Hymne des Bleus : le rappeur Youssoupha ignore la polémique et refuse que le Rassemblement national dicte "l'agenda des débats"
Interrogé sur la polémique autour de l'hymne des Bleus pour l'Euro 2021, portée par le RN, le rappeur Youssoupha ne veut pas relancer le débat, mais s'est dit inquiet pour "la suite", à l'approche des prochaines présidentielles.
Youssoupha s'est exprimé jeudi 3 juin sur la polémique née notamment sur les bancs de l'extrême-droite et à la Fédération française de football, autour de la chanson Ecris mon nom en bleu!, sorte d'hymne des Bleus qu'il a écrit à l'occasion de l'Euro 2021.
"Je ne réagis pas pour des gens comme ça"
Invité de l'émission "Quotidien" sur TMC, le rappeur Youssoupha a répondu ne pas vouloir alimenter cette polémique et ne pas se soumettre à "l'agenda" imposé par le Rassemblement National. L'artiste reconnu dans le monde culturel pour sa plume affinée a réagi pour la première fois. "C'est agaçant que le Rassemblement national dicte l'agenda des débats. Au début, c'était accidentel et maintenant, c'est devenu la norme." a-t-il deploré.
Sollicité par différents médias, Youssoupha a confié avoir préféré décliner les invitations afin de ne pas tomber dans les "ficelles" du parti. "Tu fais un truc, tu dis un truc, le RN le récupère et il faut que tu réagisses. Non moi, je réagis si je veux et surtout, je ne réagis pas pour des gens comme ça, ils ne sont pas importants, c'est leur agenda", a-t-il défendu.
"Ça vient des campagnes et des quartiers"
Rappelons les faits : le 19 mai l'Equipe de France dévoile sur Twitter le nouvel hymne des Bleus composé et interprété par Youssoupha. "Écris mon nom en bleu, crie mon nom en bleu, note-le écris mon nom en bleu...", scande l'artiste de 41 ans. Et la chanson est accompagnée d'un clip annonçant la liste des 26 joueurs français sélectionnés par Didier Deschamps pour le championnat d'Europe
"Ça vient des campagnes et des quartiers, personne va s'écarter, le camp sera gardé. Chaque blase est lourd de sens. C'est jour de chance, mélange meilleur d'un goût d'ailleurs et d'un goût de France", poursuit le rappeur d'origine congolaise alors que les visages des joueurs défilent au rythme du morceau qui se veut fédérateur.
Un choix critiqué
Mais le choix de l'interprète n'est du goût de tout le monde. Invité de Franceinfo, Jordan Bardella, vice-président du RN, a estimé que choisir ce rappeur pour l'hymne des Bleus à l'Euro c'était "céder à une partie racaille de la France". Le numéro deux du mouvement a souligné que le rappeur était "quelqu'un qui dans ses chansons a des paroles extrêmement virulentes, notamment lorsqu'il appelle à des menaces de mort contre Eric Zemmour." la présidente Marine Le Pen a confié, elle, que le footballeur ne portait pas "les valeurs qui sont les (siennes)".
De son côté, le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a estimé, dans un entretien au Parisien, que l'annonce de la liste des joueurs n'aurait pas dû être accompagnée d'une chanson devenue polémique du rappeur Youssoupha. "Je crois que nous n'aurions pas dû le faire et laisser la liste être divulguée comme d'habitude, sans communication" a-t-il déclaré. "Youssoupha est un bon rappeur qui, comme d'autres, a pu avoir des paroles déplacées", a jugé l'homme. Et de poursuivre : "Ce morceau ne méritait pas autant de commentaires, c'est de la politique".
Soutenu par Roxana Maracineanu
La ministre des Sports a, elle, défendu le choix de Youssoupha pour interpréter cet hymne : "Youssoupha est un rappeur qui est populaire, qui est engagé contre le racisme, qui a des convictions. La Fédération de football est aussi engagée contre le racisme, le sport en général l'est aussi. Il promeut la diversité dans cette chanson" a déclaré Roxana Maracineanu sur Franceinfo.
A son tour la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot a apporté sur Europe 1 son soutien au chanteur. "C'est un hymne aux Bleus et l'hymne de Youssoupha ne me gêne absolument pas", a-t-elle confié.
Youssoupha inquiet pour la "suite"
Absent de France lorsque la polémique a éclaté, Youssoupha n'a donc pas voulu la commenter plus tôt. Sur le plateau de "Quotidien", il s'est dit inquiet pour "la suite", ne cachant pas ses craintes à l'approche des prochaines présidentielles : "Je pense vraiment que ce n'est pas bien parti. Je me permets rarement de parler pour les autres, mais je ne sais pas s'il faudra compter encore sur les banlieusards, les Noirs et les Arabes pour faire barrage. On laisse tellement avancer ces gens-là (l'extrême-droite, ndlr), en leur donnant la place et le droit de cité, comme si c'était normalisé alors que c'est de la médiocrité", a-t-il déclaré.
"Ils ont le buzz, mais on peut rester dignes. Et prendre de la hauteur, s'indigner au moment où il faut s'indigner et ne pas se laisser mener par le bout du nez", conclut le rappeur.
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