: Reportage "On mange lutherie, on dort lutherie" : la maison et atelier du célèbre Stradivarius rouvre ses portes à Crémone, en Italie
En 2020, pour les 300 ans de son Stradivarius, le musicien Fabrizio Von Arx, revient à Crémone, dans le nord de l'Italie, où son violon a été fabriqué par le grand Antonio Giacomo Stradivari, dit Stradivarius. Mais une fois devant l’atelier, le charme retombe : "Au rez-de-chaussée, il y avait un magasin d'électroménager. La maison était vraiment abandonnée dans les étages. On a eu mal au cœur", se rappelle-t-il.
La maison où le luthier Stradivari a travaillé et vécu avec sa femme et leurs six enfants dans la deuxième moitié du 17e siècle n'avait, en effet, pas été consacrée à son illustre résident.
Avec l’aide de mécènes, Fabrizio rénove la maison de fond en comble. Depuis l'été 2023, y résonne à nouveau le bruit des gouges, des râpes et des limes. "Là, je travaille sur l'épaisseur du fond du violon pour un poids de 100 grammes", explique Francesco, l’un des quatre jeunes luthiers d’une vingtaine d’années qui suivent une formation d’un an et demi. Parmi eux, un Français, Louis Marin : "Ici, à Crémone, c'est particulier parce qu'il y a énormément de luthiers. Donc on mange lutherie, on dort lutherie... C'est passionnant".
Louis a déjà étudié quatre ans à l’école de Lutherie internationale de Crémone. Ici, il se perfectionne si possible à la façon du maître. "On essaye, confie-t-il. Mais on ne sait pas exactement comment il travaillait en réalité. Il y a des parties constructives qu'on est obligé de s'inventer du coup".
La quête du "vrai" Stradivarius
Un Stradivarius, un vrai, comme celui de Fabrizio Von Arx, motive les étudiants. Fabrizio nous fait monter à l’étage. "Là, on est dans la cour intérieure, indique-t-il. Stradivari réalisait le dernier séchage de ses violons là-haut. De l'autre côté, on a les salons où dans cette salle, on fera des masterclass de violons et de musique".
La partie privée de la maison deviendra une résidence d’artistes, car le projet va au-delà d’une restauration de l’atelier. L’objectif est de mettre en contact prolongé luthiers et musiciens, comme aux 17e et 18e siècles. "C'est ça le vrai secret de Stradivari, explique Fabrizio Von Arx. À l’époque, c'était une période où il y avait beaucoup de violonistes compositeurs, comme Geminiani, Locatelli et Vivaldi. Et le contact avec ces musiciens a fait que cet artisanat et devenu un art".
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