Opéra de Paris : six femmes, cheffes d'orchestre et metteuses en scène, à l'honneur de la saison 2022-2023

Les choses bougeraient-elles enfin pour les femmes à l'Opéra de Paris ? Fait rarissime, la vénérable institution a annoncé mercredi 30 mars qu'elle va confier trois des six nouvelles productions lyriques prévues pour la saison 2022-2023 à des metteuses en scène, et qu'elle mettra également en avant trois cheffes d'orchestre. 

Fin janvier, la metteuse en scène britannique Netia Jones pointait dans un entretien à Franceinfo Culture la misogynie du monde de l'opéra. "J'ai réellement cherché : où sont les femmes ? Je suis venue à Paris, j'ai épluché le catalogue de l'Opéra de l'année en cours, et il n'y avait pas une femme ! Pas une seule metteuse en scène ! Alors j'ai cherché à l'année précédente, pas non plus. Ça m'a frappée, si les hommes avaient été dans cette situation, on serait descendus dans la rue !", nous disait-elle. Aurait-elle été entendue ? 

Six femmes invitées à l'Opéra de Paris la saison prochaine

Invitées pour la première fois à l'Opéra, la Britannique Deborah Warner, l'Américaine Lydia Steier et l'Argentine Valentina Carrasco se sont vu confier respectivement pour la saison prochaine la mise en scène de Peter Grimes de Benjamin Britten, Salomé de Richard Strauss et surtout le très attendu Nixon in China, opéra phare du compositeur américain John Adams qui entre au répertoire.

La nouvelle saison dévoilée au Palais Garnier met en avant aussi davantage de cheffes d'orchestre, avec l'Italienne Speranza Scappucci, qui dirigera Les Capulet et les Montaigu de Bellini, l'Australienne Simone Young, à la baguette pour Salomé et l'Allemande Joana Mallwitz pour Peter Grimes.

"C'est un enjeu essentiel pour l'Opéra de Paris (...) il est important de promouvoir et faire rayonner les talents, dont les femmes", affirme le directeur de l'institution, Alexander Neef. "Leur regard, leur exigence nous promettent des spectacles exceptionnels", ajoute-t-il en référence aux invitées de la saison prochaine.

Les autres productions au programme, y compris côté danse

Autres nouvelles productions, le rare Hamlet d'Ambroise Thomas, confié au très sollicité metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski, le Roméo et Juliette de Gounod selon une version du Français Thomas Jolly et Ariodante de Haendel, qui sera signé du Canadien Robert Carsen.

Côté danse, plusieurs entrées au répertoire, dont The Dante Project de Wayne McGregor (musique de Thomas Adès), une co-production avec Royal Opera House où cette chorégraphie a été présentée en octobre, le ballet Mayerling (1978) de Kenneth MacMillan, qui avait été annulé en 2020 pour cause de pandémie, ou encore Kontakthof de Pina Bausch.

La directrice de la danse, Aurélie Dupont, qui depuis sa nomination en 2016 fait des commandes à la nouvelle génération de chorégraphes contemporains, fait appel au Norvégien Alan Lucien Oyen et l'Américaine Bobbi Jene Smith pour les deux créations de la saison, et invite un collectif danse-théâtre venu de Bruxelles, Peeping Tom. Un grand ballet académique, le Lac des Cygnes, est au programme et une soirée hommage sera consacrée à l'ex-star française de la danse Patrick Dupond, décédé en 2021.