Jake Bugg : les cinq raisons du succès du jeune prodige anglais
Le concert commence par la diffusion d’un morceau de Robert Johnson alors que les trois musiciens (il est accompagné d’un bassiste et d'un batteur) entrent sur scène. Mais cette référence aux racines blues (et indirectement aux Stones) n’est qu’un tout petit ingrédient de la recette du succès du jeune garçon ténébreux.
Une voix et une maîtrise impressionnante
Nettement mise en avant dans son nouvel album, moins « cachée » sous les effets que sur le premier, la voix est le principal atout de Jake Bugg. Parfois un peu nasillarde à la Dylan, elle peut se faire frimeuse façon Liam Gallagher (Jake est d’ailleurs un chouchou de Noel, l’autre frangin d’Oasis), avec un accent du nord de l’Angleterre qui ne gâche rien, le jeune homme étant originaire d’un quartier modeste de Nottingham qu’il n’a jamais quitté jusqu’au début de sa carrière fulgurante.
Difficile de parler du style de Jake Bugg qui navigue entre country, brit pop, folk américain, rock et blues. Il cite Donovan et The Smiths tout en reprenant les Everly Brothers sur scène avant d’entonner sobrement l’hymne punk de Neil Young "My My Hey Hey". Mais ce qui peut apparaître comme un manque d’inventivité est aussi une force. Car à 19 ans, une fois posées toutes les références, forcément envahissantes à cet âge là, l’important est aussi de savoir les réinventer (c'est fait) avant de trouver de nouvelles voies.
Une envie de carrière
Pour l’anecdote, Jake Bugg raconte avoir eu envie de faire de la musique en découvrant une chanson du chanteur américain Don McLean dans le dessin animé des Simpsons «Je ne sais pas pourquoi elle m’a plu. Du coup, j’en ai écouté d’autres de lui. Avant je n’aimais pas la musique. Un jour, mon oncle m’a donné une guitare, il m’a montré quelques accords et j’ai commencé à répéter. À 14 ans, j’ai écrit mes premières chansons. » Depuis, Jake a décidé de mener sa carrière à sa façon, en préférant l'expérience de la scène aux avances répétées des émissions de téléréalité de son pays. Une vraie personnalité, encore cachée
Ses chansons ne prêtent pas franchement à la rigolade, mais pourquoi garder une mine aussi boudeuse tout au long d’un concert ? Il est rare d’assister à un set dans lequel aucun des musiciens ne manifeste la moindre expression de visage. Il faudra attendre un morceau en commun avec Honey Honey, le groupe de la première partie, pour voir un premier sourire, et c’est au second, sur un mini trou de mémoire, que l’on comprend que cette figure renfrognée est aussi le signe d’une certaine timidité et d’une intense concentration, qui lui permet de jouer si consciencieusement ses parties nerveuses de guitares et ses mélodies mélancoliques. Un second album surprise…et réussi
Parti à Los Angeles travailler seulement deux nouvelles chansons avec le grand producteur Rick Rubin (Beastie Boys, Aerosmiths, Kanye West, Adele, Mettalica…). Il a finalement enregistré un album entier en quinze jours, ce qui a provoqué un mouvement de panique chez sa maison de disque qui n’avait pas du tout prévu celà ! Mais le disque est à la hauteur des attentes de son public, de 16 à 60 ans ce soir là au Transbordeur. On y retrouve la même fougue maîtrisée du premier album, son sens inné de la mélodie et du refrain, avec une tonalité plus moderne qui ouvre une nouvelle voie au décidément très prometteur nouvel héros de Nottingham.
Shangri La de Jake Bugg - 1 cd Mercury
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