Printemps de Bourges : Izïa et Juliette Armanet mettent le feu au W, la grande scène du festival
Ne croyez pas les applications qui vous disent que la distance entre le parking du centre-ville de Bourges et la grande scène du W se parcourt en une vingtaine de minutes. Virtuellement, c’est vrai. Réellement, cela peut prendre facilement deux heures. Pourquoi ? En ce jeudi 20 avril, le soleil, l’air vivifiant et la musique qui arrive de partout, de plusieurs cafés et scènes improvisées, rendent la distance aléatoire, relative. Première halte devant Central bar qui a sorti ses tables et chaises en plastique blanc : le groupe La Marquise réjouit son public avec de la chanson française. Pause agréable et –forcément- trop courte.
Dans la ville, des manifestants et syndicalistes occupent un rond-point pour protester contre la réforme de la retraite. Ils promettent, en chansons, au président de la République de résister encore et encore. Un autre rassemblement a lieu près de la gare SNCF.
Le rap, une chanson française
Le malentendu entre le rap et le Printemps de Bourges semble faire partie du passé. L’an dernier, l’artiste Dinos trouvait que le rap était marginalisé. Cette année, il a droit à la grande scène du W. Aujourd’hui, à la Maison de la culture, l’exposition consacrée à 40 ans de rap français ne désemplit pas. Et au programme: Oxmo Puccino qui présente Désir(s), une création originale pour laquelle il convie la nouvelle génération : BB Jacques, Benjamin Epps, Eesah Yasuke, Jäde et Jok’Air. Boris Vedel, directeur du Printemps de Bourges a su lever toutes ambiguïtés.
Quand la musique est bonne
De la Maison de la Culture à la grande scène du W, le temps s’est rallongé. Déambuler dans le village, au milieu des stands, des scènes libres, ne réduit pas la distance. La soirée s’annonce prometteuse : Hervé, Izïa, Benjamin Biolay, Juliette Armanet se partagent, dans l’ordre, l’affiche. A 19 heures, près de 8000 personnes entrent sous le grand chapiteau. Hervé, chargé de chauffer la salle, remplit admirablement sa mission. Le jeune natif des Yvelines fait une performance physique incroyable. L’artiste électro est content d’être à Bourges et ça se ressent. Au clavier, à la danse, au chant, il ne cache pas sa joie. « C’est la première fois que je joue devant un public aussi nombreux », confie-t-il. Sa générosité sur scène trouve écho. Une partie du public reprend ses chansons et se trémousse. Pour sa première au Printemps de Bourges, l’artiste, tout de blanc vêtu, entame son tube Addenda, en communion avec son public.
La vague
Comme une tornade, Izïa emmène la salle dans une autre dimension. Look et attitude rock, l’habituée du Festival (son premier passage remonte à 2006) finit en nage. Elle a joué sans filet et sans économie. Sa générosité sur scène est inouïe. Aucun temps mort, toujours survoltée et investie, Izïa est comme saisie par une urgence dont elle est seule à en connaître le secret. Alors, elle se chante sans retenue, mettant sa voix et son corps au défi de suivre son ambition, sa rage. Devant un public réactif, intergénérationnel, elle enchaîne ses titres-phares La vague, Sentiers ou Etoile noire avec un réel bonheur. Avec Irradié, Izïa a rendu un hommage vibrant pour son père, Jacques Higelin qui avait participé en 199 à la premiere edition. On la sentait très émue. Izaïa, une rockeuse qui brûle la scène.
Avec des lunettes noires, Benjamin Bioley, autre habitué du Printemps, entame sa prestation avec une guitare sèche. L’artiste devait se demander si le public de ce soir s’est déplacé pour lui. Placé entre Izïa et Juliette Armanet, il découvre très vite qu’une bonne partie de l’assistance reprend ses chansons dès les premières notes. L’interprète de A l’origine, Sans viser personne, Moi, rien ou encore Rends l’amour a mis du temps pour entrer pleinement dans le spectacle. «C’est quand on se sent bien sur scène qu’on doit partir », avoue-t-il, avant de céder la place à Juliette Armanet.
Brûler le feu
Le ton est donné de suite. Peu après minuit, fumée et lumières animent le décor rétro d’un cabaret, qui voit surgir Juliette Armanet vêtue d’un costume noir à paillettes. Le show s’annonce remarquable. Et il le sera. Le public, particulièrement les jeunes, est conquis d’avance. Mais l’artiste conquiert la foule en s’y plongeant sans retenue. Le Covid n’est plus qu’un lointain souvenir. Elle a quitté la scène pour déambuler dans la salle en dansant un slow avec hommes et femmes. Sans presser l’artiste, tout le monde attend Le dernier jour du disco. L’artiste a su proposer un spectacle incandescent, flamboyant. Juliette Armanet est définitivement une grande show woman. Arriva (enfin, pour certains) Le dernier jour du disco : l’apothéose. L’ambiance est déchaînée, électrisée. Un vrai show. Pour clore le spectacle, Juliette Armanet finit avec Brûler le feu. Cela sonne comme une promesse, pour sa tournée estivale.
Il est plus d’une heure du matin, le chapiteau se vide après près de six heures de concert. Avec une température de 4 degrés, les gens se pressent de rentrer chez eux et de rejoindre le centre-ville en moins de vingt minutes. Une belle journée Printemps à Bourges.
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