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Rock en Seine 2023 : Tove Lo, Girl in Red et Lucie Antunes électrisent une soirée 100% féminine

De la pop, un peu d'électro, beaucoup de rock : le festival qui fête ses 20 ans, a donné mercredi le coup d'envoi de son édition 2023. On y était.
Article rédigé par Rudy Degardin
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
La chanteuse suédoise Tove Lo lors de son concert à Rock en Seine, le 23 août 2023. (OLIVIER HOFFSCHIR)

Des files d’attente à perte de vue, entre périphérique et Seine, qui empêcheront beaucoup d'arriver à temps pour les concerts qu'ils voulaient voir : avant même d'avoir mis les pieds sur le site de Rock en Seine, les festivaliers grincent des dents. Pourtant, pour célébrer ses 20 ans, le festival parisien avait fait un joli pari pour sa soirée d'ouverture mercredi 23 août : une programmation 100 % féminine construite autour de la tête d'affiche Billie Eilish, avec Girl In Red, Tove Lo, Lucie Antunes, Mae Stephens, Hannah Grae et Nieve Ella.

La soirée n'a rien à envier aux éditions précédentes. Du rock, de la pop, de l’électro, il n’en fallait pas plus pour attirer une foule immense et compacte venue piétiner la pelouse du parc de Saint-Cloud. Faufilé parmi les festivaliers, on vous raconte une première journée forte en rebondissements.

Lucie Antunes, libre et envoûtante

Lucie Antunes et son groupe à Rock en Seine, le 24 août 2023. (LOUIS COMAR)

Des sonorités électro, quelques percussions, une guitare électrique et un synthé. Le cocktail est doux, mais pas moins explosif. À peine 17h35, sur la Grande Scène, Lucie Antunes donne tout. "Quand je joue des percussions, je suis obligée de danser. Ça me prend une énergie folle", confie-t-elle à France Culture. Cheveux plaqués, débardeur noir, les deux mains servant à taper sur une batterie, la musicienne et son groupe sont venus présenter un nouvel opus, Carnaval

Beaucoup la découvrent, mais sont déjà conquis. Les têtes se balancent et les corps se déhanchent. Une transe qui prend sans trop savoir comment. "It’s amazing", répète une voix quasi robotique. Une épaisse fumée complète l’étrange atmosphère. Le show de Lucie Antunes ne fait pas office d'introduction, le festival est déjà en feu. 

Mae Stephens, une voix d'ange

Mae Stephens lors de son concert à Rock en Seine, le 23 août 2023. (VICTOR PICON)

Il faut un peu de courage pour parvenir à la scène Firestone après de longues minutes de marche, tel un saumon à contre-courant face aux flots de fans de Billie Eilish qui affluent dès 18h en direction de la Grande scène. Enfin, Mae Stephens apparaît. Le public est confidentiel, mais pas moins déchaîné devant la Britannique de 19 ans qui entame le dialogue. Elle leur partage ses peines de cœur et ses histoires de harcèlement scolaire. "Qui a déjà eu un ex petit-ami ?, lance-t-elle. Cette musique est adressée à mon ex : Fuck You ?". Puis arrive un titre destiné à son futur mari "Je ne fais pas la promotion des valeurs traditionnelles", prévient-elle cependant. Le public est invité à se faire des câlins, à lever son verre "même si, c’est de la limonade". L’ambiance est bon enfant. 

Il y a encore quelques mois, la jeune chanteuse travaillait dans un supermarché du cœur de l’Angleterre. En décembre dernier, elle poste sur TikTok quelques secondes d’une musique fraîchement composée If we ever broke up. Le succès est planétaire. Depuis, elle chante en duo avec la pop star américaine Meghan Trainor ou The Chainsmokers. Pour ses débuts sur scène, la chanteuse à la voix envoûtante découvre aussi la chaleur écrasante des festivals d'été. Elle n’aura cessé de se plaindre de la température, jusque sur Twitter. 

Tove Lo, la tornade pop 

Tove Lo lors de son concert à Rock en Seine, le 23 août 2023. (ANNA KURTH / AFP)

On suffoque et les quelques gouttes de pluie n’y feront rien. D’autant qu’à 18h40, Tove Lo (ça se prononce "Tové Lou") rend l’atmosphère électrique. Soutien-gorge en cuir clouté et pantalon oversize assorti, largement découvert aux hanches - style mi-cowboy, mi-SM - la popstar suédoise lance d'emblée : "Êtes-vous prêts à vous laisser porter par la puissance de la danse ?". 

Accompagnée de trois musiciens (clavier, basse, batterie), la chanteuse âgée de 35 ans ne semble pas trop se prendre au sérieux avec ses allures de bonne copine, toujours prête à faire la fête et à esquisser de petits pas de danse coquins. Elle montre ses seins (comme à chacun de ses concerts), adresse sa chanson Glad he’s gone ("Heureuse qu'il soit parti") à toutes les femmes du public. "Tu sais, quand tu vois ton amie avec une personne que tu n’apprécies pas - peut-être c’est ce que tu vis en ce moment d’ailleurs", lance-t-elle. Son concert est le lieu de quelques confidences. Mariée à un homme, elle précise, elle aussi : "Je suis mariée, mais je ne veux pas d’une vie traditionnelle", sa chanson Suburbia ("Banlieue") pour preuve. Les paroles : "Tu es l'amour de ma vie / Mais je ne peux pas être une vraie femme au foyer".

Si les sonorités pop ne sont pas toutes renversantes, on sort néanmoins épuisé avec elle par une telle performance. Elle court d’un bout à l’autre de la Grande Scène, fait s'accroupir puis se lever tout le monde, prend un bain de foule, s’allonge par terre. Le final, grandiose, se fait sur sa chanson phare, Habits. "On aura tout donné", confie une des festivalières.

Girl in Red, rockeuse hypersensible  

La chanteuse Girl in red lors de son concert à Rock en Seine, le 23 août 2023. (ANNA KURTH / AFP)

Pourtant, de l’énergie, il fallait en garder pour la Norvégienne Girl in Red. Car contre toute attente, celle que l'on attendait presque en mode folk, débarque à cent à l'heure, avec une folle énergie rock indé, électrique. Entourée de cinq musiciens dont deux guitaristes bien énervés, la jeune chanteuse vêtue sobrement d'une chemise et d'un pantalon noir, va chanter ses plus grands succès dont We feel in love in October (qui cumule actuellement des centaines de millions d’écoute). Son style est parfois sombre, mélancolique et aborde des thèmes comme la santé mentale et l’homosexualité. 

Ici, la bienveillance est poussée à son maximum. Prise d’une fièvre, elle n’hésite pas à s’arrêter deux minutes, s’accroupit afin de ne pas s’évanouir. Tout le monde patiente gentiment. Lorsque deux personnes du public font un malaise, terrassées par la chaleur, elle arrête son concert et appelle la sécurité. "Tout le monde va bien ? Êtes-vous sûr d’avoir assez d’eau ?", demandera-t-elle l'air inquiet. Cette fois, personne ne criera "Macron démission", comme lors de son dernier concert parisien : la chanteuse avait demandé à son public de lui apprendre quelques mots de français, en pleine réforme des retraites.

À Saint-Cloud, le soleil se couche sur un final grandiose. I wanna be your girlfriend ("Je veux être ta petite amie"), la musique qui l'a fait connaître résonne, des étincelles sont projetées sur scène. Acmé de son concert, elle se jette courageusement dans la fosse et se fait longuement porter par la foule. On en redemanderait encore.

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