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OrelSan : que vaut la Partie 2 de la série documentaire "Montre jamais ça à personne" ?

Le processus créatif et l’enregistrement de l'album "Civilisation" sont au cœur de la partie 2 de cette série documentaire réalisée par Clément Cotentin, le petit frère d’OrelSan. A voir dès jeudi 13 octobre sur Amazon Prime.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
OrelSan en concert à Ajaccio (Corse, France) le 2 août 2022.  (FLORENT SELVINI / MAXPPP)

Pour être tout à fait honnête on n’attendait pas grand chose de cette seconde partie de la série Montre jamais ça à personne. Un an pile après nous avoir régalés avec six épisodes enthousiasmants sur l’ascension d’OrelSan, fruit d’une vingtaine d’années à le filmer dans l’intimité, son petit frère Clément Cotentin rempile avec quatre épisodes qu’on imaginait au mieux comme un bonus sympathique. Mais Clément, qui a lâché son job de journaliste sportif pour se consacrer à plein temps à cette suite, sait sacrément y faire. 

Il raconte cette fois les deux longues années de création du dernier album d’OrelSan, Civilisation, énorme succès paru en novembre 2021, de la page blanche jusqu’aux premiers concerts. Contre toute attente, cette Partie 2 s’avère aussi délectable que passionnante.

Dans l'intimité du processus créatif d'OrelSan

Tout commence au début de la pandémie, avec l’annonce du premier confinement en mars 2020. OrelSan décide de se replier chez lui à Caen, où il vient d’achever la construction d’un élégant studio en bois et verre au fond du jardin de sa maison récemment acquise. Objectif : jeter quelques idées en vrac et enregistrer des maquettes, sans pression, avec une vague idée de concept : détruire pour mieux reconstruire. Il pense avoir deux semaines devant lui, il en aura bien davantage, Covid oblige.

Le documentaire dévoile comme jamais l’intimité du processus créatif d’OrelSan – "je suis dans la téléréalité de l’écriture", reproche-t-il d’ailleurs à son frère dont la caméra ne le lâche pas d’une semelle. Ses gros doutes, ses coups de folie, la disparition de ses précieuses notes dans les tréfonds de l’ordi, ses coups de génie : Clément, venu dès le début se confiner en famille avec lui, a tout suivi.

L'inspiration tarde à venir

Où l’on apprend qu’OrelSan débute tous ses albums de la même façon : seul, dans le silence, en commençant par trier et ranger par thèmes les milliers de notes qu’il prend H 24 sur son téléphone, extension de son esprit en ébullition permanente et base de données de ses futures chansons.

Au début, le rappeur est en verve. Quelques jours plus tard, l'abattement le ronge. "C’est nul à chier (…) Je chante faux et je ne sais pas écrire de musique", constate-t-il, désabusé. "J’en suis au stade où je me dis : mais pourquoi je refais un album, en fait ?" L’inspiration ne se commande pas : rebelle, elle se dérobe. En février 2021, alors que l’album est programmé pour octobre, il n’a toujours aucun morceau. Il y a aussi son mariage avec Ahélya, déjà repoussé, à organiser. A mesure que la deadline du disque approche, la pression monte et ses cheveux poussent (on ne les a jamais vus aussi longs !). 

Aurélien Cotentin (OrelSan) et son petit frère Clément Cotentin, réalisateur de la série documentaire "Montre jamais ça à personne". (AMAZON PRIME VIDEO)

Ce gros tube avec Angèle qui n'a jamais vu le jour

On découvre en chemin des ébauches de chansons restées inédites à ce jour, et même – gros scoop du doc - un énorme tube en puissance en duo avec Angèle, abandonné et recalé de l’album faute de temps pour l’enregistrer proprement. Les chansons sont parfois le résultat de trois choses disparates mises bout à bout, comme Jour Meilleur, le titre qui a débloqué l’album et qu’OrelSan avait prévu dès le départ - vrai coup de génie - de chanter a cappella en intro de ses futurs concerts.

Une fois le confinement levé, ses deux amis et collaborateurs Skread (producteur et metteur en sons) et Ablaye (backeur, cuisinier, entraîneur, conseiller) viennent enfin le rejoindre. Leur regard est précieux : ils sont les seuls à pouvoir lui asséner en toute honnêteté que certaines ébauches qu'il a pondu, dont une chanson qu'OrelSan imaginait comme "un mélange de Michel Sardou et de Prodigy", sont "le summum du truc pourri". On suit ensuite les trois acolytes chercher l'inspiration de Paris à Mexico et de la Bretagne à Miami, notamment pour l’enregistrement d’un featuring de Pharrell Williams dans le studio des Neptunes – moment que Clément arrive à rendre particulièrement drôle malgré le manque d’images. 

A cet égard, le réalisateur exploite habilement toutes les ruses pour rendre sa série attrayante : outre un montage énergique faussement bordélique, il fait commenter l’action en cours après-coup par les protagonistes (comme dans Top chef), il accélére l’image, ajoute des éléments d’animation…

Des milliers de notes envolées

Même s'il est plus souvent filmé au saut du lit en survêt' avachi et claquettes-chaussettes qu'à son avantage, ces quatre épisodes sans temps morts (excepté le second qui traîne en longueur au moment où l’inspiration du rappeur est en berne), façonnent sans doute avantageusement l’image d’OrelSan, palliant au passage sa trop rare présence dans les médias.

Cette seconde partie confirme en tout cas que le rappeur caennais ne se laisse jamais abattre. Qu’il perde toutes ses précieuses notes et après quelques heures il repart de plus belle, utilisant cette épreuve pour mieux rebondir. Il investit dans un cahier et un stylo et a alors l’idée d’un film sur une manif. Ce sera le morceau de bravoure de 7 minutes Manifeste, écrit comme un véritable scénario. Au point qu'on ne s'étonnerait pas de retrouver Orel la prochaine fois derrière la caméra plutôt que derrière le micro, comme ce fut le cas pour Comment c'est loin en 2016. D'ici là, on l'attend de pied ferme en Titanix dans le prochain film d'Astérix

Montre jamais ça à personne Partie 2 de Clément Cotentin et Christophe Offenstein - les quatre épisodes disponibles à partir du jeudi 13 octobre sur Amazon Prime.

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