William Christie dirige des "Fêtes vénitiennes" virevoltantes à l'Opéra Comique
Le chef franco-américain dirigeait, pour la première fois à l'Opéra comique l'orchestre et le choeur des Arts florissants dans cet "opéra-ballet" d'André Campra (1710) où la danse tient autant de place que la musique, depuis une opération à Vienne qui l'avait contraint au repos en février 2014.
Tout concourait dans cette production alerte à l'enchantement d'un bal à Venise : décor de palais miroitant à la surface de l'eau (un sol réfléchissant) costumes fastueux dans toute la gamme des rouges et chorégraphie mi-baroque, mi-moderne avec ce qu'il faut d'espiéglerie et de créativité pour se renouveler tout au long des deux heures de spectacle.
Une compagnie des Pays-bas, Scapino Ballet Rotterdam a conçu les ballets qui contribuent à la légèreté de ces fêtes très galantes. Venise est à l'époque la capitale du libertinage, et Robert Carsen fait son miel de cet érotisme très gai, avec des personnages pour certains travestis et de piquantes transpositions : la "Raison" du prologue est incarnée par une mère supérieure, vite terrassée par la "Folie".
Exotisme et intrigues habiles
Le Français Campra (1660-1744), moins connu que Lully, connut pourtant un immense succès en son temps : après l'austérité du règne finissant de Louis XIV, le public est avide de légèreté, et l'opéra-ballet s'impose en réaction sous la régence et le règne de Louis XV. On y vient pour se divertir au fil d'intrigues habiles, avec une touche d'exotisme (Venise, Rome, Istanbul ou Séville). Campra retouchait sans cesse son ouvrage au fil des représentations et William Christie dut choisir parmi 4 versions du prologue et 9 de l'entrée pour ces "Fêtes vénitiennes".
Le prodige est que l'ensemble tient parfaitement debout, avec un joli fil conducteur d'amours éphémères et de trahisons. Au tout début, des touristes affairés sur la Place Saint-Marc se transforment magiquement en nobles vénitiens pour le carnaval. Le lendemain de la fête les retrouve épuisés au milieu des détritus pour l'épilogue: un rêve, en somme.
"Les Fêtes vénitiennes" du 26 janvier au 2 février à l'Opéra comique de Paris
Puis au Théâtre de Caen, au Théâtre du Capitole de Toulouse et enfin à la Brooklyn Academy of Music de New York en avril 2016.
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