Rock en Seine 2023 : les Strokes donnent un concert catastrophe
Depuis le début du festival, on pouvait les apercevoir arpentant les allées du festival, vêtus de tee-shirt ou de sweats floqués du logo du groupe. Les fans des Strokes étaient 40 000 à se presser dans la fosse de la grande scène, dimanche 27 août, pour le concert de clôture de Rock en Seine. L'attente était de taille : les New-Yorkais se font rares en Europe, leur dernier show à Paris remontait à 2020. Leur passage à Saint-Cloud, le premier de leur carrière, devait être le clou du spectacle de cette édition anniversaire. Sauf que...
"What Ever Happened ?"
... Rien ne s'est passé comme prévu. En retard de quelques minutes, le groupe est arrivé sur scène nonchalamment, avant d'entamer le show avec What Ever Happened ? Prémonitoire, selon les plus sarcastiques. Les tubes s'enchaînent : Alone Together, Last Nite... Une marée de téléphones se lève pour immortaliser le moment. Et puis un premier bug sonore. Puis un autre. Les Strokes auraient-ils oublié de faire les balances ? C'est le début d'une longue série de couacs techniques. Quelques morceaux échappent à l'effet disque rayé : The Adults are Talking est une parenthèse de joie et de danse pour le public, déjà un peu agacé.
Entre les titres, Julian Casablancas interrompt la performance. Se hasarde à quelques blagues. Aucune ne fait mouche, même celles que l'on comprend. "Je comprends le français, donc je sais que vous parlez dans mon dos, raconte-t-il à la foule, stupéfaite. Quand les Français disent 'Ravi de te rencontrer', ils enchaînent avec 'il est con ce mec.'" Même le bassiste Nikolai Fraiture, dont les parents sont français, ne peut rattraper le coup. Ode to the Mets, tiré de leur dernier album The New Abnormal (2020), est une consolation de courte durée. Le chanteur, comme seul au monde, poursuit ses dérapages.
Quelques spectateurs, excédés, quittent la pelouse. "On dirait qu'il chante seul dans son coin", lâche une jeune femme. Lunettes de soleil vissées sur le nez, Julian Casablancas tient son micro des deux mains, le corps replié. Les autres membres du groupe tentent tant bien que mal de relancer la machine mais les coupures se multiplient jusqu'à ce que le concert soit interrompu quelques minutes. "New mic", marmonne le chanteur. Un énorme bruit sourd retentit. Manqué.
Julian Casablancas en roue libre
Reptilia sonne comme une ultime tentative. Le leader de la formation lance à la technique, dans un nouveau silence, "Il reste cinq minutes ? Ah OK vous voulez qu'on joue quinze minutes.". À peine deux morceaux plus tard, dont une version presque lugubre de Is this It ? Julian Casablancas quitte la scène sans un au revoir. Le concert aura duré moins d'une heure et demie (durée prévue). Hagards, visiblement embarrassés, Nick Valensi, Albert Hammond Jr, Nikolai Fraiture et Fabrizio Moretti esquissent un geste de la main avant de s'engouffrer dans les coulisses.
Pas de rappel. Les festivaliers n'en croient pas leurs yeux. Ceux qui sont restés n'osent pas encore quitter les lieux. Orane et Constance, la vingtaine, sont venues spécialement pour les Strokes. "Faut qu'il arrête la coke, lâche la première, dégoûtée. Ça fait huit mois qu'on a pris nos places. Ils n'ont même pas chanté les chansons qu'on attendait le plus." "On a chacune dépensé 70 euros pour un pull avec leur logo", se désole Constance. Quelques mètres plus loin, Juliette n'arrive pas à réaliser. "J'ai pris le train depuis Toulouse pour leur concert... Même en termes de scénographie c'était pauvre. Quelle déception !" Sur Twitter, les spectateurs ont déversé leur colère.
L'une d'elles a évoqué le spectre de la "malédiction de Rock en Seine", en référence à deux autres fins de festivals inattendues. En 2008, Amy Winehouse, déjà en retard de deux heures, avait finalement annulé son concert. Un an plus tard, le duo Oasis se séaparait, quelques minutes avant de monter scène.
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