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"L’offrande musicale" de Bach, par Marianne Vourch : une passionnante histoire contée aux enfants

Situation internationale mouvante, histoire de défis lancés et, surtout, génie musical à l’œuvre : tout y est pour rendre haletante l’histoire d’un des chefs d’œuvre de Bach, "L’Offrande musicale", créée par le Cantor de Leipzig pour Frédéric II. Marianne Vourch en raconte l’essence dans un livre-disque de la série "J’aime la musique" qui a l'avantage de nous montrer Bach autrement. Passionnant.
Article rédigé par Lorenzo Ciavarini Azzi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Portrait (détail) de Jean Sébastien Bach par Elias Gottlob Haussmann.
 (Leemage)

Nous avions découvert, au printemps dernier, le premier livre-disque de la série "J’aime la musique" (pour les jeunes à partir de 7 ans) de Marianne Vourch, consacré à Ravel. Curieux, pétillant et à la pédagogie soignée mais jamais pédante. Sorti il y a peu, le deuxième tome, dédié cette fois à "L’Offrande musicale" de Jean-Sébastien Bach, ne nous a pas déçus, au contraire.

Rencontre au sommet

"L’Offrande musicale" : œuvre essentielle de Bach, composée en 1747 (trois ans avant sa mort), chef d’œuvre contrapunctique (on reviendra sur ce mot barbare, le contrepoint, très bien expliqué par l’auteure) du maître de Leipzig. Mais Marianne Vourch aurait tout aussi bien pu choisir, parmi les incontournables de Bach, l’immense tube que sont "Les variations Goldberg" (du fait notamment de la grande médiatisation des interprétations de Glenn Gould au piano) ou l’inachevé "Art de la fugue". Car c’est moins d’une œuvre en particulier que de Bach dans son ensemble qu’on parle. Mais "L’offrande" a ceci de particulier qu’elle est le fruit d’une rencontre au sommet dont le lecteur (jeune et moins jeune) appréciera la dimension à la fois historique, politique, familiale… et éminemment ludique.
  (J'aime la musique - Bayard)

La fameuse rencontre a lieu entre Bach, au faîte de sa gloire, et Frédéric II, roi de Prusse, chez lui à Potsdam, en 1747. Or la Prusse, sous ce roi-là justement, avait engagé précédemment une guerre contre le pays de Bach, la Saxe. En même temps, elle constituait une puissance incontournable, dont les frontières chatouillaient la Pologne et la Russie à l’Est ! De son côté, Jean-Sébastien Bach était un véritable monument. A 62 ans, il était également à la tête d’une famille nombreuse comprenant parmi ses enfants musiciens un certain Carl-Philipp Emanuel (grand compositeur, encore très joué aujourd’hui), attaché à la cour de… Frédéric II. Guerrier, ce Frédéric II est néanmoins un roi aimant les arts, francophile, proche des Lumières. Et surtout musicien, bon flûtiste, compositeur à ses heures et collectionneur d’instruments.

Un jeu

Ce que Frédéric II propose au grand Bach qui vient lui rendre visite, en ce mois de mai 1747, n’est autre qu’un défi : celui d’improviser, à partir d’un thème donné, une pièce à trois voix. Le défi étant aussitôt relevé, le roi lui demande alors une fugue à… six voix ! Ce que Bach fera, en rentrant chez lui, et la livrera à peine deux mois plus tard. "L’offrande musicale" de Bach est née, faite de fugues, de ricercare, et de canons d’une grande virtuosité.

Marianne Vourch s’amuse à faire durer l’histoire, maintient le suspense et insère, au passage, toutes sortes d’informations sur Bach et son œuvre : son mystérieux rôle de "Cantor", par exemple, donc de maître de chapelle de l’Eglise Saint-Thomas de Leipzig, qui lui assure notamment des fonctions de prof de musique, mais aussi de latin et… de catéchisme. La religion, justement : ah, l’importance que revêt la piété chez Bach ! Il composera pas moins de 300 cantates d’église ! Mais les cantates de Bach n’expriment pas que la foi. Elles disent aussi l’âme humaine ("celle qui souffre, qui doute, mais aussi celle qui croit et qui jubile d’amour !", dit Marianne Vourch en évoquant "La Cantate du mariage") et le plaisir pour les choses de la vie ("la Cantate du café", pleine d’humour…).

Mais qu'est-ce donc le contrepoint ?

Au total, il y a là beaucoup d’informations pour un livre à l’attention des jeunes. Mais pour éviter de perdre ses lecteurs-auditeurs, Marianne Vourch d’un côté s’appuie sur les illustrations vivantes d’Axel Renaux, et de l’autre manie l’art du crescendo narratif et surtout de la clarté : en quelques mots, par exemple, elle parvient à rendre limpide et aérien le contrepoint, musique à l’appui : "Ecoutez ces trois voix qui entrent et qui poursuivent leur discours dans la Fugue de la Toccata en Ré mineur. Chaque voix prend la parole et poursuit sa mélodie. Puis elles se rejoignent, se superposent, se mêlent et s’entremêlent, se séparent à nouveau pour mieux se retrouver… Elles posent des questions, elles s’interrogent. Elles doutent parfois… C’est une grande force. C’est aussi toute la force de Jean-Sébastien Bach de traiter la musique en contrepoint. Car tout le cheminement de ces voix se nomme : le Contrepoint".

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