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Rencontre. Bigflo & Oli nous racontent "La Vraie Vie" dans leur 2e album

Le 23 juin, Bigflo & Oli sortaient leur 2e album "La Vraie Vie". Après les succès de leurs premiers titres, le duo souhaitait revenir aux fondamentaux avec des textes plus introspectifs. Rencontre avec deux rappeurs qui se veulent positifs, et loin des codes "gangsta".
Article rédigé par franceinfo
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Après un premier EP intitulé "Le Trac", Bigflo et Oli étaient passé dans "La Cour des Grands" avec une incroyable réussite. Le phénomène est lancé et l'album est certifié disque de platine. S’en suit une tournée de plus de 120 dates. Les deux frères qui écumaient les opens mics et les battle des Rap Contenders enntre 2011 et 2012, sont alors pris dans un véritable tourbillon..

En septembre 2016, l’envie de travailler sur un second opus se fait trop forte. Les deux frères écrivent sur des sujets plus sombres et  plus matures pour parler à tout le monde. Presque un exutoire pour appréhender cette nouvelle gloire et ce nouveau train de vie, fait de concerts et rendez-vous sur les plateaux de télévisions. Tout a changé pour Florian et Olivio. Tout sauf eux. Au fil des discussions avec leurs amis, une idée revient souvent. Celle de raconter la vraie vie, loin de toute l’agitation médiatique.  


Des invités de marque : Stromae, JoeyStarr et Busta Rhymes

Toujours sans les artifices que peut revêtir le gangsta rap, les deux frères osent. Les collaborations avec des grands noms de la musique se multiplient. Stromae est venu produire un son; le jaguar JoeyStarr qui a personnellement validé les deux artistes, prête sa voix sur un morceau évoquant l’absence d’un père mais aussi l’alcool et le cannabis. Preuve que leur succès s’exporte, les lyricistes originaires de Toulouse s'offrent Busta Rhymes, le rappeur américain au débit ultra-rapide et considéré par MTV comme "l’un des plus grands visionnaires du Hip-Hop". 

-Culturebox : Votre nouvel album "La Vraie Vie" est sorti dans les bacs vendredi dernier. Quelles sont les différences avec "La Cour des Grands", votre précdent opus ?
-Oli : Ca a été surtout un gros travail et une grosse réflexion. On n’a pas changé, on est toujours entre frères, on écrit toujours ensemble les textes. Les seuls changements viennent  par la multiplication des collaborations. Nous avons pu travailler avec Clément Lieb (alias Monsieur Loup) sur la réalisation et sur la composition. Aussi, on s’est un peu plus ouvert musicalement. On a tenté plein de trucs comme par exemple avec le groupe de salsa de mon père. Sinon, les fondations sont toujours les mêmes, c’est toujours deux frères, un thème qui parle, une instru et la composition du morceau. 

-Cet album est indéniablement plus sombre et mature que le précédent avec certains titres très durs. "Salope !" raconte l’histoire d’une immigrée obligée de se prostituer pour subvenir aux besoins de son enfant. Comment en arrive-t-on à ce morceau ?
- Oli : On part d’abord du thème dont on discute beaucoup avec Flo. Depuis tout petit on aime raconter la vie des autres et se mettre dans la peau de personnages. Il n’y a pas vraiment de règle. Un morceau comme "Salope !" ça part de là, de tous les gens qu’on ne connait pas et qui ont une histoire. 

-Vous avez la particularité de produire un rap non-violent, sans égotrip. Vous n’avez pas peur de manquer de sujets ? 
- Oli : Non parce que c’est un choix assumé depuis le début. On a bien certaines phrases sur le mode de la compétition. Mais on a toujours été attirés par l'idée de raconter des histoires. L’égotrip, on le garde pour les freestyles et pour des sessions plus légères entre potes. Maintenant, ce deuxième album, on ne l’a pas pris comme un album de rap, on a juste travaillé chanson par chanson. 

-La seule véritable pique se trouve dans le titre "La vraie vie",  elle est adressée à Orelsan qui vous avait refusé un featuring...
 

-Oli : Il nous a beaucoup aidés au début. C’est un mec qui nous a invités à son Zénith.  Alors il y a un peu de rancune mais bon...Ca reste un de nos rappeurs préférés.

-Lorsque l’on écoute votre album, il y a une thématique qui revient : la famille….
-Oui c’est un thème qui touche tout le monde, qui nous a fait réfléchir. Avec la sortie du précédent album, on a eu une grosse année, nous n’avons pas trop eu le temps de voir notre propre famille. C'était difficile pour nous mais aussi pour eux. Parfois ils ne nous comprenaient plus. On est donc revenu à cette thématique alors que nous avions des morceaux déjà prêts mais plus compliqués. Ils sont parti à la poubelle. Nous voulions parler de la vraie vie, du fait que l’on grandisse et que l’on devienne des artistes. Pour ça, il fallait revenir à la base. 

-Quelles sont ces thématiques de base ? Des thématiques qui vous touchent personnellement ou des thématiques qui touchent la jeunesse plus globalement ?
-C’est une accumulation de pleins de choses. A la fois personnelles mais aussi des réflexions que l’on nous fait. Par exemple, c’est ce qui a donné le nom de notre album. C’est quelque chose qui revenait assez souvent dans les discussions que nous avions avec des amis. Ils nous disaient que notre activité cartonnait, mais qu’eux restaient dans la vraie vie. C’est aussi pour cela que l’on a inclus quelques discussions avec des potes dans l’album. Nous avons rajouté des tranches de vraies vies, des discussions sans concessions. 

-Quand on étudie plus précisément vos titres, on peut voir certains échos dans d’autres morceaux. Le titre "Papa" évoque, comme le morceau "Miroir" du précédent opus, une discussion intergénérationnelle. Vos titres sont-ils liés les uns aux autres ? Lâchent-ils des indices ?  
-
Les indices sont plus présents à la fin, dans les enregistrements avec nos potes. Mais oui, l’album est assez lié, certains thèmes rebondissent dans plusieurs morceaux. 
 

Stromae, Busta Rhymes et JoeyStarr sont sur le nouvel album de Bigflo et Oli.
 (France 3 / Culturebox)


-Comme vous l’avez précédemment dit, ce deuxième album gagne en richesse par les sujets abordés mais aussi par le nombre de collaborations que vous avez faites. A la production, on retrouve Stromae. Vous avez aussi eu la visite de JoeyStarr et Busta Rhymes !
-Chaque featuring a son histoire. Pour JoeyStarr, on le croisait souvent en festival. Il a toujours été bienveillant avec nous donc un jour on a pris notre courage à deux mains et on est allé lui demander. Il a directement accepté. Pour Stromae, on savait qu’il travaillait avec beaucoup de personnes et qu’il se remettait à la production. On lui a soumis l'idée autour d’un verre puis on a fait une séance studio incroyable. Ce sont des histoires liées par nos rêves de gosses. C’est encore plus vrai pour Busta Rhymes. C’était un de nos rappeurs préférés plus jeune. C’est énorme de l’avoir. Sa manière de rapper, le fait qu’il soit américain. C’est un pionnier du hip-hop international, un homme qui a marqué notre culture donc c’était assez fou de le faire. On ne pensait pas avoir des collaborations de cette qualité. On a pu rentrer dans leur univers pour un vrai partage. Ça ne s’est pas résumé seulement à des noms sur l’album.

Vous parliez de rêves. Vous en avez encore ?
-On a déjà du mal à réaliser tout ce que l’on a fait, avec l’arrivée du succès. C’est assez dingue tout ce que l’on a fait en si peu de temps, la tournée. Mais oui, on en a encore pleins. Déjà dans les collaborations. Mais aussi dans le fait d’ouvrir notre musique. On voudrait se faire écouter par le plus grand nombre, pas seulement des spécialistes du rap. 

-L’ouverture de votre musique passe aussi par la multiplication de vos influences mais aussi de vos participations aux festivals. Vous serez d’ailleurs à "Jazz à Vienne" le 1er juillet.
-On fera partie du projet "Hip-Hop Symphonique", avec l’orchestre philharmonique de Lyon. On reprendra notre titre "Je suis". On veut multiplier ces occasions pour s’ouvrir à plein d’univers, c’est assez rare de voir ce genre de partage dans le rap. C'est dans cette optique que nous avions chanté avec Vianney à Toulouse.
 

-L’occasion aussi, de croiser Mc Solaar, pionnier du rap français. Une collaboration en vue ?
-On a la chance de bien le connaître, on l’a croisé plusieurs fois. C’est un vrai plaisir de le revoir. Alors oui on aimerait bien faire une collaboration avec lui mais en ce moment il est très pris. Ce qui est sûr, c'est que ça donnera lieu à de grosses discussions. 

-Vous avez beaucoup été critiqués à vos débuts. Vous aviez l’image du rap trop gentil, trop propre. Cette image-là a-t-elle changé ?
-On se sent maintenant reconnu par les anciens. IAM nous avait aidés depuis le début. Que JoeyStarr nous donne aussi sa validation, c’est incroyable ! Mais quand on y regarde de plus près, c’est assez surprenant : nous sommes plus reconnus par les anciens que par les rappeurs actuels. C’est touchant. Être reconnus par ses pairs, c’est quand même le rêve de tout artiste je pense.
 

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