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Festival Yeah! : trois questions à Laurent Garnier

C'est l'histoire d'une légende de la techno qui, avec deux copains, décide de lancer un festival pop-rock dans le petit village provençal où il a élu domicile : Lourmarin. Un rendez-vous farouchement indépendant et néanmoins solide, qui fête ses trois ans ce week-end (5-6-7 juin) au château avec des groupes coups de coeur, quelques bonnes bouteilles et un Dj set de Laurent Garnier en clôture.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Laurent Garnier aux platines à domicile, au festival Yeah! 2013.
 (Laure Narlian/Culturebox)

Comment avez-vous monté la programmation cette année ?

Laurent Garnier : Un peu comme les autres années. Nous sommes trois alors chacun propose des choses, on se fait un dîner et on se fait écouter des trucs et puis à partir du moment où on est d'accord, on essaye de contacter les agents et d'avoir les artistes. En revanche, si l'un de nous dit non, on n'insiste pas. On commence à bien se connaître alors si Nicolas (Galina) et Arthur (Durigon) pensent à un artiste un peu garage, ils me l'envoient, et si je tombe sur quelque chose de pop, je l'envoie à Nico. Au final l'affiche est très mélangée parce qu'on n'a pas tous les mêmes goûts. Après, on reste quand même dans le domaine pop rock avec de grands guillemets, on est très ouverts, comme notre public. Même si la programmation est excitante j'ai l'impression qu'on a pas besoin de la mettre en avant pour attirer du monde (et afficher complet) : les gens viennent parce qu'ils ont envie de passer trois jours ici, dans ce lieu, avec ce cadre et que l'idée de festival avec des artistes à découvrir leur plaît beaucoup.


Le Yeah! a son vin (La Vieille Ferme) depuis la première édition. Il a désormais son label de musique, Sounds Like Yeah! Comment est-il né ?

Laurent Garnier : Le projet est né alors qu'on commençait à rencontrer pas mal d'artistes, beaucoup de groupes sur Marseille ou dans le sud de la France qui font des choses super intéressantes et on s'est dit, tiens, peut-être que le label pourrait être une autre plateforme pour faire des choses pendant l'année et défendre les artistes du coin. Pour l'instant, on a signé deux groupes. D'abord Husbands, constitué de trois musiciens de Marseille issus de trois groupes différents (Nasser, Kid Francescoli et Oh Tiger Mountains !). On connaissait un des membres, ils nous ont fait écouter de la musique, on voulait sortir un single et quand ils nous ont fait écouter les douze morceaux très pop qu'ils avaient on a eu envie de sortir l'album - même si sortir un album d'emblée c'est la chose à ne pas faire quand tu montes un label ! (rires).  Le second groupe qu'on a signé s'appelle Narco Terror, ils sont deux, c'est très noise, métal, musclé. Le troisème groupe qu'on va signer c'est Ghost of Christmas, de la pop très électronique, sobre et élégante. On a un quatrième groupe en vue qui fait du blues folk. Donc sur ce label, comme avec le festival, on est sur quelque chose de très ouvert d'esprit qui montre aussi notre éclectisme. L'idée c'est de créer une sorte de single club et de fidéliser les gens, qui pourraient recevoir quatre ou cinq disques dans l'année en s'abonnant. 


Tu remplaces Etienne Daho, finalement forfait, par un dj set. A domicile as-tu prévu quelque chose de différent de ce que tu fais ailleurs ?

Laurent Garnier : Non cette année je vais faire du Laurent Garnier, d'autant que je joue trois heures. Les gens me trouvent imprévisible parce que je peux mettre aussi bien New Order que AC/DC mais comme on est sur un festival pop rock, ça fera du bien. L'an dernier j'ai fait un ping pong avec Dave Aslam et je crois que certains ont été frustrés parce que je n'ai pas joué tout seul ni joué assez longtemps. Je ne vais pas me gêner pour être techno non plus. Ce n'est pas parce que les gens viennent au Yeah! à un festival pop rock que le dimanche ils ne vont pas supporter la techno. Il n'y a plus trop de clivages aujourd'hui. On s'en est rendu compte super rapidement quand on a annoncé l'annulation d'Etienne Daho. On s'est dit ça va être la galère, on va être obligés de rembourser plein de billets, et en fin de compte seules 80 personnes ont réclamé. Sur internet, les gens nous ont dit, "on s'en fout, même pas mal, super contents, ca va être génial, on a envie de faire la fête à la fin". Et c'est le cas puisqu'on part sur quelque chose de très festif, on va servir un petit verre aux gens… Ca va être cool. Et puis il faut en profiter parcequ'après j'arrête pendant un petit moment. J'arrête au moins six mois, voire un an. Un an pour travailler sur mon film et, au moins six mois même s'il ne se fait pas. J'en profiterai pour prendre le soleil et passer mes 50 balais avant de recommencer à travailler.


Le Yeah! a lieu exactement au même moment que le Weather Festival (le grand rendez-vous techno house parisien), qu'est-ce que cela t'inspire ?

Laurent Garnier : Ca fait deux ans que les gens du Weather me demandent de venir et que je ne peux pas ! (rires). J'ai adoré le Weather Winter (la version hiver où il a joué en février), c'est dommage de ne pas pouvoir y aller mais quand on commence quelque chose il faut le faire à fond, alors je ne vais pas dire à mes deux associés, bah au fait samedi je me casse je vais au Weather ! (rires) C'est la vie, c'est pas grave, j'irai rejouer à Concrete. Chacun son petit festival !


Festival Yeah! 

Les 4-5 et 6 juin 2015 à Lourmarin
Concerts tous les soirs au château de Lourmarin, 19h à 01h30 (complet)
Evènements dans le village (dj sets, expo photo de Renaud Monfourny, animations pour les enfants etc) gratuit

Culturebox retransmet de nombreux concerts en direct du festival Yeah!

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