IAM poursuit son "rap à l'ancienne", avec un 8e album, "Rêvolution"
Pour son retour après quatre ans d'absence, IAM aurait pu se contenter de la célébration prévue des 20 ans de son opus majeur, "L'école du micro d'argent", avec une mini-tournée qui passera par les plus grandes salles de France du 8 novembre au 5 décembre.
Mais le quintet a encore des choses à dire sur disque, comme le démontrent les 19 titres de "Rêvolution" dans lequel il reste fidèle à son savoir-faire et à sa façon de mener le combat avec force espoirs et rêves.
Une profession de foi assumée par Shurik'n de sa voix grave : "C'est ce qu'on voulait. Pendant l'écriture on se disait qu'on avait besoin d'avoir une étincelle, malgré un discours à tenir".
"C'est vrai qu'on a des bons sentiments", embraye Akhenaton avec son accent marseillais. "Quand tu vis des vrais trucs, des choses dures, tu t'accroches aux bons sentiments."
"Ne pas tomber dans le jeunisme"
Ainsi IAM assume-t-il, en presque trente ans d'existence, son "orthodoxie musicale". Celle qui suit les préceptes du rap américain né au début des années 1980 et qui demeure la référence du genre aux yeux du groupe, soucieux "de ne pas tomber dans le jeunisme" en imitant les productions actuelles.Les trois premiers morceaux en sont la démonstration. Ils sonnent "East Coast", cette mouvance d'un hip hop rude, parfois même rêche, née à New York, où les Marseillais ont d'ailleurs mixé leur album.
Incidemment, les textes se font alors plus sombres, comme dans "Bad Karma". Une chanson qui cible l'individualisme, comme l'explique Akhenaton : "Si on vomit sur les gens à longueur de journée, si on est en colère, si on crie sur le monde, il ne faut pas s'étonner si les nuages viennent s'accumuler au-dessus de la tête."
Marine Le Pen ? "Un vote fasciste pur et dur"
Shurik'n va plus loin et évoque les dangers qui attendent une jeunesse délaissée : "Quand tu coupes les subventions, tu fermes les centres sociaux, tu ne formes plus les gens sur le terrain, tu ne les laisses plus travailler sereinement. Ca donne des jeunes qui errent toute la journée, ils s'emmerdent. Et il y a parfois quelqu'un qui leur trouve une occupation. Et ce n'est jamais une bonne. Ils peuvent aussi aller la chercher dans des groupes où il ne faut pas."En interview comme à la scène, Akhenaton et Shurik'n se passent le micro avec une verve indéfectible, surtout quand il s'agit de parler des choses qui fâchent. "Marine Le Pen, un vote de contestation ? Non, non, non. C'est un vote fasciste pur et dur", fulmine Akhenaton, quand Shurik'n déplore qu'aujourd'hui un jeune puisse "glisser sur quelque chose de malencontreux" en référence à la récente affaire Théo.
"On a encore des rêves"
Ancré dans la réalité - "A Marseille, s'il y a des enfants qui se tirent dessus, car ce sont réellement des enfants, c'est parce que ce sont des enfants d'un désert culturel", dit Akhenaton -, IAM se garde de tenir un discours politique dans ses nouvelles chansons.Comme l'induit le jeu de mot derrière "Rêvolution" (rêve + évolution, ndlr), le leitmotiv est de placer l'espoir au centre. "C'est le propos du morceau 'Grands rêves, grandes boîtes', abonde Akhenaton. Si on a des grands rêves, construisons les grandes boîtes pour les placer dedans."
"C'est notre façon de maintenir le cap", assure-t-il. "On a encore des rêves à nos âges (autour de la cinquantaine, ndlr), cette naïveté de s'émerveiller de la chance qu'on a de pouvoir faire tous les jours de la musique. C'est le plaisir qui nous maintient en activité. On a le luxe rare de conjuguer passion et métier. Donc on essaie de le faire bien."
IAM est jeudi (2 mars) dans le concert d'Alcaline, à voir ou revoir sur Culturebox.
IAM a prévu 19 dates de concerts, notamment le 9 novembre à Strasbourg, le 12 à Grenoble, le 13 à Lyon, le 14 à Nice, le 16 à Marseille, le 17 à Toulouse, le 20 à Bordeaux, les 24 et 25 à Paris, le 28 à Lille
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