"The Eras Tour" de Taylor Swift à Paris, la tournée de tous les superlatifs arrive en France
Comptez sur elle pour faire danser l'Europe autant que lui tirer des larmes: la méga-star américaine Taylor Swift donne jeudi à Paris, avant Lyon, Madrid, Londres et Munich, le départ de sa tournée de tous les records sur le Vieux continent.
Ce show millimétré de 03h20, que la chanteuse a déjà emmené à travers les Amériques, en Asie et en Australie, retraçait jusque-là les dix albums (depuis Taylor Swift en 2006) qui l'ont propulsée d'étoile montante de la country américaine à plus grande star internationale de la pop, avec 110 millions d'auditeurs mensuels sur Spotify (contre 70 pour Beyoncé ou Dua Lipa).
Mi-avril, la chanteuse de 34 ans a sorti son 11e opus, The Tortured Poets Department. Vendu à 1,4 million d'exemplaires le premier jour, il est devenu le plus écouté à son lancement sur Spotify, avec un milliard de streams en cinq jours. Et ce malgré des critiques mitigées, le magazine musical britannique NME l'ayant qualifié de "rare faux pas".
"Va-t-elle dédier une section entière du concert à cet album ou juste jouer quelques morceaux ?", se demande Glenys Johnson, autrice de "Taylor Swift, l'histoire d'une icône mode" (éd. Place des Victoires), au nom des "Swifties", le surnom des fans de la chanteuse.
"Son public a grandi avec elle"
Selon Satu Hämeenaho-Fox, autrice de Into the Taylor-Verse, au cœur de l'univers de Taylor Swift (Gallimard Jeunesse), la grande blonde aux yeux bleus, à l'image revendiquée d'Américaine moyenne, a bâti son succès sur le "langage partagé de la jeunesse féminine".
"Il y a quelque chose dans sa musique qui capture le désir adolescent de voir sa vie débuter, l'aspiration à une existence plus poétique, chargée de passion, de danger et d'amour", décrit Hämeenaho-Fox à l'AFP.
Depuis 17 ans que l'artiste chante ses joies et ses peines, de cœur notamment, "son public a grandi avec elle. Les sentiments qu'elle transmet sont devenus plus complexes. (...) Elle crée un espace pour les émotions les plus profondes qu'on a parfois l'impression de ne pas être autorisé à ressentir".
Fan depuis Midnights, dont les sonorités électro-pop ont accroché l'oreille du grand public au-delà des Etats-Unis en 2022, Soukeyna, 16 ans, admire une "artiste très complète (qui) écrit tous ses textes" à un rythme stakhanoviste (quatre albums entre 2019 et 2022). "Il faut vraiment écouter les paroles et les comprendre parce que c'est quelque chose d'unique", plaide-t-elle.
La jeune fille originaire de Marmande (sud-ouest de la France), qui assistera au concert dimanche avec sa sœur aînée, apprécie aussi "l'impression de faire partie d'une communauté": "j'ai l'impression que tout le monde est très bienveillant. Tout le monde chante, on échange des bracelets, ça a l'air incroyable."
La star, personnalité de l'année 2023 selon le magazine Time, prend d'ailleurs le plus grand soin des "Swifties", allant jusqu'à les inviter chez elle ou leur offrir des cadeaux.
"Si ce n'était pas pour Taylor, on n'aurait pas du tout fait ce voyage"
"Si ce n'était pas pour Taylor", ils ne seraient sans doute jamais venus à Lyon : les concerts de Taylor Swift attirent des touristes inattendus dans la ville, où hôtels et commerces se réjouissent de cette bonne aubaine.
Plus de 100.000 personnes assisteront à la prestation de la mégastar américaine, qui se produira les 2 et 3 juin à Lyon. Comme ailleurs, les billets se sont arrachés en un rien de temps.
À un mois de l'événement, les réseaux sociaux fourmillent d'échanges entre ses fans, les "Swifties", qui préparent le voyage depuis les Etats-Unis, le Canada, le Costa-Rica ou le Nicaragua, et admettent volontiers avoir saisi le premier billet disponible.
"On peut dire que je vis ses paroles : j'ai compté les jours, j'ai compté les kilomètres pour te voir là-bas. 10.747 kilomètres pour être exacte !" s'amuse lors d'un échange avec l'AFP Naomi Imbang, 28 ans, qui viendra des Philippines faute d'avoir pu obtenir une place en Asie.
Rhonda Nye n'a même pas réussi à avoir "un code d'accès" pour réserver en ligne dans son pays, le Canada, mais a arraché des billets pour venir à Lyon avec son mari et ses deux enfants de 6 et 12 ans.
"Si ce n'était pas pour Taylor, on n'aurait pas du tout fait ce voyage", qui les emmènera aussi à Paris, Londres et Juno Beach, s'amuse-t-elle. Si le coût total des vacances risque de "dépasser les 10.000 euros" tout compris, "ça vaut le coup pour cette expérience unique".
"C'est beaucoup moins cher pour nous de venir en France pour voir Taylor" que d'assister à son concert au Canada, se rassure Lenka, 55 ans, qui se déplacera avec sa fille, sa nièce et sa belle-sœur. "Au lieu de dépenser 2.000 dollars pour un billet et un hébergement à Toronto, on a décidé de prendre l'avion pour la France". Le billet (275 euros), le vol et l'hôtel ont coûté environ 1.330 euros par personne, estime-t-elle. Lyon, qui a la deuxième capacité hôtelière en France avec 272 établissements et quelque 20.000 chambres, se réjouit de cette déferlante.
À ce stade, 80% des chambres sont réservées pour les 2-3 juin, selon l'office du tourisme, contre 30% d'occupation un mois avant un week-end ordinaire. "Sur un mois de juin c'est clairement exceptionnel", souligne une de ses représentantes. Et le prix moyen de la chambre d'hôtel a grimpé de 54% par rapport aux semaines suivante et précédente, selon une publication en mars de la société d'études Lighthouse. Dans le centre-ville, l'hôtel Maison No affiche complet le 2 juin à un tarif moyen de 300 euros, contre 140 euros en temps normal. Pour le soir du concert de Coldplay, fin juin, la chambre coûte "seulement" 240 euros, note un de ses employés.
Impact économique
Lors de chacun des quatre concerts parisiens, jusqu'à dimanche, ils seront près de 42.000 fans à La Défense Arena, dont 20% d'Américains et 10% d'Européens, selon des chiffres communiqués par la salle de spectacle à l'AFP.
Pour avoir leur billet, au bout de longues heures d'attente en ligne, ils ont dépensé 180 euros en moyenne, précise Bathilde Lorenzetti, vice-présidente de Paris La Défense Arena. Et les fans ne comptent pas s'arrêter là: la salle, qui a eu un aperçu des files d'attente lors des shows japonais, a exceptionnellement doublé les points de vente de produits dérivés.
Sa sixième tournée emmènera ensuite l'ancienne petite fiancée de l'Amérique, qui a pris position contre le trumpisme en 2018, en Suède, au Portugal, en Espagne, à Lyon (2-3 juin), au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Pologne et en Autriche.
Avec à chaque fois un impact considérable attendu sur l'économie locale. Différentes études évaluent entre 5 et 10 milliards de dollars les retombées aux Etats-Unis.
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