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Le retour de Philippe Jaroussky

Après huit mois de pause, il reprend le chemin de la scène et des bacs. Lundi, Philippe Jaroussky a sorti un nouvel album consacré au légendaire castrat Farinelli (1705-1782) et à son maître, le compositeur Nicola Porpora (1686-1768). Après un passage au festival d'Ambronay le 19 septembre, il se produira à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, les 23 et 25 septembre, puis partira en tournée.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Philippe Jaroussky à Paris (6 septembre 2013)
 (Martin Bureau / AFP)

Le congé de huit mois de Philippe Jaroussky ne s'est donc pas fait sans quelques parenthèses musicales. Le chanteur âgé de 35 ans s'est produit en Australie. Il a surtout passé quelques journées en studio en juin pour enregistrer son nouveau disque sur le label Erato. Dans un entretien à l'AFP, il assure qu'il y a eu "aussi des plages entières de deux mois où il n'y a pas eu un son, volontairement, pour déshabituer le corps, un peu comme pour un instrumentiste ou un sportif, de manière à repartir sur un terrain vierge, exempt de tension réflexe". Pour sa reprise, le célèbre contre-ténor a engagé un coach et court chaque jour.

Ces derniers mois, Philippe Jaroussky préférait se mettre en retrait "avant d'être victime d'un surmenage ou de devoir annuler des productions". Nombre de ses confrères chanteurs ont essuyé de sévères mésaventures vocales ces dernières années, de quoi le faire réfléchir après quinze ans de carrière, dont les huit dernières l'ont vu atteindre une grande notoriété internationale, avec tout ce que cela comporte de sollicitations, et cet agenda qui se remplit un, puis deux, puis trois ou quatre saisons à l'avance... D'ailleurs, son planning est d'ores et déjà bouclé jusqu'à 2016.

L'impact physique énorme des castrats
Philippe Jaroussky s'attache donc à protéger et  préserver une voix qui nécessite de sacrées ressources vocales, techniques et respiratoires. Auprès de l'AFP, il évoque le physique hors du commun des castrats comme Farinelli, auquel il rend hommage dans son nouveau disque : "Ils étaient souvent très grands, car la testostérone n'avait pas stoppé leur croissance, avec une capacité thoracique et pulmonaire presque deux fois supérieure à la nôtre. Farinelli pouvait tenir une note, comme celle du début de l''Alto Giove' -l'un des titres de l'album- deux à trois fois plus longtemps que moi (...) On est déjà dans une performance assez athlétique, qui nous vaut d'ailleurs ce succès sur scène, mais imaginez l'impact physique que Farinelli devait avoir sur le public, ce devait être le délire dès le début du morceau !"

Après avoir longtemps hésité à aborder le répertoire de la star des castrats (qui fut l'objet d'un film signé Gérard Corbiau en 1994), par peur du "cliché" du contre-ténor, Philippe Jaroussky s'est laissé séduire par la musique que Nicola Porpora, compositeur et professeur de Farinelli, avait spécialement écrite pour son élève. Mais il pense que cet album est le dernier qu'il consacrera à "un castrat très virtuose". "J'arrive à un âge, 35 ans, où il y a plus de rondeur dans la voix, j'ai envie d'utiliser cette maturité pour chanter des compositeurs comme Purcell, Bach, des choses qui sont plus spirituelles que virtuoses." Et il rêve de lancer un projet de production lyrique autour de lui, d'où des démarches lancées auprès de différents théâtres...

Philippe Jaroussky en concert en France, avec le Venice Baroque Orchestra :
> Le 19 septembre au festival d'Ambronay, à l'abbatiale, 20H30 (retransmis sur France Musique)
(il anime aussi deux master-classes dans la journée)

> Les 23 et 25 septembre à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées

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