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Aux Trans Musicales de Rennes, le punk-rock des Dizzy Brains de Madagascar

Sans l'image, on se croirait à Londres en 1977. Mais pas de Sex Pistols, ce sont "The Dizzy Brains" qui hurlent une révolte venue tout droit des rues de Madagascar sur la scène des Trans Musicales de Rennes.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Eddy et Mahefa des Dizzy Brains, un groupe malgache de punk-rock, aux Trans Musicales de Rennes, le 4 décembre 2015
 (Jean-François Monier / AFP)

S'il fallait encore démontrer que la musique ne connaît pas de frontières, les quatre garçons venus de l'océan Indien l'ont prouvé vendredi soir au parc expo de la capitale bretonne, faisant reprendre en coeur leurs refrains à un public déchaîné qui, a priori, maîtrise pourtant modérément la langue malgache.
             
 Pas de crêtes, de cheveux verts ni d'épingles à nourrice, mais le groupe de punk-rock a bluffé les spectateurs par sa maturité musicale et son côté  provocateur, tendance bombe sexuelle.
              
"C'est pas qu'on est punks, on l'est malgré nous : à Madagascar, le pays est tellement punk qu'on le devient", lance Eddy Andrianarisoa, le chanteur, lors d'un entretien avec l'AFP, accordé au lendemain de l'arrivée du groupe sur le sol français. "C'est la toute première fois qu'on sort de notre pays, de notre bled", explique-t-il.


Des musiciens qui crachent leur rage             

La rage, les Dizzy Brains la crachent dans leur musique et aussi leurs textes, qui dénoncent misère, désespoir et inégalités. "Ils nous laissent crever alors que nous sommes malgaches comme eux. Ce n'est pas étonnant si ce pays se détruit chaque jour un peu plus", chante Eddy dans "Vangy" (Les crocs),  selon les sous-titres de la vidéo disponible sur YouTube.
             
Des paroles un rien subversives qui ne leur attirent pas que des amis dans la Grande île, reconnaît Eddy, 25 ans, qui, avec son frère Mahefa, 21 ans, à la basse, Hirana à la batterie et Poun à la guitare, a lancé le groupe en 2011
              
"On dit des trucs qui choquent. Certaines radios nous censurent, bloquent nos chansons", témoigne Eddy, même si le groupe parvient à se produire sur scène à Antananarivo, sa ville natale, et ailleurs dans le pays.
              
Dans le viseur, la misère d'un pays où le revenu par tête n'atteint pas 4 euros par jour. "Pauvre comme tu es, tu n'as que 1200 ariary (0,35 euro) en poche et une clope pour affronter cette dure journée", dénoncent les paroles de "Vangy".


Des influences des Clash à Dutronc      

"Les Malgaches vivent comme ça. Le vrai problème, ce sont les politiciens", explique Eddy. "On est tellement corrompu à Madagascar, ils ont le ventre tellement gros, ils ne voient plus ce qui se passe en bas", accuse-t-il.
              
Musicalement, les Dizzy Brains sont allés chercher de lointaines influences aussi variées que The Clash, Serge Gainsbourg et... Jacques Dutronc, deux chanteurs français qui ont servi d'inspiration pour le nom du groupe qu'on pourrait traduire par "Les cerveaux étourdis".
              
"Depuis tout petits, on baigne dans le rock. Ca venait de notre père qui voyageait en France et rapportait des disques", raconte Eddy. "Un jour, on a regardé des vidéos de Dutronc et Gainsbourg. Sur scène, ils étaient dingues, cinglés. Le mot qui nous est venu à l'esprit, ça a été : 'Ils sont dizzy'".
              
Les jeunes Malgaches, qui chantent indifféremment en malgache, en français ou en anglais, ont également emprunté à Dutronc une vigoureuse reprise des célèbres "Cactus", qui leur a valu leur plus gros triomphe vendredi soir à  Rennes.

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