"Neptune Terminus : Origines" : Youssoupha propose une nouvelle version de son 6e album
Un an après "Neptune Terminus", son sixième album, le rappeur Youssoupha le réédite avec dix nouveaux titres sur un autre volet baptisé "Origines".
Il y a un an, au milieu d'une énième polémique lancée par l'extrême droite, concernant cette fois son hymne écrit pour les Bleus à l'Euro de foot, le rappeur Youssoupha sortait son sixième album studio, Neptune Terminus. Il y ajoute vendredi 8 avril un autre volet, baptisé Origines, pensé comme un avant-propos. Le rappeur de 42 ans s'y raconte, avec une sonorité très africaine parfois, sur des rythmes d'amapiano, hybride de jazz, de house et de hip-hop, un genre venu d'Afrique du Sud et qui déferle sur le monde. Et comme toujours avec Youssoupha, la musique nourrit un message fort, universel et anti-raciste.
Franceinfo : Quelle est la différence entre cette version de l'album et celle sortie il y a un an ?
Youssoupha : Après avoir décrit tout ce qui m'entoure, je me décris un peu plus sur cette version. Peut-être qu'inconsciemment, c'est la frustration de ne pas être en tournée. Au moment où je fais cette nouvelle mouture de mon album, d'habitude, dans mon horloge biologique, je suis censé être sur scène. La scène se ressentait peut-être en studio, c'est vrai que ça sonne bien pour du live.
On a un peu le sentiment qu'en ce moment, musicalement, l'Afrique est au centre de tout ce qui se fait.
Oui, et ça sonne même comme la musique du futur. Avant, effectivement, il y avait ce côté un peu exotique. Le côté un peu gadget, accessoire, divertissant, mais éphémère. Là, on se rend compte que c'est des vraies cultures, avec des univers graphiques, avec une manière de communiquer avec une imagerie, avec des sonorités, des paroles, des discours, et c'est défendu. Et surtout, il y a une approche industrielle, aussi, qui commence à être nouvelle.
"À certains égards, même le complexe commence à s'inverser. On voit de plus en plus de gens dans le monde occidental commencer à s'inspirer des tendances nées sur le continent africain. C'est plutôt une bonne chose. Pour une fois que c'est l'Afrique qui gagne, on est très content."
Youssouphaà franceinfo
J'ai les identités qui s'additionnent et se complètent. Ce n'est pas parce que je suis Zaïrois et fier de l'être, qu'il n'y a pas une part de moi qui est Français et fier de l'être avec la charge d'identités fortes qu'il y a dedans. C'est mes identités, je dois vivre avec ça.
Justement, il ne pouvait pas sortir à un meilleur moment, cet album...
C'est une coïncidence parce que d'un point de vue marketing, je ne l'ai pas choisi comme ça. Mais il se trouve que la montée et pire encore la banalisation du discours, des idées d'extrême droite dans le débat est plus inquiétante. Maintenant, j'ai presque l'impression que c'est établi qu'il va falloir faire avec. Du coup, cela engendre un nivellement par la "très droite" qui m'inquiète. Parce qu'au-delà du fait que c'est des idées malsaines, elles occultent d'autres idées.
"Quand je vois, par exemple, qu'on parle du grand remplacement de manière hyper répandue dans le cadre de la même campagne, où est ce qu'on regarde en fait ?"
Youssouphaà franceinfo
On en est encore à des théories fumeuses, qui font juste du bruit, et ça m'inquiète. J'ose croire que les gens regardent ça comme une grande blague parce qu'effectivement, en 2009, j'avais déjà des procès avec un futur candidat à la présidentielle [attaqué par Eric Zemmour, Youssoupha a gagné en appel en 2012], mais parce que moi, à l'époque, je dénonçais la grosse blague que c'était. Même si la plus grosse blague est allée très loin. J'espère que ça va s'arrêter vite. Les gens de ce pays méritent mieux, tout simplement.
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