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Earth Wind & Fire à l'Olympia : trois bonnes raisons d'y courir

Dépassé, ce groupe afro-américain né il y a plus de quarante ans ? Lessivés leurs innombrables tubes funk et disco des années 70 ? Détrompez-vous. Attendu à l'Olympia vendredi 24 juin, Earth Wind & Fire est actuellement la formation Live au groove le plus infectieux de la planète. Trois raisons d'être (sur)excité par leur venue.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
(de g à d) Verdine White, Ralph Johnson et Philip Bailey de Earth Wind & Fire sur scène en juin 2015 à Miami Beach (Floride, USA). 
 (Johnny Louis/ WireImage / Getty Images)
1.
Des tubes pop aux racines afros 

"Let's Groove", "September", "Shining Star", "Boogie Wonderland" : ce groupe est une vraie machine à danser dont les tubes ont traversé les décennies sans se fâner (exceptée la décennie punk qui les jeta à tort avec l'eau du bain disco). 


Dans n'importe quelle fête, n'importe quel club ou n'importe quel mariage, leurs hits inusables sont capables encore aujourd'hui de ramener tout le monde sur la piste de danse. On aurait tort pourtant de les réduire à un groupe du passé et à quelques madeleines disco. 


Fondé en 1969, Earth Wind & Fire a inauguré un style unique inspiré à la fois du jazz, du funk, de la soul, du R&B et des rythmes afros et latinos. Un style bien plus exigeant et complexe qu'il n'y paraît, couplé à un esprit pop et à un objectif clair, presque une quête spirituelle : celle de procurer de la joie à l'auditeur.

Sa rythmique et son groove irrésistibles, le groupe les doit à son fondateur et leader Maurice White. Batteur de session chez Chess Records (notamment pour Muddy Waters) dans les sixties, il avait aussi appris à jouer du piano à pouces africain (le kalimba), devenu une part non négligeable du son d'Earth Wind & Fire.
2.
L'un des groupes funk les plus brillants sur scène 

"Ils ont tout : les cuivres, les guitares électriques et les voix", disait déjà Miles Davis de son "groupe préféré de tous les temps". De fait, on a rarement vu une formation live aussi impressionnante. Aujourd'hui encore, Earth Wind & Fire sur scène c'est une dizaine de musiciens, pas loin d'être virtuoses chacun dans leur domaine. Il y a des percussions, des cuivres, des guitares et du groove à réveiller les morts.

Mais aussi des voix extraordinaires. Longtemps ce fut le falsetto de Philip Bailey mêlé à la voix du tenor Maurice White qui fit merveille. Depuis le départ en 1994 (et la mort en février dernier) de Maurice White pour raisons de santé (parkinson), Philip Bailey est devenu leader au micro. Agé aujourd'hui de 65 ans, il brille toujours, assurant à la fois ses parties originelles et celles de Maurice White. Il est aussi au kalimba. Autour de lui, tous les musiciens de la formation, y compris son fils Philip Bailey Jr, chantent.
 


Quel est le secret de la vigueur d'Earth Wind & Fire ? Elle tient sans doute au fait que les membres encore en activité de la formation originelle des années 70 (le chanteur Philip Bailey, le bassiste Verdine White et le percussionniste Ralph Johnson) ont su renouveler le personnel et s'entourer durant la dernière décennie de musiciens plus jeunes comme le guitariste Morris O'Connor ou le fils de Bailey aux percussions et à la voix.

Conscients de l'honneur qui leur est fait, ces musiciens jouent de façon respectueuse mais aussi fougueuse, comme au premier jour, ces hymnes irrésistibles que sont "Shining Star", "Fantasy" ou "Sing a Song". Proches de la jeune garde du R&B et du hip-hop actuels, ils insufflent une modernité et une fraîcheur au groove d'Earth Wind & Fire, conjurant tout passéisme.

Voir en streaming vidéo leur prestation l'an passé au festival Bonnaroo (Etats-Unis) nous a tout simplement soufflé (regardez absolument l'extrait ci-dessous). Et convaincu que ce groupe afro-américain à nul autre pareil était irremplaçable. 

3.
Une influence incalculable sur le R&B et le hip-hop 

"Durant mes années de collège, les gamins blancs aimaient Led Zeppelin, les gamins noirs aimaient Parliament Funkadelic et les gamins bizarres écoutaient David Bowie, mais tout le monde aimait Earth Wind & Fire : ils étaient incontournables", résumait Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers, en février dernier lors de la mort de Maurice White.

Premier groupe afro-américain a avoir rempli le Madison Square Garden en 1979, introduit en 1994 au Hall of Fame de la NAACP (organisation de défense des droits civiques des afro-américains), Earth Wind & Fire a contribué à faire tomber les tabous raciaux aux Etats-Unis. Ce qui n'a pas empêché son saxophoniste Don Myrick de tomber en 1993 sous les balles de la police de Los Angeles qui l'avait pris pour un autre...
 


Le groupe aux 90 millions d'albums écoulés et aux six Grammys a aussi été le premier à jouer à la Maison Blanche après l'élection de Barack Obama (le 22 février 2009 au dîner du gouverneur), qui les citait en bonne place dans sa playlist musicale de 2012.

Sa formule magique de pop-funk-soul a eu une influence incalculable, en particulier sur le R&B actuel, des artistes tels que Beyoncé, Pharrell Williams, D'Angelo ou Justin Timberlake se revendiquant de son empreinte. Dans le hip-hop, des dizaines de pointures les ont samplé, de Snoop Dogg à Nas, EPMD ou De La Soul.

En retour, Earth Wind & Fire a collaboré ces dernières années avec des artistes comme Raphael Saadiq, Big Boi de Outkast, LL Cool J ou Will i.am. Ils ont joué aux Grammys en 2006 avec Mary J Blige et Ludacris. L'an passé, au festival Bonnaroo, ils ont invité les flambeaux du rap Kendrick Lamar et Chance The Rapper à monter sur scène avec eux pour un résultat euphorisant et ultra jouissif (vidéo ci-dessus). Quant à Quincy Jones (producteur de Michael Jackson), il s'est auto-proclamé leur "fan numéro un depuis le premier jour." Qui dit mieux ?

Earth Wind & Fire est en concert vendredi 24 juin à l'Olympia (Paris, complet)

 

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