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Les débuts américains de la mezzo-soprano française Isabelle Druet

La mezzo-soprano française Isabelle Druet fait ses débuts aux Etats-Unis avec un orchestre américain cette semaine, transcendant les langues. Au programme en effet notamment, une oeuvre, "Deux mélodies hébraïques" de Maurice Ravel, basée sur une prière en araméen.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La mezzo-soprano Isabelle Druet en 2010 aux Victoires de la musique classique.
 (PASCAL GUYOT / AFP)

Celle qui avait été en 2007 "révélation classique lyrique" de l'Adami, avant d'être lauréate des Victoires de la musique classique en 2010 dans la catégorie révélation artiste lyrique, va faire cette semaine ses débuts américains.

Ravel en araméen et en français, et des pièces de l'argentin Alberto Ginastera. 

Isabelle Druet  chantera avec l'orchestre symphonique de Detroit des oeuvres de Maurice Ravel, parmi lesquelles "Deux mélodies hébraïques", une pièce basée sur une  prière en araméen, la langue parlée par Jésus-Christ. C'est une oeuvre "un peu particulière", admet-elle, en disant avoir appris à l'aimer au Conservatoire de Paris. "Ça m'a énormément touchée de voir qu'un compositeur pouvait à ce point capter l'esprit vraiment profondément traditionnel d'une musique, et à la fois réussir à y mettre son originalité", explique-t-elle. Isabelle Druet, 35 ans, chantera aussi en français "Shéhérazade" de Ravel, et des oeuvres du compositeur argentin Alberto Ginastera. 

Le chef d'orchestre Leonard Slatkin, qui a monté le programme en tant que directeur musical de l'orchestre symphonique de Detroit, reconnaît que l'immense majorité des musiciens n'y comprennent pas le français, encore moins l'araméen. Mais ils se sont selon lui immédiatement entendus avec Isabelle Druet. "Elle a cette capacité à transcender les langues, explique-t-il. Même si vous ne comprenez pas les mots, elle fait apparaître les couleurs et tellement de parfums."

Un avenir international, pour Isabelle Druet ?

Slatkin, qui a dans le passé aidé à découvrir des stars comme le violoniste Joshua Bell, lui voit un bel avenir international. "Dès la première fois que j'ai travaillé avec Isabelle, j'ai trouvé que c'était une personne extraordinaire, une chanteuse extraordinaire, et une  musicienne extraordinaire", dit-il. Dans l'optique d'atteindre une audience plus large, l'orchestre symphonique de Détroit va diffuser sur internet ces concerts, jusqu'à ce samedi 18 avril.

Isabelle Druet, qui avait commencé par être comédienne à Besançon où elle avait fondé en 2000 une compagnie théâtrale, s'était fait remarquer au Conservatoire de Paris pour la chaleur de sa voix colorature. Elle avait débuté à l'Opéra de Paris un an après sa Victoire de la  musique, et s'est depuis produite beaucoup en France et dans plusieurs villes européennes.

En plus du chant, elle continue aussi le théâtre. Elle dit avoir grandi avec l'amour des musiques du monde, dont des chanteurs d'Afrique et d'Inde, et reste fan d'electronica et de trip hop. "Pour moi, finalement de ne chanter qu'avec une voix lyrique, ça m'a paru  très étrange au début, parce que ce n'est pas forcément ma voix naturelle. C'est une technique que j'ai apprise et maintenant c'est mon métier et je l'aime, mais c'est vrai que j'aime aussi pouvoir continuer à chanter d'autres répertoires."

En réalité, c'est une "presque" première fois aux Etats-Unis

Pleine de vitalité, elle se dit ravie d'être à Detroit (nord des Etats-Unis) où elle passe son temps libre à se promener dans la capitale de l'automobile, qui s'était déclarée en faillite en 2013, mais attire de plus en plus d'artistes. "C'est une impression un peu comme à Berlin, où la ville s'est remise à vivre avec beaucoup de musique et d'artistes un peu underground. Il y a cet esprit ouvert à des expériences artistiques, originales."

En réalité, c'est la première fois qu'elle chante aux Etats-Unis avec un orchestre américain. Mais elle s'est déjà produite au Carnegie Hall à New York et a déjà enregistré un disque d'oeuvres de Ravel avec l'orchestre national de Lyon, également dirigé par Leonard Slatkin. Avec un piano, "on a une complicité avec le pianiste, et on est quelque  part plus libre. Mais avec un orchestre, tout à coup c'est comme une palette - les couleurs se multiplient, ça devient une richesse incroyable. Je trouve que les émotions qu'on a quand on chante avec orchestre, c'est fabuleux", dit-elle.

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