Adele : les atouts d'une chanteuse en or, à Paris jeudi et vendredi
Ce n'est un secret pour personne : Adele fait preuve d'une technique vocale irréprochable. Oubliez l'autotune ! Adele n'est pas une starlette pré-fabriquée : au micro, sa puissance en impose. Cette contralto a du coffre mais elle sait aussi moduler avec subtilité, du plus aigu au plus grave et toujours du côté émotionnel de la force. Dès ses débuts, en 2008, ses prouesses vocales étaient à couper le souffle sur scène. Elle qui se décrit comme "une chanteuse de soul qui fait de la pop", reprenait alors sur scène son idole Etta James ("Fool That I am"). Sa tessiture exceptionnelle revient pourtant de loin : Adele a subi en 2011 une opération des cordes vocales après des saignements à la gorge. Elle n'a pas laissé de trace. Les témoins de ses récents concerts décrivent sa voix comme "parfaite" du début à la fin du show.
Difficile de qualifier Adele, connue pour son franc parler, de timide. Elle l'est pourtant, face aux grandes arènes qui l'ont toujours rebutée. Elle préfère chanter en petit comité et surtout écrire et composer à l'abri des regards. Cette tournée des stades d'une centaine de dates entamée le 29 février et qui se prolongera jusqu'en novembre, était donc inespérée. Si elle avoue avoir toujours le trac, Adele apparaît en tout cas extrêmement à l'aise sur scène. Et particulièrement volubile (un remède au trac ?). "Vous qui êtes venus en traînant les pieds, j'arriverai à vous séduire", prévient-elle, blagueuse mais déterminée. Comme indiqué sur le programme, la production du show a été guidée par cette question : comment rendre intime un concert dans une grande arène ? Apparemment, elle relève le défi haut la main. En ne jouant pas les superstars distantes, en démontrant qu'elle a su rester simple, les pieds sur terre (et parfois nus), Adele instaure une intimité, rarissime dans de telles arènes, et parvient d'autant mieux à toucher le cœur des spectateurs.
"Ce n'est pas un show de Beyonce", prévient parfois Adele un peu sèchement au micro. Pas de chorégraphies torrides au menu de ses concerts, donc. Pas non plus de pyrotechnie, ni de changements de tenues. Alors quoi ? Sur scène, sa botte secrète, outre sa voix captivante, c'est son humour. Et sa simplicité. A cet égard, si ce n'était sa robe de soirée pailletée, Adele se comporte entre les morceaux comme si elle se trouvait au pub avec sa bande de potes. Truculente, elle n'est jamais à court d'anecdotes savoureuses qui racontent en pointillé l'envers du décor. "Je me suis réveillée avec une voix à la Arnold Schwarzenegger" faute d'avoir coupé la clim dans ma chambre, remarque-t-elle par exemple de son accent cockney prononcé. Elle n'hésite pas non plus à faire de l'auto-dérision vacharde à deux doigts du comique de stand-up : "Vous auriez dû me voir dans les loges : j'ai dû faire un rasage de jambes en urgence !". Une façon de conjurer le climat recueilli qui prévaudrait sinon à ses shows et de s'excuser de son répertoire de "chansons dépressives", qu'elle résume comme "de la soul de coeur brisé". Il est un domaine, cependant, où Adele ne fait pas preuve d'humour : les portables brandis durant le concert. Une femme qui la filmait le 29 mai à Vérone en a fait les frais. "Je suis ici en vrai, dans la vraie vie, alors profite", l'a vertement tancée la chanteuse. Vous êtes prévenus !
Sur cette tournée, Adele est entourée d'une vingtaine de musiciens, dont une section de cordes et trois choristes. Depuis le coup d'envoi le 29 février à Belfast (Irlande), la setlist du show a peu varié : elle comprend 17 à 18 titres. Sans temps mort, bourré de tubes (what else chez Adele ?), le concert long de deux heures passe, dit-on, à la vitesse de l'éclair. Sans déflorer tout le déroulé du show, sachez qu'il débute par "Hello", le single qui a marqué son retour triomphal le 20 novembre dernier et qu'il se termine généralement par "Rolling in the Deep". Au milieu, un florilège de toute sa discographie, y compris son premier single "Hometown Glory" (2007), "Skyfall" le thème de James Bond qui lui a valu un Oscar de la Meilleure chanson en 2013, et une seule reprise, "Make You Feel My Love" de Bob Dylan, une chanson qu'elle a fait sienne depuis son premier album en 2008. Pas de scénographie spectaculaire, mais ses yeux en gros plan en prélude, des projections d'elle plus jeune sur le poignant "When We Were Young", un rideau de pluie sur "Set Fire To The Rain" et en final, une autre pluie de petits papiers citant des extraits de ses chansons. Rien de tapageur, juste un écrin sobre et classe où sa voix, tour à tour poignante (au chant) et blagueuse (les interludes), règne en majesté.
Adele est en concert à Paris (Hôtel Accor Arena) jeudi 9 juin et vendredi 10 juin
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