On vous explique la guerre entre le rappeur Booba et Magali Berdah, papesse des influenceurs
Depuis plusieurs mois, le rappeur Booba dénonce les pratiques douteuses de plusieurs influenceurs et particulièrement de leur manageuse Magali Berdah, businesswoman et emblème de l'influence en France.
Ce vendredi 29 juillet, la une de Libération ressemble à l’affiche d’un programme de télé-réalité. Devant la tour Burj Khalifa à Dubaï, trois personnalités de télé-réalité tiennent compagnie à Booba (de son vrai nom Élie Yaffa) par la magie d'un photomontage. Le quotidien a pris le parti de revenir sur une querelle née sur les réseaux sociaux et qui s’est muée en un véritable feuilleton judiciaire.
@Booba dénonce le business des influenceurs
— Libération (@libe) July 28, 2022
Info @libe : des signalements et deux plaintes pénales ont été déposées, ciblant le business et les arnaques de plusieurs stars des réseaux sociaux dont @MagaliBerdah. Notre enquête https://t.co/IiRVwwZS5L
Une fausse montre met le feu aux poudres
Et au départ, l’objet de la discorde n’est autre… qu’une fausse montre. L’histoire débute en décembre 2021 quand l’influenceur et chasseurs de scoops Marc Blata s’en prend au rappeur Booba. Le candidat de téléréalité, installé à Dubaï depuis 2019, lance la rumeur selon laquelle “Le Duc de Boulogne” aurait porté lors d'un shooting une fausse montre de la maison d'horlogerie de luxe Richard Mille. La mèche est allumée : Booba sur son grand cheval blanc se lance aux trousses de l’influenceur et de son business de cryptomonnaies et de trading. Car c’est en partie grâce à ces activités que Marc Blata, et son épouse Nadé également influenceuse, s'assurent un train de vie confortable sous les palmiers de Dubaï.
Des influenceurs au business très lucratif
Pour y parvenir, le blogger matraque quotidiennement ses millions de followers avec ses services de trader 2.0. Entre deux story où il affiche sa vie luxueuse à l’autre bout du monde, Marc Blata invite ses abonnés à le rejoindre sur une boucle de messagerie dans laquelle il assure prodiguer les meilleurs conseils pour placer de l'argent sur des devises étrangères. Mais avant de faire partie des “chanceux”, il faut investir la somme de 500 euros en cliquant sur le lien sciemment intégré à sa vidéo. Jusqu'ici, rien d'illégal. Sauf que, d’après Booba et selon les témoignages rassemblés par le journal Libération, les personnes qui investissent perdent en un claquement de doigts la totalité des sommes versées. "Je me suis retrouvé à sec à manger des pâtes et du riz tous les jours" raconte un chauffeur livreur qui a vu ses 2 000 euros partir en fumée dans le business de l’influenceur.
Des pratiques de reventes douteuses
Après avoir enquêté sur les activités de Marc Blata, Booba découvre qu’il n’est pas l’unique influenceur des réseaux sociaux à duper sa communauté. Sur son compte Twitter, le rappeur interpelle d’autres collègues comme Dylan Thiry ou Maeva Ghennam, qui ont en partie, fondé leur fortune sur des partenariats avec des sites de drop-shipping.
.@Maevaghennam1 Le dropshipping frauduleux c’est bien mais faut aller à la manucure parce que là ça va pas!!! Le produit dont tu fais la promo coûte 2 euros vous le vendez au dessus de 30 euros et les colis n’arrivent pass. Patience… pic.twitter.com/sxo1b7F4tq
— Booba (@booba) July 20, 2022
Ce système de vente de plus en plus répandu consiste à vendre plus cher des produits, souvent de piètre qualité, achetés sur des sites chinois type Alibaba ou Aliexpress. Maquillage, vêtements, lisseurs, chaussures, gadgets : des produits en tout genre sont présentés par les influenceurs qui utilisent les méthodes des vendeurs de téléachat. "Au-delà de n’avoir aucun talent, de faire de la promotion de la culture du vide, de la débilité, et de ne pas payer leurs impôts en France, ils entubent des citoyens - notamment des adolescents - en leur vendant des saloperies", confie le rappeur au journal Libération.
La guéguerre Booba-Magali Berdah tourne au vinaigre
Mais la principale cible de l’artiste n’est autre que Magali Berdah, manageuse des plus gros influenceurs qu’il accuse d’être derrière toute cette supercherie. Ouvertement visée sur les réseaux sociaux par l’ancien membre de Lunatic, la "papesse de la téléréalité" a récemment obtenu la suspension du compte instagram d'Élie Yaffa, alias Booba, alors qu’aucun compte d’influenceur n’a pour l’instant fait l’objet de sanction. "C'est un truc de fou, la suppression de mon compte Instagram. Je dénonce les escrocs et on ferme mon compte au lieu de les empêcher de voler", proteste le rappeur dans les colonnes du quotidien. "La stature de lanceur d'alerte qu’est en train de s'édifier Booba ne sert qu’à masquer ses sombres penchants pour le cyberharcèlement", estime de son côté une source proche de Magali Berdah.
Des réseaux aux tribunaux
Après avoir lancé le hashtag #influvoleurs, l’interprète de Pitbull a ouvert la boîte mail "Influvoleurs2022" pour recueillir les témoignages des personnes victimes de ce système. "C’est déjà bien avancé, on a des centaines de cas, de jeunes, des mères de famille. C’est du solide, y’a du gros" laisse entendre l'artiste qui a lancé des actions en justice. Marc Blata et Shauna Events, l’entreprise de Magali Berdah, font ainsi l'objet de deux signalements auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. L'avocat du rappeur, maître Klugman, a également déposé deux plaintes contre Shauna Events et contre X, pour "pratiques commerciales trompeuses" et "escroquerie en bande organisée".
De son côté, Magali Berdah a également déposé deux plaintes contre le rappeur. L’une pour diffamation et l’autre visant son activisme sur les réseaux sociaux qui sera à l’origine de l’ouverture d’une enquête préliminaire.
Le dossier, qui a largement dépassé les frontières virtuelles des réseaux sociaux, s’est récemment retrouvé dans les couloirs des plus importantes institutions de l'État. Le 19 juillet dernier, le ministère de l’Intérieur avait appelé à la plus grande vigilance face aux escroqueries en ligne, rappelant, comme le rapporte Libération, l’existence "d’une task-force nationale de lutte contre les arnaques".
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