Mozart version #MeToo : le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence de retour avec une ambition intacte
C'est avec Mozart qu'a débuté mercredi soir le festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence. Un soulagement pour le milieu de l'opéra, privé de scène depuis plus d'un an.
Les organisateurs du festival d'Aix se sont engagés très tôt pour préparer cette reprise. Il fallait pourtant une bonne dose d'audace pour annoncer, dès l'automne 2020, les productions de cette édition, quand il était impossible de prévoir la situation sanitaire. Avec un programme ambitieux (huit opéras dont une création contemporaine), Aix renoue avec sa veine novatrice, au prix de contraintes lourdes : chaque œuvre mobilise des dizaines de personnes, qui ont vécu des semaines entières dans des bulles étanches.
Un engagement vital, car derrière les stars du lyrique, c'est tout un écosystème qui attendait cette reprise. "C'était très important de ne pas construire un festival dégradé. Notre rôle c'est aussi d'être un exemple, explique Pierre Audi, le directeur du festival. Et l'exemple que nous donnons va aider, je pense, le reste du secteur à reprendre."
Mozart version metoo
Sur la scène en plein air de l'archevêché, le décor des Noces de Figaro est chatoyant, débordant. Le chef-d'œuvre de Mozart baigne dans un kitsch joyeux. Pour illustrer les déboires de Susanna, sur laquelle le comte Almaviva veut exercer son droit de cuissage, la metteuse en scène hollandaise Lotte de Beer a beaucoup pensé au monde post #MeToo : d'une époque à l'autre les femmes résistent aux hommes de pouvoir. "Cette pièce a été écrite juste avant la Révolution française. Et aujourd'hui, nous sommes dans une autre révolution ! dit-elle. Je voulais montrer le collectif qui avance ensemble pour dire 'Nous allons créer une nouvelle utopie, changer le rapport du pouvoir au sexe, le redéfinir, pour davantage d'égalité'."
Dans le rôle de Susanna, la soprano Julie Fuchs est éblouissante. Sa joie de jouer porte aussi loin que sa voix, pour le bonheur du public.
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