A Rock en Seine, Sean Lennon a fait honneur à son père avec ses GOASTT
Difficile de ne pas aller voir le groupe de Sean Lennon, planqué sous un nom à rallonge encore peu connu, avec un mélange de curiosité et d’appréhension. Parce qu’à eux deux, lui fils d’une des plus grandes légendes de la musique et elle une mannequin ravissante, forment un couple un peu trop chanceux pour qui la musique ne pourrait être qu’un passe temps un peu vain, pour ne pas dire vaniteux. L’ombre du père étant si puissante, on craint d’être gêné pour lui.
Erreur. Sean Lennon ne cherche ni à ressusciter ni à s’affranchir de son géniteur trop tôt disparu (alors que Sean était âgé de 5 ans). Plutôt que de tuer le père, sa recherche musicale tient plutôt de la quête du père et de l’hommage à l’indomptable Beatles. Mais pas que.
« On est trop honorés d’être ici, on adore la France », lance le tès francophile Sean dans un français presque parfait en introduction du concert sur la Grande Scène, alors qu’il fait encore jour. Sous un grand chapeau, cheveux longs, barbiche et des lunettes qu’il n’a pas choisi rondes (il ne faut pas pousser), la ressemblance avec son père est saisissante. Au chant, il fait également une imitation involontaire très convaincante de John Lennon.
Le groupe, en activité depuis 2008, joue ce soir en grande partie ce qu’il considère comme son premier véritable album, « Midnight Sun », sorti en avril dernier. Entouré de sa femme à la basse et aux chœurs, et de quatre autres musiciens, dont un guitariste qui semble avoir de la bouteille, Sean Lennon démontre ses talents à la six cordes de façon magistrale (et parfois un peu trop démonstrative disent les mauvaises langues).
Tandis qu’il multiplie les solos rock psychés et fait péter la pédale d’effets fuzz, pour un glorieux style certifié vintage, elle assure la cohésion avec une ligne de basse blues et fluide. Les chœurs et le groupe bien rodé aidant, nous voilà transportés à une lointaine époque hippie qui embaume les narguilés et le patchouli certes, mais dont l’énergie et le panache font rugir de plaisir de tout jeunes garçons du premier rang : « putain j’adore, j’adore ! ».
Pourtant, il y a aussi de la modernité dans ces paysages sonores capables de toutes les fantaisies, à ranger tout près de Tame Impala et des Flaming Lips.
Le charisme à la guitare de Sean se double d’un effort touchant pour s’adresser à la foule en français. Il annonce et explique certaines de ses chansons, et remercie régulièrement le public. « Nous sommes très honorés d’être ici, c’était un rêve pour nous », seront ses derniers mots. On a presque honte d’avoir pu douter un jour du rejeton de John et Yoko.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.