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Kendrick Lamar embrase les Grammys avec une performance ultra politique

S'il n'est pas reparti avec les 11 Grammys qu'il pouvait espérer remporter lundi soir, Kendrick Lamar a dominé largement cette 58e édition de la cérémonie musicale la plus importante de l'année aux USA. Le rappeur a non seulement reçu 5 Grammys, mais il a aussi offert une performance magistrale et très politique qui restera dans l'histoire.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Kendrick Lamar est arrivé enchaîné pour sa performanceaux 58e Grammy Awards, lundi 15 février 2016.
 (SIPANY/SIPA)

Cinq Grammys en un soir

Il voulait remporter, "pour la culture hip-hop", les 11 Grammy Awards pour lesquels il était nominé. Lundi soir, Kendrick Lamar n'y est pas parvenu mais il a tout de même râflé cinq trophées : celui du Meilleur album rap (Pour "To Pimp a Butterfly"), celui de la Meilleure chanson rap ("Alright"), celui de la Meilleure performance rap (pour "Alright" encore), celui de la Meilleure collaboration rap pour "These Walls" avec Bilal, Thundercat et Anna Wise, et enfin celui du Meilleur clip (pour son featuring sur "Bad Blood" de Taylor Swift).

Bien que ses trophées soient restés cantonnés au domaine rap et que celui de Meilleur album de l'année pour lequel il était nominé lui ait échappé, le rappeur de 28 ans avait d'ores et déjà battu, avec onze nominations, le record de nominations le même soir pour un rappeur, détenu auparavant par Eminem. Il arrivait également second dans l'histoire des records de nominations aux Grammys derrière Michael Jackson (12 nominations).

En acceptant le Grammy du Meilleur album rap des mains de Ice Cube, Kendrick Lamar a dédié son trophée au hip-hop et à deux de ses illustres représentants, Snoop Dogg et Nas.

Une performance puissante et chargée

Kendrick Lamar, connu pour la qualité de ses rimes engagées appréciées jusqu'à la Maison Blanche, a surtout marqué la soirée des 58e Grammy Awards par la performance courageuse et ultra politique qu'il a livrée sur un medley des chansons "The Blacker The Berry", "Alright" et d'un inédit.
Arrivé enchaîné, dans un décor de maison d'arrêt, et vêtu comme la troupe de danseurs et musiciens qui l'entouraient de la tenue bleue des prisonniers, il a médusé le public du Staple Center et a été très applaudi.

"Je suis Afro-américain, je suis Africain, Je suis noir comme la Lune, héritage d'un petit village… Mes cheveux sont crêpus, mon nez est rond et épaté, vous me haïssez, n'est ce pas ? Vous avez l'intention d'erradiquer ma culture…", a-t-il rimé avant de se libérer de ses chaînes.

Changement de climat ensuite - feu de joie et danseurs africains - pour le magnifique "Alright" qui dénonce les violences policières et est devenu l'hymne du mouvement Black Lives Matter.

Seul au micro sur un fond jazz-rock, il a ensuite dévoilé un nouveau titre évoquant la mort de Trayvon Martin (abattu le 26 février 2012 en Floride à lâge de 17 ans) au cours duquel il a dit notamment "le 26 février j'ai perdu la vie moi aussi", avant que les contours d'une carte de l'Afrique n'apparaissent derrière lui. Une carte dont la capitale était ce soir là son quartier de Compton, à Los Angeles…

Alors que les Oscars ont été critiqués pour ne pas faire de place aux Noirs américains, Kendrick Lamar, comme Beyoncé une semaine plus tôt à la mi-temps du Super Bowl, a remis résolument la politique au centre du jeu de l'industrie de l'entertainment aux Etats-Unis. Un retour en force qui devrait faire bouger les lignes, certes, mais pas avant d'avoir suscité critiques et controverses, à guetter dans les jours à venir.

https://twitter.com/WhiteHouse/status/699405986885410817

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