L'Impératrice à Rock en Seine 2023 : "J'ai l'impression que chaque nouveau disque est un deuxième album"
Ils sont cinq garçons et une fille. Mais dans leur groupe, c'est le féminin qui l'emporte. Le sextuor de pop disco français L'Impératrice achève la tournée de son deuxième album Tako Tsubo (2021) cet été. Après avoir enflammé l'Amérique - dont un passage très remarqué à Coachella -, l'Europe et la France, ils ont rendez-vous, pour leur avant-dernière date de la saison, sur la grande scène de Rock en Seine, ce samedi 26 août. Flore Benguigui (au chant), Charles Dugros de Boisseguin (aux claviers), Hagni Gwon (aux claviers), David Gaugué (à la guitare basse), Achille Trocellier (à la guitare électrique) et Tom Daveau (à la batterie) ont répondu aux questions de France info Culture avant leur concert.
C'est votre première fois à Rock en Seine, chez vous (les cinq garçons sont parisiens, NDLR). Pas trop stressés ?
Tom : On est tous prêts, il y a du stress et c'est une date qu'on attend tous un peu. On joue un peu à domicile. On va bien stresser avant et une fois qu'on sera sur scène nos cœurs vont battre tous ensemble, ça va être une grande fiesta.
Charles : C'est toujours particulier de jouer à Paris. C'est même peut-être plus difficile. On est moins dans nos chaussons parce qu'on est chez nous, on est obligés de bien faire, on peut se sentir un peu plus scrutés. On a vraiment cette envie, cette obligation de bien faire. Et en même temps, symboliquement, pour nous, c'est chouette de conclure notre tournée ici à Rock en Seine, qui est aussi notre seule date française de la tournée d'été 2023.
Flore, vous animez un podcast sur la place des femmes dans la musique, Cherchez la femme. Rock en Seine est engagé contre les violences sexistes et sexuelles depuis plusieurs années. Est-ce que c'est important pour votre groupe de jouer dans des festivals qui prennent ces questions à bras-le-corps ?
Flore : Je trouve que Rock en Seine est l'un des rares festivals en France qui s'associe vraiment à des associations comme Nous toutes et qui fait un réel travail d'inclusivité. Que ce soit pour les personnes à mobilité réduite, l'environnement ou contre les VSS (violences sexistes et sexuelles). Je trouve que c'est trop rare. Ça ne fait pas partie de nos critères, mais c'est d'autant plus important de le souligner quand on joue dans un festival où l'on sent qu'il y a un véritable effort et que ce n'est pas du femwashing ou du greenwashing. Et même en termes de programmation : la parité de la programmation de Rock en Seine est un exemple dans les festivals français et européens. Rock en Seine grâce à la soirée de mercredi a réussi à avoir une parité totale cette année et c'est hyper fort.
Quelles différences voyez-vous entre vos concerts en France et aux Etats-Unis ?
Charles : Une énorme différence. C'est aussi pour ça qu'on est peut-être plus à l'aise à l'étranger, notamment aux États-Unis. C'est lié aussi au format, au fait d'être six. Globalement, en France, les gens sont là pour chanter, s'identifier à la personne qui chante. Alors qu'aux États-Unis, ils ont plus cette culture du groupe instrumental. Ils dissocient tout de suite : la guitare de la basse, qui joue ou chante quoi et à quel moment. Pour nous, c'est agréable, ils donnent un peu plus de sens à ce qu'on est en train de faire. Je ne dis pas que ça n'a pas de sens en France, mais l'écoute est totalement différente.
En juin, vous avez sorti un morceau en anglais, Heartquake, en collaboration avec Cuco. Est-ce que vos prochains morceaux seront aussi en anglais ?
Flore : On a toujours fait des chansons en anglais, il y a toujours eu un ratio de chansons en anglais dans notre discographie. Le choix de la langue pour Heartquake était surtout lié au fait de faire un featuring avec un artiste américain, qui chante en anglais et en espagnol. En général, c'est plutôt la mélodie et l'atmosphère du morceau qui dicte le langage que je vais utiliser quand je vais écrire le texte. Ce n'est pas vraiment un signe avant-coureur de ce que sera le prochain album. Nos morceaux en version française marchent beaucoup mieux à l'étranger. On n'a pas de stratégie dans la langue. Français ou anglais, c'est la musique qui choisit.
On dit souvent que le deuxième album est le plus difficile à produire. Qu'en est-il du troisième ?
Charles : Moi, j'ai l'impression que c'est encore plus difficile. Même si on nous dit "mais non pas de soucis, vous faites ce que vous voulez". J'ai l'impression qu'on est obligé de se renouveler, mais sans partir trop loin non plus.
Hagni : Peut-être ce qui est plus difficile, c'est qu'on a moins d'insouciance qu'avant, moins de naïveté. À l'époque du premier album, on n'était pas encore professionnalisés, pleins de rêves. Le troisième disque, c'est album où tu es dans le milieu de la musique. Ta réflexion est forcément un peu différente, tu es plus conscient des enjeux.
Flore : J'ai l'impression que chaque nouveau disque est un deuxième album. Quand on se lance dans une nouvelle compo, on fait toujours référence au disque qu'on a fait avant, ici Tako Tsubo. On rencontre les mêmes problématiques que lorsqu'on a commencé à écrire Tako Tsubo : il ne faut pas faire la même chose, il faut garder notre identité, tester de nouvelles choses. La pression est la même.
David : Faire un album, le premier, le deuxième ou le troisième, l'important, c'est que ce soit écouté le plus possible. C'est un mélange d'instinct et de stratégie.
Achille : On espère surtout que ça plaira aux gens. Le vrai juge, c'est le public.
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