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Une fausse chanson de Drake et The Weeknd générée par Intelligence artificielle inquiète l'industrie musicale

La chanson, "Heart on My Sleeve", qui a connu un succès fulgurant après avoir été postée sur TikTok, a été retirée des plateformes musicales à la demande de la maison de disques UMG qui représente les deux artistes.
Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
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A gauche, The Weeknd à Los Angeles (Etats-Unis) le 12 décembre 2022, à droite Drake à Los Angeles (Etats-Unis) le 4 juin 2019. (FRAZER HARRISON / WIRE IMAGE / GETTY - KEVIN WINTER / GETTY IMAGES)

C'est une chanson au succès fulgurant : mise en ligne dans une vidéo sur TikTok samedi 15 avril, Heart On My Sleeve avait enregistré quelque quinze millions de vues en 48 heures. Drake et The Weeknd, qu'on y entend échanger des rimes, auraient pu se féliciter. Sauf que les deux chanteurs et compositeurs canadiens n'ont rien à voir avec cette chanson : elle a été générée par Intelligence artificielle et postée par un utilisateur anonyme du nom de Ghostwriter977. Ce qui pose une nouvelle fois la question de la propriété intellectuelle face à l'intelligence artificielle.

Le titre, qui mêle sonorités hip-hop et rap, clone les voix des artistes en simulant des échanges au sujet de l'actrice Selena Gomez, avec laquelle The Weeknd a récemment eu une courte histoire.

La maison de disques Universal Music Group (UMG), qui représente les deux artistes, a demandé le retrait de la chanson des plateformes pour violation des droits d'auteur. Spotify et Apple Music, sur lesquelles elle était disponible depuis le 4 avril, l'ont depuis supprimée de leur catalogue, mais elle continue d'être partagée par de nombreux internautes sur différentes plateformes et réseaux sociaux.

"Le futur est là", assure l'auteur anonyme


"J'ai utilisé une IA pour créer une chanson de Drake avec The Weeknd", écrivait Ghostwriter977 dans une vidéo sur laquelle on voit une silhouette recouverte d'un drap blanc arborant des lunettes de soleil. "Ce n'est que le début", a-t-il écrit sur sa page TikTok alors que de nouvelles vidéos contenant le morceau sont republiées fréquemment. Selon le site de Rolling Stone (en anglais), Ghostwriter977 affirme dans les commentaires d'une de ses dernières vidéos qu'il a été un "ghostwriter", c'est à dire un auteur fantôme pour des pop stars, et a été "payé presque rien" pour cela, "au seul profit des majors" (les grosses maisons de disques). "Le futur est là", a-t-il ajouté. 

Cela "pose la question de savoir de quel côté de l'histoire tous les acteurs de l'écosystème musical veulent être: du côté des artistes, des fans et de l'expression créative humaine, ou du côté des contrefaçons profondes, de la fraude et du refus aux artistes de la rémunération qui leur est due", a indiqué Universal Music Group (UMG) dans un communiqué.

Inquiétude de l'industrie musicale

En mars, la maison de disques a écrit aux plateformes de streaming, incluant Spotify et Apple, en leur demandant d'empêcher les services d'Intelligence artifiielle d'extraire les mélodies et les paroles de leurs chansons protégées par le droit d'auteur, selon le Financial Times. Pour nourrir et entraîner leurs algorithmes, les services d'IA sont en effet accusés de siphonner la musique disponible en ligne. "Nous n'hésiterons pas à prendre des mesures pour protéger nos droits et ceux de nos artistes", avait alors menacé UMG, qui contrôle "environ un tiers du marché global de la musique", selon le quotidien économique britannique.

L'utilisation de l'IA en musique est sujet à débat dans l'industrie musicale, certains dénonçant les dérives juridiques qu'elle entraîne et d'autres louant ses prouesses. Le Français David Guetta a récemment utilisé l'IA pour générer une voix à la façon du rappeur Eminem durant quelques secondes pour un de ses shows (ci-dessous). Le DJ star n'a pas commercialisé ce titre, expliquant à la BBC vouloir "ouvrir la discussion pour une prise de conscience". "J'ai fait ça comme une blague mais ça marche tellement bien, c'est incroyable", remarque-t-il.

Certains observateurs considèrent que si elle est utilisée comme un outil de création et qu'elle ne viole pas les droits des artistes, l'IA pourrait être une avancée technologique comme une autre, à l'instar du synthétiseur pour les musiques électroniques. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ? A minima, le temps presse.

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