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"Folle journée de Nantes" : le marathon commence

Mercredi, 16 heures 30. C'est parti. De quelle couleur sera cette 18e "Folle Journée"? Rouge comme la place de Moscou? Rouge, couleur d'une Russie de feu et de brume? Premiers concerts, premières émotions.
Article rédigé par franceinfo - Bertrand Renard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Les pianistes Boris Berezovsky et Brigitte Engerer
 (Marc Roger)

Le pianiste Vladimir Grindenko, 25 ans, tête de premier de la classe, a l'air un peu tendu par l'enjeu : il sait qu'il "inaugure". Un Rachmaninov pas trop romantique, un Prokofiev pas trop martelé, "Islamey" de Balakirev pas trop "feu d'artifice", joli concert, mais d'un "premier de la classe". Je suis assis derrière six bouts d'chou et leurs trois mamans. Jules, 4 ans : "Un piano, ça joue trop fort", c'est pour ça que Jules veut faire du violon "ou quelque chose de plus grand" (???). Gabriel, 7 ans, aime bien, "surtout quand ça va vite". Comme instrument de musique, il fait "tennis". Ethel, 5 ans, toute timide, trouve jolie "la lumière rose sur le piano".

Adam Laloum, c'est autre chose: sensible et contrôlé. Raffiné. Ce Scriabine méconnu, d'abord fougueux puis si moderne : comme s'il l'avait joué toute sa vie. Et la 7e sonate de Prokofiev : sonate "de guerre", terrifiée, rageuse, macabre, comme si Prokofiev allait tuer le piano. Laloum trop "gentil" au début, monte en puissance. Le dernier mouvement est magnifique et terrible.

Adam Laloum
 (Carole Bellaiche)

Ensuite, une Brigitte Engerer dans de ravissantes miniatures de Tchaïkowsky et autres : l'âme russe, toute de nostalgie, de neige et de sentiments. Et Boris Berezovsky devant 2.000 personnes (venues à 22 heures en semaine, malgré le froid dehors) dans le 2e concerto pour piano de Rachmaninov, son "tube". Berezovsky indifférent au début, se méfiant de ses sentiments. Et puis le changement : la merveilleuse mélodie du mouvement lent est jouée simple, nue, chantante ; c'est ainsi qu'elle vous poigne le coeur. Le final, ébouriffant de virtuosité... et de précision, qualités pas toujours réunies. Triomphe.

Voilà. En déjà cinq concerts Rimsky, Tchaïkowsky, Prokofiev, Scriabine, Rachmaninov. Et Chostakovitch. Car j'oubliais : par le quatuor Prazak (merveilleux quatuor tchèque avec son violoncelliste à la chevelure rousse permanentée par un coiffeur fou), le 8e quatuor à cordes de Chostakovitch : musique désespérée avec une larme dans chaque note. Comme Prokofiev dans sa sonate, Chostakovitch nous dit combien le XXe siècle a été terrible, souvent. La musique nous ouvre les oreilles et la musique, parfois, nous ouvre aussi les yeux.

 

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