Législatives 2024 : Akhenaton, Sofiane, Zola, Soso Maness… Vingt rappeurs pilonnent l'extrême droite dans le morceau collectif "No Pasarán"

Dans ce brûlot long de neuf minutes à écouter ci-dessous, les rappeurs appellent à aller voter au second tour pour faire barrage à l'extrême droite au second tour des législatives anticipées prévues dimanche prochain.
Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
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Le rappeur Zola (ici le 9 septembre 2023 à Boulogne-sur-Mer) a participé au morceau collectif "No Pasarán" sorti dans l'entre-deux-tours des législatives anticipées de juillet 2024. (SEBASTIEN JARRY / VOIX DU NORD / MAXPPP)

À l'initiative du producteur et compositeur Djamel Fezari, alias DJ Kore, et du designer et directeur artistique Ramdane Touhami, vingt rappeurs posent leurs rimes et multiplient les punchlines sur No Pasarán, un morceau collectif dans lequel ils appellent la jeunesse à voter et à faire barrage à l'extrême droite au second tour des législatives anticipées de dimanche 7 juillet.

Ont répondu présent aussi bien des légendes du rap tels qu'Akhénaton d'IAM, Seth Gueko, Mac Tyer, Pit Baccardi ou Sofiane que la jeune garde, comme Zola, RK, Soso Maness, Kerchak ou Demi Portion.

Sorti dans la nuit de lundi à mardi 2 juillet, ce brûlot long de neuf minutes, qui reprend le célèbre slogan antifasciste No Pasarán ("Ils ne passeront pas") des Républicains pendant la Guerre civile d'Espagne (1936-1939), a été réalisé dans l'urgence, alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Tous les fonds générés par les écoutes du morceau seront reversés à la Fondation Abbé Pierre.

L'idée a germé dans la tête de DJ Kore dès le 9 juin, après la dissolution de l'Assemblée nationale et alors que le Rassemblement national venait de terminer en tête des élections européennes.

Il s'agit de revenir "à l'essence du rap, à savoir : faire passer un message", expliquait Kore lundi 1er juillet dans Libération. "L'heure est grave. Lorsqu'on apprend que le premier parti des jeunes, c'est le RN, si on ne réagissait pas, ce serait une faute grave de notre part (...), c'est notre façon de tracter", expliquait de son côté Ramdane Touhami à l'AFP. 

"L'histoire se répète, ça sent le cramé dans la brise"

C'est le rappeur Sofiane Zermani alias Fianso, désormais aussi connu en tant qu'acteur, qui ouvre la marche, "le doigt en l'air pour les cistes-ra, CNews dans l'angle mort / Secousses et tremblements, fuck le Rassemblement". Zola prend le relais en dénonçant les contrôles au faciès, tandis que Nahir rappelle que "Deschamps a gagné la Coupe du monde avec des fils d'immigrés".

Kerchak appelle à se bouger : "Lève-toi, va voter, faut pas rester assis alors que c'est nous la France, ces bâtards ils sont sciés" ; tout comme Soso Maness : "Les gars, faut se réveiller, quitte à mettre ses deux doigts dans la prise / Parce que l'histoire se répète, ça sent le cramé dans la brise". Quant à Pit Baccardi, il prophétise : "Si tu restes neutre, attends-toi à vivre un sale printemps".

"Les années 30 et leur odeur font leur comeback."

Akhénaton d'IAM

dans "No Pasaran"

Mais l'ensemble n'est pas toujours glorieux et s'avère même contre-productif. Car le propos est parfois vulgaire et insultant – "Marine et Marion les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut" (Alkpote)  ou "Tout c'que j'sais, c'est qu'on vote pas Marine et baise la mère à Bardella" (Kerchak) –, toujours virulent, voire menaçant – "Si les fachos passent, j'vais sortir avec un big calibre" (Ashe 22). Et ce, même si Alkpote, connu pour ses outrances verbales salaces, résume bien l'intention : "Nous on fait de la violence artistique". Quant au "Jordan, t'es mort, Jordan, t'es mort" lancé par Fianso, il s'agit d'une référence au combat de MMA de Cédric Doumbé s’adressant à son rival Jordan Zébo.

C'est Akhenaton, qui participa à l'hymne collectif légendaire 11'30 contre les lois racistes sorti en 1997 avec une tripotée de figures du rap telles Rockin'Squat d'Assassin, Passi et Fabe, qui plante les banderilles avec l'adresse que l'on sait.

"Ils veulent tous faire un billard à trois bandes avec du sale et du moche / Mais parfois ça foire, la boule noire atterrit dans la poche (...) C'est pas sur un scrutin, au quotidien il faut combattre / C'est pas un candidat, c'est les idées qu'il faut qu'on batte / Les années 30 et leur odeur font leur comeback. (...) Rien n'a changé, je préfère la main tendue au bras tendu."

Réactions indignées du côté de l'extrême droite

Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que les principaux responsables du Rassemblement national ne se fendent de réactions indignées sur le réseau social X.

"Les fameuses 'punchlines incisives' : des appels au meurtre, de la misogyne (sic) violente, de l'antisémitisme crasse et du complotisme. L'univers mental de l'extrême gauche est de plus en plus toxique", a réagi Jordan Bardella, président du Rassemblement national.

Marine Le Pen s'est également insurgée face à certaines paroles sur X, anciennement Twitter. "Le Nouveau nouveau front populaire. Ça donne envie, non ? J'espère que le parquet va se saisir de cette abjection." "Merci à ce collectif de rappeurs ringards pour les milliers de voix que leur clip de haine apportera aux candidats de l'union nationale", a commenté à son tour, sur le même réseau social, sa nièce, Marion Maréchal.

De son côté, Éric Ciotti, président Les Républicains rallié au Rassemblement national pour les élections législatives, en profite pour régler des comptes politiques. "Ces rappeurs qui insultent et appellent au meurtre pourraient être les ministres de Xavier Bertrand", ironise le député sortant de la première circonscription des Alpes-Maritimes.

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