On y était : Tyler The Creator au Trabendo
Preuve de la notoriété de Tyler The Creator, on pouvait croiser à ce concert sold-out depuis 15 jours Guy-Man de Daft Punk (si si, incognito sans son casque) ! Pourtant ce rappeur culte garde les pieds sur terre et ne change rien pour sa première tournée en solo. Pas de chichis. Rien de tape à l'oeil. Pressé de monter sur scène, il a même viré sans état d'âme le Dj prévu en première partie (un certain Dj Roger, inconnu au bataillon), interdit de jouer.
Une formation en trio, avec Tyler au centre, un "dj" (Taco) pour lancer les instrumentaux pré-enregistrés sur l'estrade, et Jasper, l'un de ses acolytes rappeurs en renfort. Certes, on aurait nettement préféré avoir droit au génial Earl Sweatshirt ou à Hodgy Beat avec lequel il avait estomaqué le monde entier en 2011 avec "Sandwitches" au Jimmy Fallon show. Mais Jasper est honorable en second couteau et le son est impeccable. Particulièrement remarquable pour un concert de rap.
Vieux et nouveaux titres
Après une série de chansons connues du bonhomme, "French", "Tron Cat, et "Nightmare", Tyler se lance dans un courageux triplé de nouveaux titres : "Jamba", "Cowboy" et "Domo 23", qui a fait l'objet d'un clip hilarant il y a quelques semaines.
Rimeur surdoué mais aussi roi du stand-up
Son humour caustique et son aisance sont un must et on se demande à un moment du show s'il n'est pas encore plus doué pour le stand-up que pour la rime.
"Comment va votre vie en ce moment ? Vous avec le T-Shirt blanc. Vous ne savez pas ? C'est stupéfiant, stupéfiant", s'amuse-t-il en prenant sa grosse voix. C'est avec la même voix de grizzly qu'il entame le gros hit de son précédent album, "Yonkers".
La boîte à cadeaux
Puis survient l'épisode surréaliste des cadeaux, avant un dernier titre ("Sandwitches") et un bain de foule final ponctué de force "salut les trous du cul". Ses fans savent bien que dans sa bouche, il s'agit d'un mot doux. D'ailleurs, Tyler est très aimé. Des admirateurs (et admiratrices) ont déposé une poignée de présents entassés sur le côté de la scène. Il les ouvre avec gourmandise. "J'aime les cadeaux".
Il y a là deux trois disques vinyles, dont un John Coltrane. Un grand carnet de croquis d'une jeune femme qui l'a croqué, et quelques dessins, de licorne notamment. Il demande s'il doit conserver ça ? "Vraiment", insiste-t-il, "c'est important pour vous". Pourtant, avec lui, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. S'il est sincèrement ému ou ultra ironique et se demande comment se débarrasser de cet hommage embarrassant.
Enfin, d'un carton à chapeau vert, il tire avec des cris de gamine effarouchée un masque ("ouh, j'ai peur!"). Un masque en papier mâché à son effigie. "Je peux l'utiliser dans mon nouveau clip ?", demande-t-il, visiblement bluffé. Il y a de quoi. Car pour ce garçon imprévisible, quelqu'un avait semble-t-il eu une prémonition. Vendredi matin, il publiait son tout nouveau clip : sur ce "IFHY", il apparaît précisément masqué. Hé, hé...
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