Le Wu-Tang Clan va réaliser un album secret à un seul exemplaire
Cette affaire a tout d'une blague. On a eu du mal à en croire nos yeux en découvrant mercredi le long article détaillé à ce sujet sur le site du magazine Forbes. Pourtant ce concept, qui illustre à merveille la surenchère d'imagination acharnée à laquelle doivent maintenant se livrer les groupes pour vendre leur musique (après Jay-Z et son exclu avec Samsung ou Beyoncé et sa sortie surprise l'an passé), est bien réel. Voici donc la dernière idée à avoir germé pour réussir le défi du toujours plus fou, toujours plus inattendu. Et qui paye, si possible.
Un trésor enfoui près de Marrakech
"Quelque part dans les faubourgs de Marrakech, Maroc, dans une chambre forte située à l'ombre des montagnes de l'Atlas, repose une boîte en argent et nickel gravée qui a le potentiel de marquer un tournant dans la façon dont la musique est consommée et monétisée", commence l'article de Forbes.
"Nous sommes sur le point de commercialiser un album comme personne d'autre ne l'a fait auparavant", s'enthousiasme RZA, producteur, mc et éminence grise du crew de Staten Island. "Nous allons sortir une oeuvre d'art comme personne d'autre ne l'a fait dans l'histoire de la musique. Nous faisons un exemplaire unique, collector. C'est comme si quelqu'un avait le sceptre d'un roi d'Egypte."
En tournée avant une mise en vente à prix d'or
Dans un premier temps, le disque, tel un précieux trésor, partira en tournée dans les musées, les galeries et les festivals, avec entrées payantes pour ceux qui souhaiteront l'écouter - 30 à 50 dollars l'entrée quand même ! Les visiteurs devront passer par un sévère filtre de sécurité pour s'assurer que personne ne peut enregistrer aucun de ses 31 morceaux. Une seule fuite de la chose entraînerait effectivement l'anéantissement immédiat du concept.
Une fois la tournée terminée, le collectif de Staten Island le mettra en vente à prix d'or, comme les plus grandes oeuvres d'art - ses créateurs en espèrent "plusieurs millions" de dollars. Un gros sponsor en quête de publicité où une major du disque souhaitant vendre l'album par les canaux habituels sont envisagés.
En attendant le trésor, voici le dernier morceau du Wu-Tang, extrait de l'album "A Better Tomorrow"
L'album "Once Upon A Time in Shaolin" n'a pas germé dans la tête de RZA mais dans celui d'un fan du Wu-Tang, Tarik "Cilvaringz" Azzougarh, un jeune producteur de la famille étendue du Wu-Tang, rencontré à Amsterdam en 1997 et qui s'est depuis établi à Marrakech.
Le projet a été long, et sans doute laborieux, à réaliser. Il lui tient d'autant plus à coeur. "Vais-je sortir ce disque et le voir mourir après une semaine ?", se demandait l'an dernier le jeune producteur. C'est à ce moment-là, inspiré par le joli coup de Jay-Z sur son dernier album, qu'est née l'idée d'en faire une copie unique.
"Je sais que ça a l'air dément", reconnait-il dans Forbes. "Ca va peut-être faire un flop, et nous ridiculiser. Mais l'essence et le coeur de cette démarche et d'inspirer la création, l'originalité et le débat et de sauver la musique de la mort". Rien moins.
Plus pragmatique, le visionnaire RZA y voit pour sa part une façon d'assurer les arrières du Clan dans le futur. "Un temps va arriver où nous ne pourrons plus partir en tournée", prophétise-t-il. "Et je pense que cette idée vivra plus longtemps que nous tous." Toujours un coup d'avance.
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