Patrick Juvet a eu "un destin brisé par un succès qu'il a eu du mal à assumer", témoigne Jean-Michel Jarre
L'artiste évoque la solitude de l'"ami, le musicien, le collaborateur". Il "a vraiment eu cette vie de star" et s'y est "brûlé les ailes".
Patrick Juvet a eu "un destin brisé par un succès qu'il a eu du mal à assumer", a témoigné vendredi 2 avril sur franceinfo Jean-Michel Jarre, après la mort du chanteur suisse à l'âge de 70 ans. L'ex-star du disco, dont le corps a été retrouvé dans un appartement à Barcelone, "a vraiment eu cette vie de star, il s'est brûlé les ailes", explique Jean-Michel Jarre qui a travaillé avec le chanteur, en composant deux de ses albums.
Patrick Juvet "restera quelqu'un d'important dans ma vie, comme ami, comme musicien, comme collaborateur", souligne le compositeur. "C'est quelqu'un qui a définitivement marqué une page de la pop musique française." Jean-Michel Jarre a rencontré Patrick Juvet "à un moment donné où il avait envie de changer son statut de chanteur à midinette, chanteur de variété, pour essayer de faire quelque chose de différent".
De "chanteur à midinette" à star du disco
Comme il l'a fait pour Christophe, le musicien "a réfléchi sur la manière dont on pouvait créer des albums qui ne soient pas seulement une succession de chansons. C'est devenu une star du disco après les albums qu'on a faits". Mais selon lui, "sa carrière aurait pu aller beaucoup plus loin qu'elle n'a été, parce que ça démarrait vraiment très fort. Il aurait pu avoir une grande carrière internationale. Cela avait commencé, notamment grâce aux deux albums qu'on a faits ensemble".
Pour leur première collaboration sur l'album Mort ou vif, les deux artistes sont partis aux États-Unis, raconte Jean-Michel Jarre, "avec les musiciens d'Herbie Hancock". Sur l'album figuraient "des tubes comme 'Faut pas rêver', 'Papa s'pique et maman s'shoote', qui était un hommage à 'Papa pique et maman coud', de Charles Trenet, mais plus trash. On sortait vraiment des canons des minettes et de la variété. Viendra ensuite 'Paris by Night', avec 'Où sont les femmes' qui a été aussi un énorme succès".
Une voix "à la Bee Gees"
Jean-Michel Jarre souligne encore la voix "très particulière" de Patrick Juvet, "à la Bee Gees, avec un côté ambigu, provoc, qui attirait. Il attirait comme un aimant". L'ex-star du disco restera "vraiment le personnage glam-rock français", selon Jean-Michel Jarre. "Je pense qu'on gardera cette image de lui, c'est celle qu'il aurait souhaité qu'on garde de lui."
Le musicien a aussi écrit les paroles d'une chanson pour Patrick Juvet intitulée L'enfant aux cheveux blancs. "Cela le résume bien", juge Jean-Michel Jarre. "C'est-à-dire à la fois ce côté sale gosse et gamin et qui, en même temps, charriait une forme de tristesse, de mélancolie, de vieille âme." Patrick Juvet aura été "finalement, quelqu'un qui a toujours été assez seul, et assez malheureux", ajoute Jean-Michel Jarre. "C'est ce qui a donné aussi ces fulgurances qu'il a pu avoir à certains moments dans sa vie d'artiste."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.