Le festival du clip TEMA! de retour avec une édition 100% rap jeudi 9 juin au MK2 Bibliothèque
Ninho, Shay, Sopico, Kanye West ou Disiz : le festival du clip TEMA! propose une soirée 100% rap pour sa cinquième édition prévue jeudi 9 juin au MK2 Bibliothèque (Paris 13e). L’occasion de voir ou revoir sur grand écran 14 clips de rap et d’en discuter ensuite avec les réalisateurs et certains artistes.
De plus en plus soignés, de plus en plus audacieux, les clips musicaux, principaux véhicules de l’imaginaire des artistes, font tout leur possible pour attirer l’œil et retenir l’oreille. Alors qu'ils sont désormais conçus comme de véritables blockbusters miniature, voir sur grand écran ces mises en scène spectaculaires, parfois remplies d’effets spéciaux, est la meilleure façon de leur rendre justice. C’est ce que propose le festival TEMA ! qui attend 450 personnes pour sa cinquième édition ce jeudi 9 juin dès 19h au MK2 Bibliothèque.
Pour la première fois, les quatre organisatrices du festival ont décidé de consacrer une édition entière à un genre musical, le rap, dominant en France en termes de vues et de streaming. Un genre dont la production visuelle est exponentielle, tant elle offre, avec les réseaux sociaux, le plus efficace moyen pour les artistes de toucher leur public, au point de leur permettre de se passer bien souvent de la caisse de résonnance des médias.
Le clip n'est plus vu comme un simple marchepied
En quelques années, les organisatrices du festival ont-elles perçu des évolutions autour de la réalisation de clips ? "Alors que la première édition de TEMA! avait mis en lumière le manque de moyens des réalisateurs de clips, ils bénéficient aujourd’hui de financements plus importants, les boîtes de production sont moins frileuses et il y a davantage d’opportunités pour eux", remarque Margaux Deslandes, cofondatrice de l’événement. "Auparavant, réaliser un clip c’était s’offrir une carte de visite pour accéder au monde du cinéma", poursuit-elle. "Or j’ai l’impression que le clip n’est plus vu comme un simple marchepied : on sent une vraie envie chez les réalisateurs de s’intéresser aux rapports entre musique et visuel."
Une percée des clippeurs français à l’international se fait jour également : "Le savoir- faire français a l’air de s’exporter : Rosalia a fait récemment appel à Valentin Petit pour son clip Saoko qui la montre en moto avec sa bande de filles, par exemple. Au festival, nous présentons le clip de Kanye West Heaven and Hell réalisé par le Français Arnaud Bresson. Nous avons hâte de savoir comment il s’est retrouvé à faire le clip de ce poids lourd international."
Une sélection plutôt sombre et masculine, à l'image du rap actuel
Au menu jeudi, une sélection de 14 clips, parmi lesquels le vertigineux Slide réalisé par Scotty Simper pour Sopico, dans lequel le rappeur se mue en cascadeur et marche à l’horizontale sur le mur d’un gratte-ciel (la tour Pleyel à Saint-Denis), DA signé Guillaume Doubet pour le retour de la rappeuse Shay en mode sensuel futuriste, le violemment anxiogène Fury réalisé par Dante Palma pour Django ou les effets spéciaux inventifs de Balrog signé Yoann Stehr et Alice Khol pour le rappeur belge Shaka Shams.
Dans l’ensemble, la thématique est plutôt sombre, mis à part le romantique et solaire Casino de Yagooz pour Disiz. "Effectivement la programmation n'est pas joyeuse cette année", reconnaît Margaux Deslandes. "Mais le rap français est teinté de thématiques sombres en ce moment, comme les violences policières et la santé mentale", justifie-t-elle. Quant à l’absence de femmes, tant devant que derrière la caméra, elle saute aux yeux. La parité ? "Etant quatre organisatrices, nous y sommes particulièrement attachées. Mais nous avons dû la sacrifier pour cette édition", admet-elle.
Pourquoi si peu de femmes dans le rap ?
"Nous voulions donner un aperçu réaliste du paysage audiovisuel rap actuel et concernant la représentativité des femmes, on n’y est pas. C’est une vraie question que nous allons poser : pourquoi y-a-t-il si peu de femmes dans tous les métiers du rap ? Cette année nous n’avons qu’une seule réalisatrice et côté artistes seulement deux rappeuses. Pourtant, #MeToo est passé par là et on trouve davantage de thématiques féministes et inclusives qu’avant, avec des choses formidables et des univers différents qui ne collent pas à l’idée réductrice et souvent sexiste qu’on se fait du clip de rap."
Parce que ce festival se veut aussi une plateforme de rencontres entre réalisateurs, producteurs, artistes et techniciens, des représentants de tous ces métiers sont attendus pour discuter des clips programmés et répondre aux questions du public sur scène. La soirée est divisée en deux parties d'une heure chacune : la première montre que le rap est politique tout en étant un miroir du quotidien, tandis que la seconde se penche sur la transformation du corps, la magie et le détournement des codes du clip de rap classique.
La soirée est animée par Théodore Cohen, cofondateur du média rap NewTone, et par Sandra Da Conceicao Gomes, photographe et directrice artistique. Elle est suivie à partir de 22h d'un "After" à l'EP7, la guinguette numérique, avec DJ Rachedi aux platines jusqu'à 2h du matin.
A noter que le clip posthume du rappeur Népal, Sundance, signé Syrine Boulanouar avec Nekfeu à l’écran, fera l’objet d’une conversation à part, où doit être abordée "avec délicatesse et respect" la question du clip posthume.
La programmation complète des clips projetés :
Kanye West - Heaven and Hell réalisé par Arnaud Bresson
Sopico - Slide réalisé par Scotty Simper
Shay - DA réalisé par Guillaume Doubet
Ninho - Problèmes du matin par Ugo Mangin
Lala &ce - Toxic réalisé par Baeby Mama
Captaine Roshi - Molotov réalisé par Bleu Nuit TV
Anta - Kawat III réalisé par Julien Jardin
Gazo - Inhumain réalisé par Rosemary (Jonas & Tinoki)
Django - Fury réalisé par Dante Palma
Eden Dillinger - Chemise hawaïenne réalisé par Julius On The Wave
Disiz - Casino réalisé par Yagooz
Népal - Sundance réalisé par Syrine Boulanouar
Sélection appel à clips
Shaka Shams - Balrog co-réalisé par Yoann Stehr et Alice Khol
Olazermi - Phone Game réalisé par Léo Joubert
Festival TEMA! au MK2 Bibliothèque (Paris 13e)
Jeudi 9 juin 2022 à partir de 19h30 (réservation conseillée, les portes ouvrent à 19h)
Tarifs : 12,90 € et 4,90 € pour les moins de 26 ans
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