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Le trompettiste classique Maurice André est mort

Maurice André, trompettiste classique de renommée mondiale, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) à l'âge de 78 ans. Du côté du jazz, Médéric Collignon et Ibrahim Maalouf lui rendent hommage (voir plus bas).
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet, Annie Yanbékian
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Le trompettiste classique Maurice André
 (CHOGNARD/TF1/SIPA)

Né le 21 mai 1933 à Alès (Gard), Maurice André a travaillé dans les mines dans son adolescence avant de devenir plus tard ce maître incontesté de la trompette, jouant et enregistrant avec les plus grands chefs d'orchestres de son temps. Initié par son père, un passionné de musique classique qui fut son premier professeur, Maurice André a intégré le Conservatoire de Paris en 1951, à l'âge de 18 ans, premiers pas d'une carrière jalonnée de prix et de récompenses.

Souvenirs émus d'une jeunesse à la mine (extrait, interview Alain Duault, 2010, France 3)

Maurice André a apporté à la trompette une notoriété nouvelle. Il en a cultivé et valorisé la virtuosité et la force mélodique. Il a sorti de l'oubli et dépoussiéré de nombreuses partitions dédiées à cet instrument, tant classiques que baroques, jugées techniquement trop arides. Du coup, des compositeurs ont écrit des oeuvres pour lui, comme André Jolivet (1905-1974) et Marcel Landowski (1915-1999).

N'oubliant jamais ses origines modestes, il manifestait autant de respect pour les partitions dites populaires que pour les oeuvres du grand répertoire.

"Les Feuilles mortes" (musique de Joseph Kosma)

La discographie de Maurice André comprend plus de 250 disques dont des dizaines d'or et de platine, mêlant des répertoires très variés. "La trompette est un instrument difficile", soulignait-il dans les colonnes du Monde en 2003. "Elle suscite des réactions ambivalentes, elle qui a gardé son usage guerrier, le goût du triomphe et de la parade, de ses origines bibliques l'image de l'Apocalypse. Mais elle sait aussi faire danser les filles dans les bals populaires !"

Maurice André avait donné son dernier concert en 2008 à Béziers et s'était retiré à Urrugne, au Pays basque. Il s'est éteint tard samedi soir à l'hôpital de Bayonne. Sa famille n'a pas précisé les causes de son décès.

Extrait du Deuxième Concerto brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach

L'hommage de Médéric Collignon
Trés ému, le trompettiste de formation, devenu cornettiste de jazz, a salué dimanche un homme aussi talentueux que simple : "Voilà ce que je peux en dire après cette grande émotion qui m'envahit les yeux depuis ce matin. Les seuls mots qui vont parler de moi seront ceux du sentiment de vide immense, créé par la disparition d'un Maître, et de sa personnalité qui devrait donner des rougeurs aux "grosses têtes" actuelles... Maurice André avait comme nom le prénom de mon père qui a influencé comme lui mon destin. Croisé après un concert merveilleux auquel m'avait convié mon professeur Philippe Cocu, j'ai reconnu tout de suite la gentillesse du bonhomme et sa simplicité. Pourtant habité d'un don universel, il défendra la/les musiques (il faut le voir avec Dizzy au Grand Échiquier !) dans un souci de perfection quasi absolu. Seule la musique contemporaine et l'improvisation étaient ses inconnues. Mais il demeurera infiniment un personnage inspirant à travers le monde, et en toute humilité ! Qu'on se le dise..."

"Manhã de Carnaval" (Luis Bonfa), avec Dizzy Gillespie au "Grand Echiquier"


Réaction d'Ibrahim Maalouf
Le trompettiste franco-libanais a mis en ligne quelques mots dimanche à la mi-journée sur sa page Facebook : "Maurice André nous a quittés hier. Le plus grand trompettiste classique de tous les temps vient de nous quitter à 78 ans. Il fut le maître de mon père dans les années 60/70. Il m'a également donné de nombreux cours qui m'ont redonné l'envie de jouer de cet instrument. Pour une fois 'j'aime' (allusion au clic d'approbation du réseau social, ndlr) voudra dire 'Je suis triste'."

"Ave Maria" : celui de Schubert, puis celui de Gounod sur le prélude de Bach


Concerto pour trompette de Haydn, 1er mouvement "Allegro", avec l'Orchestre philharmonique de Munich


Présentation de trompettes au Grand Echiquier de Jacques Chancel (1987, Antenne 2)


Un arrangement de "C'est la mère Michel" à L'Ecole des Fans, de Jacques Martin (1987, Antenne 2)

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