Les Arènes de Vérone célèbrent l'entrée du chant lyrique italien au patrimoine immatériel de l'Unesco
Sur scène, des stars internationales du monde lyrique comme le ténor allemand Jonas Kaufmann, la soprano russe Anna Netrebko, le baryton français Ludovic Tézier, la soprano italienne Eleonora Buratto, ses compatriotes Luca Salsi et Francesco Meli, interpréteront de grands airs d'opéra italiens. Plus de 10 000 mélomanes sont attendus à cette grande fête de la musique classique dans le nord de la péninsule, au sein du plus grand théâtre en plein air du monde.
Sous la baguette du maestro Riccardo Muti, quelque 160 musiciens d'orchestre et plus de 300 choristes issus des prestigieuses scènes italiennes, dont la Scala de Milan et la Fenice de Venise, ouvrent le bal avec des airs des plus grands compositeurs italiens du XIXe siècle. À l'affiche dans la seconde partie de la soirée, figurent des airs de Madame Butterfly, La Bohème et Tosca de Giacomo Puccini, dont l'œuvre est célébrée à l'occasion du centenaire de sa mort, mais aussi de La Traviata et de Rigoletto de Giuseppe Verdi, ou encore de Norma de Vincenzo Bellini...
"L'opéra italien, c'est notre aîné à tous"
Le Bel Canto italien a été intégré au patrimoine culturel de l'Unesco en décembre 2023, une décision saluée par Rome comme la reconnaissance d'une marque d'"excellence" planétaire. Il fait l'unanimité parmi les chanteurs d'opéra du monde entier. "L'opéra italien historiquement, c'est notre aîné à tous, l'opéra est une invention italienne qui a essaimé partout dans le monde", explique à l'AFP Ludovic Tézier.
Après diverses expériences de théâtre musical au XVIe siècle, l'opéra voit le jour vers 1600 à Florence, où est fondée une académie promouvant une association innovatrice du texte chanté et de la musique. Le premier grand compositeur a été Claudio Monteverdi (1567-1643) dont le légendaire Orfeo, joué au théâtre de la cour de Mantoue en 1607, est considéré par les musicologues comme l'œuvre fondatrice de l'opéra moderne.
"Il y a un vrai plaisir vocal dans le chant italien car la langue italienne est elle-même extrêmement musicale et sonore", souligne Ludovic Tézier. Pour lui, les Arènes de Vérone offrent le cadre idéal pour célébrer le chant italien. "Il y a quelque chose de chaleureux, propice à l'opéra, on vit des moments vraiment magiques", assure-t-il. "Quand vous rentrez dans l'arène, avec ce public immense en face de vous, on a un sentiment d'humilité, on a l'impression d'être tout petit, mais en même temps on se sent comme un gladiateur qui va au combat car il y a une énergie exceptionnelle qui émane de cet endroit."
Théâtre de la révélation Callas
La soirée du 7 juin, retransmise en direct par la télévision RAI, donne le coup d'envoi de la 101e édition du Festival d'Opéra des Arènes de Vérone, qui se poursuivra jusqu'au 7 septembre et devrait accueillir au total plus de 500 000 spectateurs. Le festival a été créé le 10 août 1913 par le ténor véronais Giovanni Zenatello qui y monta Aïda de Verdi et découvrit les qualités acoustiques miraculeuses de l'amphithéâtre de pierre.
Le 2 août 1947, Maria Callas, alors inconnue et débutante, y interpréta le rôle-titre de La Gioconda d'Almicare Ponchielli, sous la direction du légendaire chef Tullio Serafin qui, ébloui par ses capacités vocales, a lancé sa carrière. Une étoile est née à Vérone. Callas, la plus grande icône lyrique du XXe siècle, revint chanter dans les Arènes en 1948, 1952, 53 et 54. Plus Les Arènes furent construites au premier siècle après J.-C. pour accueillir des combats de gladiateurs, des spectacles avec des bêtes sauvages ou encore des batailles navales, bien avant de se muer en opéra en plein air.
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