Deux hommes reconnus coupables du meurtre en 2002 de Jam Master Jay, fondateur du groupe de rap Run-DMC
Deux hommes ont été reconnus coupables mardi 27 février par un jury du tribunal fédéral de Brooklyn du meurtre en 2002 du DJ et fondateur du trio Run-DMC, Jam Master Jay, une figure du hip-hop dont le décès brutal avait choqué l'univers du rap.
Jam Master Jay, père de trois enfants, avait été tué par balle à 37 ans, le 30 octobre 2002, dans son studio d'enregistrement du Queens à New York, un crime resté non élucidé pendant près de deux décennies, avant l'inculpation en 2020 des deux suspects, Ronald Washington et Karl Jordan Jr. "Vous venez de tuer deux innocents", a lancé Ronald Washington au moment où il était conduit hors de la salle d'audience, alors que des parents et amis des accusés, présents au procès qui a duré près d'un mois, éclataient en sanglots. La peine sera prononcée à une date ultérieure.
Nouveaux témoins
"Quel que soit le temps qui passe (...) la justice sera rendue et le mal causé par ceux qui mettent fin à la vie intentionnellement et sans raison sera réparé", a déclaré, peu après la lecture du verdict, le procureur fédéral pour le district Est de New York, Breon Peace. D'après l'accusation, les deux hommes avaient agi par vengeance, après avoir été exclus d'une vente de cocaïne. Selon cette thèse, Karl Jordan Jr, 18 ans à l'époque et filleul de la victime, avait tiré une balle de calibre 40 dans la tête du DJ, pendant que Ronald Washington tenait en joue les autres personnes présentes dans le studio.
Les procureurs se sont appuyés sur deux témoins du crime qui avaient longtemps gardé le silence. "Les témoins dans le studio d'enregistrement connaissaient les tueurs, et ils étaient terrifiés à l'idée de subir des représailles s'ils coopéraient avec les forces de l'ordre", a ajouté Breon Peace.
Mais les avocats de la défense ont pointé du doigt un troisième suspect, Jay Bryant, inculpé en mai 2023 et qui doit être jugé séparément et à une date ultérieure. Selon l'accusation, Jay Bryant est impliqué, car il a permis aux deux accusés de rentrer dans le studio. Pour la défense, c'est sur lui que pèsent les soupçons les plus lourds d'avoir été le meurtrier.
Le trafic de drogue, une nouvelle source de revenus
La mort de Jam Master Jay dans le Queens, l'arrondissement populaire new-yorkais où s'était formé Run-DMC au début des années 1980, avait été un immense choc pour l'univers du rap, rappelant les morts violentes de deux autres géants, Tupac Shakur, assassiné à Las Vegas en 1996, et The Notorious B.I.G., tué à Los Angeles en 1997.
Les funérailles du DJ, dans la cathédrale Allen, avaient été grandioses, réunissant le gotha du rap américain de l'époque, de LL Cool J à Queen Latifah, en passant par Chuck D (Public Enemy) et ses compères de Run-DMC, Joseph "Run" Simmons et Darryl "DMC" McDaniels, au milieu de plusieurs milliers de personnes. Le trio est souvent considéré comme le premier grand groupe de rap, avec ses tubes It's Like That, It's Tricky, et la célèbre reprise du titre d'Aerosmith, Walk This Way, en duo avec le groupe de rock.
Le procès a révélé une part plus sombre du DJ, de son vrai nom Jason Mizell, qui s'était impliqué dans le trafic de drogue pour soutenir son train de vie et celui de ses proches, alors que Run-DMC perdait de sa notoriété, selon les procureurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.