la présentation de l'édition 2013.
"Elektra" de Strauss, "Elena" de Cavalli, "Rigoletto" de Verdi
Patrice Chéreau, qui n'est pas venu à Aix depuis 2007, met en scène "Elektra", de l'Allemand Richard Strauss (1864-1949). La partition enflammée de cet opéra illustre l'attente fiévreuse d'Electre, qui ne vit plus que pour venger son père Agamemnon, assassiné par sa mère.
Autre héroïne méditerranéenne, Hélène, dont la beauté provoqua la guerre de Troie, est au centre de l'intrigue d'"Elena", ouvrage oublié de l'Italien Francesco Cavalli (1602-1676), créé à Venise en 1659... et jamais représenté depuis. "Personne ne le connaît, alors que Cavalli est un compositeur important, disciple de Monterverdi", rappelle Bernard Foccroulle. Les opéras de Cavalli, créés pour le carnaval de Venise, "sont pleins de verve, avec toute la gamme des émotions, le burlesque, le comique, le tendre, le dramatique."
Par ailleurs, le cadre magique du Théâtre de l'Archevêché abritera les malheurs du légendaire "Rigoletto" de Verdi, dont on fête le bicentenaire cette année (1813-1901). Robert Carsen, célèbre scénographe canadien, aborde pour la première fois le mélodrame flamboyant de Victor Hugo, associé au chef d'orchestre "verdien" Gianadrea Noseda. "Robert Carsen revient à Aix après 20 ans, après avoir signé quelques-unes de ses plus belles mises en scène au début des années 90, Midsummer Night's dream, la Flûte enchantée, une salve de projets forts", rappelle Bernard Foccroulle. "La lecture de Carsen ne sera pas une lecture banale et conventionnelle, ce sera un regard sur le monde", promet-il.
Reprise d'un "Don Giovanni" controversé, avec Marc Minkowski
C'est un "Don Giovanni" peu conventionnel qui est repris à Aix cette année, avec Marc Minkowski et le London Symphony Orchestra en résidence. La production du Russe Tcherniakov avait fait sensation en 2010, avec un Don Giovanni "sur le retour", monté façon drame familial : "C'est pas tout à fait comme ça que Mozart voyait les choses, donc voilà, il y a des gens qui ont crié à la trahison", concède le directeur du festival. Mais comme son ambition "est de faire vivre l'opéra", Aix ne craint pas de bousculer, y compris avec Mozart. "Mozart c'est le fil conducteur depuis 1948. Il y a toujours eu un Mozart à l'affiche, il fait vraiment partie de l'ADN du festival", souligne Bernard Foccroulle, toujours cité par l'AFP. Mais "il y a aussi pratiquement chaque année un ouvrage baroque, et puis je tiens aussi beaucoup à la création."
La création d'un jeune compositeur portugais
"The house taken over", création du jeune compositeur portugais Vasco Mendonça, sera donné au Domaine du Grand Saint-Jean, avec la Britannique Katie Mitchell à la mise en scène. Vasco Mendonça est un "enfant" d'Aix. Il est venu pour la première fois en 2010 pour un atelier de l'Académie européenne de musique, une pépinière de talents qui accueille chaque année près de 200 jeunes du monde entier. Son oeuvre a éclos grâce à l'accompagnement du festival.
L'an dernier, Aix avait réussi le pari de "Written on skin", une création de George Benjamin mise en scène par Katie Mitchell qui avait fait le plein (95% de remplissage).
Bernard Foccroulle se dit "très attentif à la crise". Certes, Aix se porte bien, avec 5 opéras et des dizaines de concerts et de "petites formes" telle cette lecture de l'Odyssée par Denis Podalydès. Mais le festival surveille de près ses budgets - 20 millions d'euros, dont 30% de subventions seulement - et multiplie les co-productions: l'"Elektra" de Chéreau ira à la Scala, au Metropolitan de New York, à Helsinki, Barcelone et Berlin.
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