Chanteur, danseur, mannequin : qui est Lucky Love, l'artiste aux mille vies qui a envoûté la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques ?

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le chanteur Lucky Love, 30 ans, sur scène place de la Concorde à Paris (France), durant la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques, le 28 août 2024. (GONZALO FUENTES/AP/SIPA / SIPA)
Sa performance choc mercredi soir à fasciné tous les spectateurs. A 30 ans, Lucky Love, né sans bras gauche, s'est essayé a bien des champs artistiques et a surtout fait de son agénésie une force.

Il a subjugué tous les spectateurs et téléspectateurs, mercredi 28 août, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques à Paris. Avec ses faux airs de Freddie Mercury que surlignent ses lunettes aviator fumées et sa moustache, le chanteur et mannequin Lucky Love a offert une performance bouleversante, magnifique, qui restera dans les rétines et les esprits.

Alors que les athlètes de tous les pays étaient enfin arrivés sur la place de la Concorde, Luc Bruyère à l’état civil a interprété, dans un tableau lumineux, sa chanson en anglais My Ability, nouvelle version de son bientôt tube Masculinity.

Accompagné d’un orchestre et entouré de dizaines de danseurs valides et en situation de handicap, l’artiste magnétique a soudain tombé sa veste blanche brodée d’or (signée Pharrell Williams pour Vuitton), révélant son torse nu et son absence de bras gauche. Car Lucky Love est né avec un bras en moins. Dans sa chanson, sortie en mars 2023, il questionne : "Qu'est-ce qui ne va pas avec mon corps ? Ne suis-je pas assez ? Qui vous donne le droit de fixer les règles ? Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ?".

A 30 ans, le Lillois Lucky Love a déjà connu mille vies : enfant solitaire objet de moqueries et harcelé à l'école pour son handicap, il s’est très tôt consolé dans la danse au Centre chorégraphique de Roubaix alors dirigé par Carolyn Carlson, et dans la poésie - il écrit des poèmes depuis l'âge de 8 ans.

En vue de devenir plasticien, il étudie l’art à l’école Saint-Luc à Bruxelles pendant trois ans. Il vit alors en colocation avec le rappeur belge Roméo Elvis, frère de la chanteuse Angèle. Puis c’est le cinéma - une apparition dans le film français La Vie d'Adèle (2013) d'Abdellatif Kechiche, qui le pousse à s’inscrire au cours Florent - et le théâtre, lorsqu’il participe en 2019 à la pièce Elephant man de David Bobée, avec JoeyStarr et Béatrice Dalle, qui le prend alors sous son aile.

Mannequin, notamment pour Lanvin, Kenzo et Dior, lui qui a été diagnostiqué séropositif à l'âge de 19 ans est aussi connu pour ses performances sur les planches de Madame Arthur, célèbre cabaret travesti parisien dans lequel il devient "La Vénus aux mille hommes". "C'est là que la musique est vraiment venue à moi", confiait-il à France 3 en novembre 2023, Jusqu'au moment où je n'ai plus eu envie de me travestir pour chanter."

"Masculinity", un hit dans plusieurs pays

De fait, la musique connecte tous les champs artistiques de ce touche-à-tout. Son premier EP, sorti en juin 2023, s’intitule Tendresse et l’on y croise Juliette Armanet et surtout son hit Masculinity, une chanson qu’il a "eu un besoin viscéral d’écrire". Il y "chante une idée de la masculinité toxique et du patriarcat, dans laquelle on peut se retrouver", expliquait-il encore à France 3 Hauts-de-France. 

Si peu de Français le connaissaient avant mercredi soir, ce morceau a pourtant été streamé des millions de fois. Devenu d'abord un hymne pour les personnes trans aux Etats-Unis, il a ensuite été numéro un en Ukraine, en Pologne et en Iran, où elle a pris un autre sens. Cette chanson a aussi été entendue récemment dans plusieurs défilés de mode, notamment ceux de Gucci et Maison Margiela.

Ce coup de projecteur mondial sur Lucky Love mercredi lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques, une semaine après son passage au festival Rock en Seine, est une bonne nouvelle pour l’artiste dont le premier album enregistré à Los Angeles, I Don’t Care If It Burns (en français "Je m'en fous si ça brûle"), sortira le 15 novembre, avant un concert à la Gaîté Lyrique le 21 novembre.

"Certains disent que je prends une revanche sur la vie. Mais c'est un terme négatif. En réalité, tout ça, j'en ai fait une force", résumait Lucky Love auprès de France 3. "Je suis fier de mon corps et j'ai envie d'envoyer un message positif au sujet des corps différents. J'ai une urgence de vivre".

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