La révélation London Grammar triomphe à la Cigale
Lors de ce premier concert en France, ce phénomène en marche a prouvé qu’il tient aussi majestueusement la scène. Comme on s’y attendait, dès leur arrivée, le silence se fait : la salle retient son souffle. Il faut dire qu’Hannah Reid soigne son effet en démarrant par une série de vocalises démonstratives en prélude à « Hey Now », leur tout premier titre posté sur Youtube en décembre 2012 et qui les a propulsé en un temps record au firmament.
Cette voix obsédante, d’une puissance et d’une pureté rares dotée de surcroit d’un velouté à tomber, s’impose pourtant sans forcer. Elle est parfaite et tient la note, y compris dans les sommets les plus escarpés et les passages les plus périlleux. Heureusement car toutes les compositions, souvent signées d’Hannah elle même, placent son chant au centre, évitant la surcharge.
Très belle blonde, la chanteuse n’en rajoute pas en revanche sur le glamour : elle cultive un look simple et juvénile (sweat blanc sur jean’s neige et baskets montantes) qui tranche avec la solennité de son chant et la gravité de ses paroles désenchantées. Un peu d’humour ne ferait pas de mal. Il vient.
Retrouvez le concert intégral de la Cigale signé Culturebox ci-dessous (avancez à 8:00)
London Grammar au Festival Les Inrocks
Ovation sur ovation
Avec ses copains de fac Dan Rothman, dont la guitare cristalline rappelle celle de The xx, un de leurs modèles, et de Dot Major aux claviers et aux percussions, ils envoûtent, notamment avec leurs tubes « Wasting My Young Years » et « Strong » mais aussi le magique "Interlude", et récoltent ovation sur ovation, les bavards dans le public se trouvant régulièrement réprimandés d’un impérieux « chuuut !».
On en rit sous cape (c'est la messe !) mais on ne peut que s'incliner devant la ferveur pop mélo-dramatique et le somptueux dépouillement de ce groupe de Nottingham, inconnu encore il y a quelque mois et désormais promis aux plus hautes sphères (Lana Del Rey et même Adèle ont du souci à se faire).
Assez statique (zéro jeu de scène), Hannah se révèle néanmoins souriante et à l'aise lorsqu'elle s’adresse au public. Expliquant qu’il s’agit de leur premier concert public en France, elle taquine son complice Dot Major, « trop sexy quand il parle français ». De mère française, ce dernier, véritable sosie de Harry Styles de One Direction, souligne que « c’est trwè spécial pour nous de jouer à La Cigale parce que c’est trwè beau ».
Leur version transfigurée de « Nightcall », le hit électronique du Français Kavinsky, arrive à point nommé. Hannah tient alors à saluer « les amis que nous nous sommes faits sur la route, en venant ici. Nous étions complètement perdus, incapables de trouver la salle, sans eux nous ne serions pas là en train de jouer ». Les lumières se rallument et deux jeunes quidams lui font un petit signe timide depuis la foule. Bel esprit avec ça : encore un bon point pour Hannah.
Une reprise de « Wicked Games » de Chris Isaak et puis s’en vont. 40 minutes pour convaincre ? C’est fait. Et haut la main. A l'heure de l'abus généralisé de l'auto-tune, une telle voix n'a pas de prix. Courez les voir avant que la planète ne s’en empare. Après leur actuelle tournée, on n’est pas près de les revoir dans de si petites salles.
En tournée le 10 novembre à Nantes (festival des Inrocks), le 12 à Nancy, le 13 à Lille, le 15 à Lyon, le 16 à Strasbourg, le 18 à Toulouse et le 20 novembre à Bordeaux avant les Trans Musicales de Rennes le jeudi 5 décembre.
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