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"The Strokes en clôture, c'est une belle opportunité pour fêter nos 20 ans" : cinq questions au directeur du festival Rock en Seine Matthieu Ducos

Depuis plus de deux ans, Matthieu Ducos est à la tête de Rock en Seine, le festival qui clôture la période estivale. Pour Franceinfo Culture, il revient sur l'esprit de cet événement annuel rassemblant des milliers de festivaliers.
Article rédigé par Marianne Leroux
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Matthieu Ducos, directeur du festival Rock en Seine. (CHRISTOPHE CRENEL)

Le célèbre festival parisien Rock en Seine soufflera sa 20e bougie cette année. Plus de 70 artistes sont attendus au Domaine national de Saint-Cloud pour faire vivre aux nombreux spectateurs quatre jours de festivités musicales. Matthieu Ducos, directeur du festival, nous détaille les choix de programmation de cette édition anniversaire. 

Rock en Seine fête ses 20 ans cette année. Etes-vous satisfait de la programmation pour cet anniversaire ? 

Matthieu Ducos : On est très heureux de notre programmation. Billie Eilish pour la première soirée, c'est un bon symbole du renouveau, de la fraîcheur et du dynamisme de la musique actuelle. Et en contrepoids, on a The Strokes dimanche, pour la soirée de clôture. Les habitués du festival adorent ce groupe. Il a démarré sa carrière à peu près au même moment que le festival, au tout début des années 2000. Pour moi, comme pour beaucoup, c'est vraiment un groupe mythique qui, à ce moment-là, a vraiment apporté un nouveau souffle sur la planète rock. On ne les avait jamais accueillis, ce qui était un peu étrange parce qu’on a une progression parallèle, le festival et le groupe. C'était une très belle opportunité pour terminer le festival et pour fêter ce 20e anniversaire puisque dimanche 27 août, ça fera 20 ans jour pour jour que la première édition du festival a débuté. 

Mercredi, c'est une soirée 100% féminine, pourquoi ce choix ? 

On a l'envie et l'objectif chaque année d'assurer une représentation d'artistes féminines. L'année dernière, on a atteint 40%. Cette année, on voulait une parité totale. On s'est dit que ce serait bien de faire une journée complète féminine pour marquer les choses. Ce sont des sujets qui sont un peu dans les esprits depuis plusieurs années, la plupart des festivals aujourd'hui font vraiment attention pour qu'il y ait une représentativité légitime et réelle. C'est important de montrer aux jeunes femmes qu’elles ont leur place sur le festival et qu'il faut au même titre que les garçons qu'elles soient volontaires et qu'elles y croient. Et puis la venue de Billie Eilish est une belle victoire. C'est une artiste qui est toute jeune mais qui a déjà rencontré un succès fou. Pour nous, c'est une très bonne figure de ce qu'est la musique pop aujourd'hui. Elle est engagée, a beaucoup de talent et elle a une vraie présence sur scène, son concert est maîtrisé à la perfection.

Rock en Seine, ce n'est pas que du rock, comment a évolué l'ADN du festival en 20 ans ? 

C'était un peu une volonté dès le départ. Le rock est évidemment très présent mais c'est avant tout un état d'esprit et une attitude, qu'on peut retrouver sur des esthétiques musicales différentes. Pour la première année en 2003, on avait Massive Attack, on ne peut pas dire que ce soit l'archétype du groupe rock. On a eu les Chemical Brothers qu'on a encore cette année, on a eu des têtes d'affiche électro, hip-hop, folk, parfois des incursions jazz ou groove. L'idée c'est de proposer une programmation qui soit riche, large et qui laisse place à la surprise, qui déroute parfois. Il faut prendre des risques et sortir des sentiers battus.

Avez-vous un souvenir marquant de Rock en Seine ? 

Mon premier grand souvenir de spectateur, c'était lors de la toute première édition du festival en 2003. J'étais un simple festivalier, je n'avais pas l'habitude de me rendre dans les festivals, c'était le premier grand festival de musique de plein air que je faisais avec des artistes que j'adorais comme Massive Attack. Et puis l'année suivante en 2004, j’ai intégré l'organisation et j’ai eu plein de moments intenses, même si j'ai moins profité des concerts parce lorsqu’on est de l'autre côté de la barrière il y a du travail, du stress et donc on n'est pas tout à fait dans les mêmes dispositions pour profiter des concerts. Mais je me rappelle du concert de Radiohead en 2006, un groupe qui a marqué mon adolescence. J'étais vraiment ailleurs et transporté. Plus récemment, l'année dernière, le concert de Nick Cave : c'est un artiste absolument possédé et avec la foule il a réussi à créer un rapport complètement fou. C'est entre le concert et la messe. En tout cas, dans la manière dont le public semble complètement dévoué à l'artiste. Ça a vraiment été un choc pour moi.

L'an dernier, vous reveniez après deux ans d'annulation à cause du COVID, cette page est-elle définitivement tournée ?  

Je crois qu'on a tiré un trait sur cette période désagréable. L'année dernière, on était très heureux de pouvoir réorganiser un festival dans des conditions normales. On a même fait une édition record avec 150 000 festivaliers. On sent qu'il n'y a plus d'appréhension du tout à venir voir des spectacles, aller à des concerts, on attend les mêmes chiffres cette année. Cependant, on subit d'autres problèmes comme l'inflation, la hausse du coût de l'énergie et des matières premières, parfois une difficulté à recruter. Mais également des augmentations de coûts liées aux artistes. On a un budget artistique qui a tendance à augmenter de l'ordre de 15% d'une année sur l'autre. On a besoin d'amortir sur quatre journées parce qu'aujourd'hui c'est difficile de rentabiliser un festival de l'ampleur de Rock en Seine sur trois jours.

Rock en Seine au Domaine national de Saint-Cloud à Paris du 23 au 27 août 2023.

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