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Avec Favé et Eesah Yasuke, la relève du rap français enflamme le Printemps de Bourges

Un rappeur egotrip, une rappeuse engagée : Favé et Eesah Yasuke n'ont pas le même style mais ils ont confirmé sur scène au Printemps de Bourges vendredi 21 avril qu'ils étaient là pour durer.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
La rappeuse française Eesah Yasuke aux Nancy Jazz Pulsations le 7 octobre 2022 et à droite le rappeur français Favé dans un studio parisien le 12 avril 2023. (ALEXANDRE MARCHI / L'EST REPUBLICAIN / MAXPPP - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le Printemps de Bourges n'a pas seulement misé cette année sur les poids lourds du rap comme Dinos ou Gazo. Le festival a aussi parié sur la nouvelle génération avec Favé, tout en ego-trip, ou la rappeuse Eesah Yasuke et sa plume engagée.

Le jeune Favé affole les compteurs

Favé, 18 ans, est une météorite venue de la région parisienne. Repéré à 16 ans grâce à des morceaux postés sur les réseaux sociaux, il fait actuellement un carton avec son titre Urus qui approche les 40 millions d'écoute sur la plateforme d'écoute Spotify et Gazo l'a choisi pour un featuring, une de ces collaborations dont le rap est friand, sur No Lèche.

Favé est l'incarnation de cette "scène rap frénétique", comme le résume le directeur du Printemps de Bourges Boris Vedel. "Le public du rap, il n'est même plus amoureux, il est passionné, du jour au lendemain, des artistes inconnus encore il y a quelques mois remplissent des salles juste en passant par leurs propres réseaux sociaux", ajoute-t-il.


"Tellement ça va vite, je n'ai pas eu le temps de réaliser que c'est une chance de ouf tout ce que je vis", glisse le rappeur à l'AFP. "Je n'ai jamais été voir dans ma vie ni un concert ni un festival, ma première expérience de tout ça, c'est maintenant", confesse-t-il. "J'suis préparé/Banlieusard prêt pour faire bouger tout Paris", annonçait-il pourtant dans son single Mercedes sorti il y a un an.

Nullement impressionné, Favé a donc chanté vendredi 21 avril pour la première fois en festival au Printemps de Bourges, pour son quatrième passage seulement sur scène dans sa carrière naissante. Sur scène, le jeune rappeur est épaulé par un DJ juché sur une sorte de Space Invader géant. Quand il déboule, une forêt de smartphones s'allume pour le filmer et les spectateurs, adolescents en écrasante majorité, connaissent déjà refrains et punchlines par coeur. Il passera cet été par le festival Solidays, entre autres.

Eesah Yasuke écrit sur ce qui la touche

La rappeuse Eesah Yasuke lui a succédé sur scène, avec un style différent, plus posé, plus réfléchi, qui a réussi à capter l'attention d'un public pourtant venu là pour faire la fête. La jeune femme - qui ne dit pas son âge - a commencé à écrire des poèmes à 14 ans pour coucher sur le papier une vie heurtée. Originaire de Roubaix (elle vit aujourd'hui à Lille), elle est alors placée dans un foyer qui l'éloigne de son projet de sport-études pour devenir sprinteuse.

L'envie d'écrire, devenue envie de rapper, a resurgi quand la jeune adulte allait devenir "éducatrice spécialisée pour bosser en accueil de jour, avec des personnes en situation d'exclusion". "J'ai envie de chanter sur ce qui me touche", dit-elle. Ses morceaux dénoncent le racisme (NGR) ou la montée des idées d'extrême droite (X-Trem). Après un premier mini-album, Cadavre exquis, sorti en 2021, le second prévu pour le 30 mai, Prophétie, s'inspire de son parcours. 


Outre son propre show, Eesah Yasuke était une des voix d'une soirée au Printemps de Bourges concoctée par Oxmo Puccino. Cette figure du rap hexagonal a été séduit par le rap sensible de cette rappeuse dont le nom de scène vient de Yasuké, premier samouraï noir au XVIe siècle. Capturé par des marchands d'esclaves au Mozambique, il arriva au Japon, où il entra au service d'un seigneur. Eesah Yasuke a, elle, pratiqué le ju-jitsu, autant pour cet art martial que pour sa philosophie: "on ne l'utilise pas pour agresser, on sait se défendre quoi qu'il arrive".

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